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10 novembre 2010 3 10 /11 /novembre /2010 10:40

france15001.PNGLes projecteurs ont éclairé la belle exposition France 1500 , et ont , heureusement à mon gré , laissé dans l'ombre le cycle Patrice Chereau de l'auditorium du Louvre .


Meneur du jeu aux théatres de Sartrouville , de Villeurbanne et des Amandiers de Nanterre , ce metteur en scène s'est mieux identifié encore à Bayreuth ,étés 76 à 80 en déplaçant l 'Or du Rhin dans des égouts , avec dieux germaniques en gibus et redingotes , et une gestuelle qui laisse dans la calme cité temple de Wagner et Louis II de Bavière l'amer souvenir d'un violent scandale .


Mais on a oublié en France qu'il fut le responsable d'un autre scandale en remettant sur les planches en 83 l'ignominieux "Paravents " du délinquant récidiviste Jean Genêt , celui que F.Mauriac qualifiait "d'excrémentiel " , monté par R.Blin en 1961 .


Tout comme Pierre Boulez fait la pluie et le beau temps en musique contemporaine( lire le décapant et documenté "Requiem pour une avant garde " de l'intelligent Benoit Duteurtre ) , Chéreau est l'inspirateur des dictateurs de la relecture , avec des actrices comme Valeria Bruni Tedeschi ou Agnès Jaoui, et n'a pas caché son soutien à Ségolène Royal . De l'art généralisé de la mise en scène engagée.....


FBR

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 00:59
A propos de Jean Anouilh , né à Bordeaux en juin  1910 , mort à Lausanne en octobre 1987
Pour changer de l'air rance de certains  "plateaux " de télévision dits culturels , où  se retrouvent Raphaël , Houria Bouteldja , Guy Millière , Frédéric Guillon  pour insulter la France , Attali pour nous consterner , voici quelques flèches du théatre de Jean Anouilh , que sans succès  la bien pensance a tenté d'occulter  , et dont le centenaire devrait être célébré avec  plus d'éclat .

Certes , détachées de leur contexte , elles ne sont pas aussi incisives , mais  elles font toujours mouche par les temps qui courent....

" La seule chose immorale.., c'est de ne pas faire ce qu'il faut quand il le faut . "

"On peut tout se permettre , mais il ne faut rien se passer "

"On n'achète que ceux qui sont à vendre , et ceux là précisément ne sont pas dangereux "    

(Beckett ou l'honneur de Dieu  )

 "Notre classe a toujours eu un fort contingent d'imbéciles...Chez nos femmes particulièrement , un des curieux effets de la ménopause a toujours été le snobisme des partis avancés "

"On n'a jamais tant fait fortune que du jour où on s'est mis à s'occuper du peuple ; c'est devenu une véritable industrie "

"Où est donc la force ?...chez les médiocres , parcequ'ils sont le nombre....leur donner le pouvoir, c'est risquer de les voir se perdre dans des problèmes secondaires à la mesure de leurs courtes vues."

(Bitos ou le dîner de têtes )

 "Après chaque catastrophe politique , en France , il y a  quelque chose de réjouissant à observer dans le comportement des hommes "

(La foire d'empoigne  )

"L'intelligence- pas la nôtre - est une fiente de l'esprit, que nos roseaux pensants des cafés  de la Rive gauche prennent pour elle."

(Les poissons rouges )

 Ne faisons pas à Anouilh , dont La Pléïade vient de publier l'oeuvre intégrale ,  l'injustice de réduire son théatre à ces  répliques ; il faudrait trop de place pour insérer dans cette brève rubrique celles que le ton d'aérien persiflage de la comédie humaine rendent  encore plus cruelles : Le boulanger , la boulangère et le petit mitron, Le rendez vous de Senlis , Le voyageur sans bagages, L'alouette, Ardèle ou la marguerite, Leocadia  , La répétition , La culotte et tant d'autres.

Pièces roses , grinçantes , noires, brillantes , baroques , costumées, le théatre de Jean Anouilh reste dans la ligne tragique de celui du grand  Molière , dont ces jours ci  on retrouve la tradition , parait il , au Théatre Français . A Dieu ne plaise !

