Inattendue et bienvenue, cette récente retransmission en direct par une chaine nationale de la " Colombe " de Jean Anouilh, écrivain proscrit par les metteurs en scène, entre autres raisons, parce que comme notre Molière, il réunit le rire et les larmes en un seul texte, ce qui demande aux acteurs une agilité de virtuoses ; et surtout à cause des décapants et toujours actuels portraits de "Pauvre Bitos ".
Cette "Colombe " n'égale peut être pas : "le rendez vous de Senlis" ou "Beckett ", mais comment en préférer une à une autre ? La Pléiade ne vient elle pas de rééditer l'oeuvre complète ?
Dans une mise en scène intelligente et des décors sobres, sans doute Annie Duperrey, Madame Alexandra, en rajoutait elle un peu dans le cynisme et la vulgarité du personnage, mais Julien, fils et mari méconnu, abandonné et ridiculisé, se montrait très émouvant ; quant à Sara Giraudeau, chapeau ! le visage lisse d'égoïsme absolu, de duplicité sournoise et de vanité congénitale, elle nous disait son texte avec un naturel désarmant, sans hausser sa frêle voix, sans gestes déplacés. Une petite personne qui promet.
Sans doute projetez vous comme moi de rendre visite à Fabrice Lucchini dans sa lecture de textes de Philippe Murray; cette collusion, n'en déplaise à notre cher Monsieur de Balzac, a enchanté bien des amis tant Parisiens que Provinciaux. Mais pour l'instant je livre à votre sagesse, ou perplexité, le prix de cette...création du célèbre Damien Hirst, un crâne recouvert de platine et enrichi de plus de huit mille diamants, qui vient d'être acheté cent millions de dollars. De quoi faire pâlir d'envie son ami Jeff Koons....
Françoise Buy Rebaud