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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 00:59
A propos de Jean Anouilh , né à Bordeaux en juin  1910 , mort à Lausanne en octobre 1987
Pour changer de l'air rance de certains  "plateaux " de télévision dits culturels , où  se retrouvent Raphaël , Houria Bouteldja , Guy Millière , Frédéric Guillon  pour insulter la France , Attali pour nous consterner , voici quelques flèches du théatre de Jean Anouilh , que sans succès  la bien pensance a tenté d'occulter  , et dont le centenaire devrait être célébré avec  plus d'éclat .

Certes , détachées de leur contexte , elles ne sont pas aussi incisives , mais  elles font toujours mouche par les temps qui courent....

" La seule chose immorale.., c'est de ne pas faire ce qu'il faut quand il le faut . "

"On peut tout se permettre , mais il ne faut rien se passer "

"On n'achète que ceux qui sont à vendre , et ceux là précisément ne sont pas dangereux "    

(Beckett ou l'honneur de Dieu  )

 "Notre classe a toujours eu un fort contingent d'imbéciles...Chez nos femmes particulièrement , un des curieux effets de la ménopause a toujours été le snobisme des partis avancés "

"On n'a jamais tant fait fortune que du jour où on s'est mis à s'occuper du peuple ; c'est devenu une véritable industrie "

"Où est donc la force ?...chez les médiocres , parcequ'ils sont le nombre....leur donner le pouvoir, c'est risquer de les voir se perdre dans des problèmes secondaires à la mesure de leurs courtes vues."

(Bitos ou le dîner de têtes )

 "Après chaque catastrophe politique , en France , il y a  quelque chose de réjouissant à observer dans le comportement des hommes "

(La foire d'empoigne  )

"L'intelligence- pas la nôtre - est une fiente de l'esprit, que nos roseaux pensants des cafés  de la Rive gauche prennent pour elle."

(Les poissons rouges )

 Ne faisons pas à Anouilh , dont La Pléïade vient de publier l'oeuvre intégrale ,  l'injustice de réduire son théatre à ces  répliques ; il faudrait trop de place pour insérer dans cette brève rubrique celles que le ton d'aérien persiflage de la comédie humaine rendent  encore plus cruelles : Le boulanger , la boulangère et le petit mitron, Le rendez vous de Senlis , Le voyageur sans bagages, L'alouette, Ardèle ou la marguerite, Leocadia  , La répétition , La culotte et tant d'autres.

Pièces roses , grinçantes , noires, brillantes , baroques , costumées, le théatre de Jean Anouilh reste dans la ligne tragique de celui du grand  Molière , dont ces jours ci  on retrouve la tradition , parait il , au Théatre Français . A Dieu ne plaise !

***

Inattendue et bienvenue, cette récente retransmission en direct par une chaine nationale de la " Colombe " de Jean Anouilh, écrivain proscrit par les metteurs en scène, entre autres raisons, parce que comme notre Molière, il réunit le rire et les larmes en un seul texte, ce qui demande aux acteurs une agilité de virtuoses ; et surtout à cause des décapants et toujours actuels portraits de "Pauvre Bitos ".


Cette "Colombe " n'égale peut être pas : "le rendez vous de Senlis" ou "Beckett ", mais comment en préférer une à une autre ? La Pléiade ne vient elle pas de rééditer l'oeuvre complète ?


Dans une mise en scène intelligente et des décors sobres, sans doute Annie Duperrey, Madame Alexandra, en rajoutait elle un peu dans le cynisme et la vulgarité du personnage, mais Julien, fils et mari méconnu, abandonné et ridiculisé, se montrait très émouvant ; quant à Sara Giraudeau, chapeau ! le visage lisse d'égoïsme absolu, de duplicité sournoise et de vanité congénitale, elle nous disait son texte avec un naturel désarmant, sans hausser sa frêle voix, sans gestes déplacés. Une petite personne qui promet.


Sans doute projetez vous comme moi de rendre visite à Fabrice Lucchini dans sa lecture de textes de Philippe Murray; cette collusion, n'en déplaise à notre cher Monsieur de Balzac, a enchanté bien des amis tant Parisiens que Provinciaux. Mais pour l'instant je livre à votre sagesse, ou perplexité, le prix de cette...création du célèbre Damien Hirst, un crâne recouvert de platine et enrichi de plus de huit mille diamants, qui vient d'être acheté cent millions de dollars. De quoi faire pâlir d'envie son ami Jeff Koons....


Françoise Buy Rebaud

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