***

Inattendue et bienvenue, cette récente retransmission en direct par une chaine nationale de la " Colombe " de Jean Anouilh, écrivain proscrit par les metteurs en scène, entre autres raisons, parce que comme notre Molière, il réunit le rire et les larmes en un seul texte, ce qui demande aux acteurs une agilité de virtuoses ; et surtout à cause des décapants et toujours actuels portraits de "Pauvre Bitos ".


Cette "Colombe " n'égale peut être pas : "le rendez vous de Senlis" ou "Beckett ", mais comment en préférer une à une autre ? La Pléiade ne vient elle pas de rééditer l'oeuvre complète ?


Dans une mise en scène intelligente et des décors sobres, sans doute Annie Duperrey, Madame Alexandra, en rajoutait elle un peu dans le cynisme et la vulgarité du personnage, mais Julien, fils et mari méconnu, abandonné et ridiculisé, se montrait très émouvant ; quant à Sara Giraudeau, chapeau ! le visage lisse d'égoïsme absolu, de duplicité sournoise et de vanité congénitale, elle nous disait son texte avec un naturel désarmant, sans hausser sa frêle voix, sans gestes déplacés. Une petite personne qui promet.


Sans doute projetez vous comme moi de rendre visite à Fabrice Lucchini dans sa lecture de textes de Philippe Murray; cette collusion, n'en déplaise à notre cher Monsieur de Balzac, a enchanté bien des amis tant Parisiens que Provinciaux. Mais pour l'instant je livre à votre sagesse, ou perplexité, le prix de cette...création du célèbre Damien Hirst, un crâne recouvert de platine et enrichi de plus de huit mille diamants, qui vient d'être acheté cent millions de dollars. De quoi faire pâlir d'envie son ami Jeff Koons....


Françoise Buy Rebaud

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23 octobre 2010 6 23 /10 /octobre /2010 07:16

L'actualité sur Arte a fait à" Hernani "un joli cadeau  le 5 juillet avec la retransmission depuis le théatre de l'évêché d'Aix en Provence du Don Giovanni de Mozart  : c'est un Français de quarante neuf ans , Louis Langrée , invité du Met , de la Scala ,  de Vienne , mais peu souvent en notre pays , qui dirige sans partition  le Freiburger Barockorchester  ,  dont la sonorité chaude semble naitre du regard de ce chef supèrieurement doué .La cohésion  des chanteurs,  dont  les dons et le talent se doublent d'une modestie qui devrait inspirer certaines de nos divas , ajoute encore à la magie musicale de cet opéra écrit en 1786 , créé à Prague en 1787 .

 

Mais le piment de la soirée fut sans conteste le hourvari du public, qui venait d'acclamer musiciens et interprètes, à l'apparition du metteur en scène . Qu'il ait "arrangé " le livret de Da Ponte , affublé une chanteuse d'un tutu, amorcé une scène échangiste ,cédé à la mode pornographique, cela n'avait rien de nouveau ni de génial  : certains metteurs en scène  se consolent ainsi de ne pas être eux mêmes des créateurs . Mais que leCommandeur en personne vienne  s'attabler auprès d' un Don Juan  , non plus sardonique ni cynique , mais ivrogne  au goulot , et finalement  frappé de delirium tremens , c'en était évidemment trop .

 

Ce garçon , coutumier parait il de la provocation , ce n'est pas Olivier Py , mais Dimitri Tcherniakov .

 

F.B.R

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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 09:05
carmen.jpgLundi 7 décembre , soirée d' inauguration de la saison à la Scala de Milan , par tradition
à la Saint Ambroise.
 
Ce soir ," Carmen ", Daniel Barenboim au pupitre .
 
Si cette femme  , sauvage et versatile ,  séduit depuis des lustres lecteurs et spectateurs ,elle le doit bien à la fine étude de caractères  de Prosper Mérimée et à l'expressive musique de Georges Bizet , mort malheureusement trop jeune pour d'autres chefs d'oeuvre  . La plupart des  metteurs en scène ont   voulu en faire une femme "libérée " ( comme si l'antienne féministe lui était  nécessaire !) ,  aveugles  à la couleur racinienne qu'une observation plus serrée de l'autre victime , Don José , donnerait à leur travail .
 
