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15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 09:05
carmen.jpgLundi 7 décembre , soirée d' inauguration de la saison à la Scala de Milan , par tradition
à la Saint Ambroise.
 
Ce soir ," Carmen ", Daniel Barenboim au pupitre .
 
Si cette femme  , sauvage et versatile ,  séduit depuis des lustres lecteurs et spectateurs ,elle le doit bien à la fine étude de caractères  de Prosper Mérimée et à l'expressive musique de Georges Bizet , mort malheureusement trop jeune pour d'autres chefs d'oeuvre  . La plupart des  metteurs en scène ont   voulu en faire une femme "libérée " ( comme si l'antienne féministe lui était  nécessaire !) ,  aveugles  à la couleur racinienne qu'une observation plus serrée de l'autre victime , Don José , donnerait à leur travail .
 
 Une fois de plus ! Emma Dante ," metteuse" en scène branchée , poursuivait un  autre but   , bien plus neuf , courageux ,  "tendance" en un mot : tourner l'Eglise en  ridicule .
 
Ainsi  Michaela chante  t elle sa complainte au pied d'un crucifix immense et sanguinolent, autour duquel sont accroupies des formes voilées dont on  ne tarde  pas à comprendre  qu'il ne s'agit pas de pieuses espagnoles , mais de victimes du tchador ou de la burqa, qui explosent en gambades lorsque la croix éclate en morceaux .
 
 Puis surgit , au moment de la fête  ,  l' alguazil  , mais en soutane  et chapeau ecclesiastique . Il  fait mine de pourfendre de jeunes  couples  à l'évidence homosexuels ,  dotés , comme les balais  de "L'apprenti sorcier " , du pouvoir de multiplication  , cependant qu'un ostensoir, qui ne quittera plus la scène , se balance aux cimaises .
 
Mais le meilleur , c'est à dire le pire , reste à venir  , après qu'une farandole de danseurs en foulard rouge ait sillonné le plateau  : la  scène , parfaitement inspirée du cinéma pornographique ,  du  viol de Carmen par Don José ,  assisté dans ce crime par l'alguazil -jésuite entouré d'enfants de choeur impassibles   . Ces inepties surviennent après la mort en direct de la mère de José ( il semblerait qu'on ait voulu en faire une bourgeoise abusive ) sur un lit de satin subitement  déroulé sur le sol , de sorte qu'on ne sait plus si le malheureux poignarde la cigarière par remords  , ou sous la pulsion " de Vénus  toute entière à sa proie attachée ".



 
Comment de splendides chanteurs comme Erwin Schrott et surtout Jonas Kaufmann ,  l ou la prometteuse Anita  Rachvelischvili   , qui laissent loin derrière eux Roberto Alagna et Béatrice Uria Monzon ( mais la plus magnifique des Carmen reste Julia  Miguenes ) peuvent ils se compromettre dans des provocations si grossières ?
Assurément parcequ'ils savent que le public ne leur tiendra pas rigueur d'être aux mains de metteurs en scène dictatoriaux et sectaires  .
 
Ce fut hier le cas , avec des ovations répétées et enthousiastes . Mais "l'auteure" du délit a reçu en contrepartie  ,  en pâlissant de rage  , les huées qu'elle n'attendait pas , qui n'englobaient  ni l'orchestre dont la sonorité et la rigueur sont connues , ni le chef dont le mécontentement de se trouver dans un pareil guêpier convulsait le visage.
 
Constat accablant : à la tribune officielle (en Italie! ) on se livrait à de petits battements de mains précieux.....
 
N.B. :   en 1875 , il vient d'avoir 36 ans, et trois mois après la création de" Carmen."
         " L'arlesienne" ,  sur le conte d'Alphonse Daudet,  est une musique de scène antèrieure.
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