L'actualité sur Arte a fait à" Hernani "un joli cadeau le 5 juillet avec la retransmission depuis le théatre de l'évêché d'Aix en Provence du Don Giovanni de Mozart : c'est un Français de quarante neuf ans , Louis Langrée , invité du Met , de la Scala , de Vienne , mais peu souvent en notre pays , qui dirige sans partition le Freiburger Barockorchester , dont la sonorité chaude semble naitre du regard de ce chef supèrieurement doué .La cohésion des chanteurs, dont les dons et le talent se doublent d'une modestie qui devrait inspirer certaines de nos divas , ajoute encore à la magie musicale de cet opéra écrit en 1786 , créé à Prague en 1787 .
Mais le piment de la soirée fut sans conteste le hourvari du public, qui venait d'acclamer musiciens et interprètes, à l'apparition du metteur en scène . Qu'il ait "arrangé " le livret de Da Ponte , affublé une chanteuse d'un tutu, amorcé une scène échangiste ,cédé à la mode pornographique, cela n'avait rien de nouveau ni de génial : certains metteurs en scène se consolent ainsi de ne pas être eux mêmes des créateurs . Mais que leCommandeur en personne vienne s'attabler auprès d' un Don Juan , non plus sardonique ni cynique , mais ivrogne au goulot , et finalement frappé de delirium tremens , c'en était évidemment trop .
Ce garçon , coutumier parait il de la provocation , ce n'est pas Olivier Py , mais Dimitri Tcherniakov .
F.B.R