 Une fois de plus ! Emma Dante ," metteuse" en scène branchée , poursuivait un  autre but   , bien plus neuf , courageux ,  "tendance" en un mot : tourner l'Eglise en  ridicule .
 
Ainsi  Michaela chante  t elle sa complainte au pied d'un crucifix immense et sanguinolent, autour duquel sont accroupies des formes voilées dont on  ne tarde  pas à comprendre  qu'il ne s'agit pas de pieuses espagnoles , mais de victimes du tchador ou de la burqa, qui explosent en gambades lorsque la croix éclate en morceaux .
 
 Puis surgit , au moment de la fête  ,  l' alguazil  , mais en soutane  et chapeau ecclesiastique . Il  fait mine de pourfendre de jeunes  couples  à l'évidence homosexuels ,  dotés , comme les balais  de "L'apprenti sorcier " , du pouvoir de multiplication  , cependant qu'un ostensoir, qui ne quittera plus la scène , se balance aux cimaises .
 
Mais le meilleur , c'est à dire le pire , reste à venir  , après qu'une farandole de danseurs en foulard rouge ait sillonné le plateau  : la  scène , parfaitement inspirée du cinéma pornographique ,  du  viol de Carmen par Don José ,  assisté dans ce crime par l'alguazil -jésuite entouré d'enfants de choeur impassibles   . Ces inepties surviennent après la mort en direct de la mère de José ( il semblerait qu'on ait voulu en faire une bourgeoise abusive ) sur un lit de satin subitement  déroulé sur le sol , de sorte qu'on ne sait plus si le malheureux poignarde la cigarière par remords  , ou sous la pulsion " de Vénus  toute entière à sa proie attachée ".



 
Comment de splendides chanteurs comme Erwin Schrott et surtout Jonas Kaufmann ,  l ou la prometteuse Anita  Rachvelischvili   , qui laissent loin derrière eux Roberto Alagna et Béatrice Uria Monzon ( mais la plus magnifique des Carmen reste Julia  Miguenes ) peuvent ils se compromettre dans des provocations si grossières ?
Assurément parcequ'ils savent que le public ne leur tiendra pas rigueur d'être aux mains de metteurs en scène dictatoriaux et sectaires  .
 
Ce fut hier le cas , avec des ovations répétées et enthousiastes . Mais "l'auteure" du délit a reçu en contrepartie  ,  en pâlissant de rage  , les huées qu'elle n'attendait pas , qui n'englobaient  ni l'orchestre dont la sonorité et la rigueur sont connues , ni le chef dont le mécontentement de se trouver dans un pareil guêpier convulsait le visage.
 
Constat accablant : à la tribune officielle (en Italie! ) on se livrait à de petits battements de mains précieux.....
 
N.B. :   en 1875 , il vient d'avoir 36 ans, et trois mois après la création de" Carmen."
         " L'arlesienne" ,  sur le conte d'Alphonse Daudet,  est une musique de scène antèrieure.
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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 01:40
Lundi 7 décembre , soirée d' inauguration de la saison à la Scala de Milan , par tradition à la Saint Ambroise. Ce soir ," Carmen ", Daniel Barenboim au pupitre . Si cette femme , sauvage et versatile , séduit depuis des lustres lecteurs et spectateurs ,elle le doit bien à la fine étude de caractères de Prosper Mérimée et à l'expressive musique de Georges Bizet , mort malheureusement trop jeune pour d'autres chefs d'oeuvre (n.b.) . La plupart des metteurs en scène ont voulu en faire une femme "libérée " ( comme si l'antienne féministe lui était nécessaire !) , aveugles à la couleur racinienne qu'une observation plus serrée de l'autre victime , Don José , donnerait à leur travail . Une fois de plus ! ....

Emma Dante ," metteuse" en scène branchée ,poursuivait un autre but , bien plus neuf , courageux ,"tendance" en un mot : tourner l'Eglise en ridicule . Ainsi Michaela chante t elle sa complainte au pied d'un crucifix immense et sanguinolent, autour duquel sont accroupies des formes voilées dont on ne tarde pas à comprendre qu'il ne s'agit pas de pieuses espagnoles , mais de victimes du tchador ou de la burqa, qui explosent en gambades lorsque la croix éclate en morceaux . Puis surgit , au moment de la fête , l' alguazil , mais en soutane et chapeau ecclesiastique . Il fait mine de pourfendre de jeunes couples à l'évidence homosexuels , dotés , comme les balais de "L'apprenti sorcier " , du pouvoir de multiplication , cependant qu'un encensoir , qui ne quittera plus la scène , se balance aux cimaises .

Mais le meilleur , c'est à dire le pire , reste à venir , après qu'une farandole de danseurs en foulard rouge ait sillonné le plateau : la scène , parfaitement inspirée du cinéma pornographique , du viol de Carmen par Don José , assisté dans ce crime par l'alguazil -jésuite entouré d'enfants de choeur impassibles . Ces inepties surviennent après la mort en direct de la mère de José ( il semblerait qu'on ait voulu en faire une bourgeoise abusive ) sur un lit de satin subitement déroulé sur le sol , de sorte qu'on ne sait plus si le malheureux poignarde la cigarière par remords , ou sous la pulsion " de Vénus toute entière à sa proie attachée ". Comment de splendides chanteurs comme Erwin Schrott et surtout Jonas Kaufmann , ou la prometteuse Anita Rachvelischvili , qui laissent loin derrière eux Roberto Alagna et Béatrice Uria Monzon ( mais la plus magnifique des Carmen reste Julia Miguenes ) peuvent ils se compromettre dans des provocations si grossières ?

Assurément parcequ'ils savent que le public ne leur tiendra pas rigueur d'être aux mains de metteurs en scène dictatoriaux et sectaires . Ce fut hier le cas , avec des ovations répétées et enthousiastes . Mais "l'auteure" du délit a reçu en contrepartie , en pâlissant de rage , les huées qu'elle n'attendait pas , qui n'englobaient ni l'orchestre dont la sonorité et la rigueur sont connues , ni le chef dont le mécontentement de se trouver dans un pareil guêpier convulsait le visage. Constat accablant : à la tribune officielle (en Italie! ) on se livrait à de petits battements de mains précieux.....
 

N.B. en 1875 , il vient d'avoir 36ans, et trois mois après la création de" Carmen." " L'arlesienne" , sur le conte d'Alphonse Daudet, est une musique de scène antèrieure.

F.B.R. 11/12/2009
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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 12:11
1er Janvier 2010 , triomphe de Georges Prêtre à Vienne .

Ils sont rares désormais , les moments où nous sommes fiers  de l'un des nôtres , à en avoir les larmes aux yeux .

C'était pourtant le cas  pour ceux qui ont suivi la retransmission  du Concert    de Nouvel An à Vienne. Au pupitre ,Georges Prêtre  , adulé en Autriche  et en Allemagne , méconnu en France .

Octogénaire , notre compatriote ? Qui le croirait , à son oeil pétillant , à sa juvénile vigueur , à son sourire  malicieux ? A son aisance sans faille  dans un concert riche et long , sans presque de regards sur la partition ?


Dons  visibles dans la sélection des oeuvres présentées ,   poètique , parfois humoristique  , et musicale , oh! combien!  L'admiration  évidente  des musiciens haut de gamme du prestigieux Philharmonique , l'enthousiasme  du public debout ,   jamais vu des fervents spectateurs  de cette  manifestation où sont passées de mondiales célébrités ,confirmaient l'intelligence de  ses choix ,commentés par  Benoit Duteurtre , authentique musicologue .

Les ovations s'adressaient  à l'homme , à son art de la nuance , à   ses intuitions  , aux harmonies nées de ses gestes discrets , à  la distinction de sa maitrise   ,mais elles  s'adressaient ,  grâce à lui , par delà sa personne , à notre pays , si souvent trahi par ceux qui prétendent en représenter la culture et la civilisation .


Un pur bonheur !


Merci , Georges Prêtre , immense chef Français .
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