Résurrection, ou soumission ?




Le 25 février 1830 éclate au Théâtre Français, pour la Première de « Hernani » de Victor Hugo, la « Bataille », toute de fureur et de gilets rouges, dont Théophile Gautier nous a laissé le récit et Granville une lithographie mouvementée. Dans la même inspiration, le 28 mai 1913, au Théâtre des Champs Elysées, Pierre Monteux est au pupitre pour la création du Sacre du Printemps composé pour les ballets de Diaghilev par Igor Stravinsky : un énorme vacarme se déchaîne.


Deux œuvres de génie soulevaient ainsi les passions.

Et depuis ?



Rappel : en 1680, trois troupes de comédiens, dont celle de Molière, fusionnent sur ordre de Louis XIV pour devenir la Comédie Française. La salle place du Théatre Français est leur résidence depuis 1804. En ce lieu de culture et de mémoire, des générations de Parisiens , de Provinciaux et de Francophones du monde entier, sont venues écouter les plus beaux des rythmes de notre langue.

Il t souvent été question de « délocaliser » cette institution , ou de l' « d’associer » au 93 .

Un autre monument de notre 'histoire est atteint par ce vent d'innovations : Versailles. Simple pavillon de chasse de Louis XIII en 1631, il devint au fil des ans cet harmonieux accord entre parc et château, copié mille fois, jamais égalé , où affluent les admirateurs du Grand Siècle .Or il sert souvent, dans la perplexité des visiteurs , de vitrine à de douteuses "créations",

qui ont même récemment contaminé la place Vendôme...

Les marchands du temple sont de retour....mais pas Jésus !

Et Depuis...

Des églises anciennes sont abattues en France faute de crédits d'entretien , au prétexte qu'elles sont vides ; il faut la vaillance de bénévoles pour parfois les sauver.

De ces clochers au cœur du village , choisis comme emblème par un candidat à la Présidence, ne restent que tas de pierres , comme après une guerre .

Il est vrai qu'on fait pousser ailleurs d'autres flèches ...

En d'autres temps vint une autre réplique...

Et encore ?

Un modèle de l'excellence française , l'hôpital du Val de Grâce , vient d'être désaffecté ; la faiblesse des arguments fournis laisse supposer que cette excellence justement était visée
Monument de 1624 classé , lieu de soins mondialement réputé , son destin n' a plus que le silence des medias et des autorités

Est ce là un effet de ce que dénoncent de grandes voix , la haine de soi ?

Et encore ?

Un symbole de cette même excellence , temple bi centenaire de la musique classique , la salle Pleyel, rue du Faubourg Saint Honoré , recule malgré son prestige mondial , à un rang subalterne , celui de bastringue . Un coûteux nouvel édifice se dresse en un lieu peu propice aux amateurs de sonorités classiques...

Et encore ?

Une ministre de la culture improvisée , qui "n'a pas le temps " de lire , inaugure la semaine du français avec quelques confusions , oeuvre devenant "contenu", lequel se doit d'être "vertueux " , et une ministre de l'éducation ex nationale nous annonce la fin définitive de l'enseignement du latin et du grec , sans pour autant nous chercher des racines celtes ...

Nous en respecterons d'autant la mémoire de la grande Jacqueline de Romilly

Et encore ?

On espérait pour l ' hôtel de la Marine un avenir digne de lui , ainsi d' ouvrir au premier étage quatre mille mètres carrés en musée .
Mais une nouvelle polémique voitle jour , alors que le projet d'aménagement en palace six étoiles avait été déjoué .Le rez de chaussée serait reconverti " pour faire découvrir aux touristes étrangers le patrimoine gastronomique français classé au patrimoine culturel immatériel mondial de l'humanité par l'Unesco "' selon un communiqué de l'Elysée .
Comme si nous manquions de chefs à étoiles ....
Apparemment les risques de degats lors de travaux , comme à l'Hôtel Crillon , seraient les mêmes...

Pourquoi ?

Faire du passé table rase , voilà bien ce qui pourrait être le but idéologique de toutes ces décisions , abandon de critères de beauté et de valeurs confirmées , de traditions assumées et honorées , rejet de notre richesse intellectuelle et spirituelle , qui toutes perpétuaient notre identité bi millénaire...

Nous laisser un désert...

Et maintenant ?

En un passé pas si lointain , quand le feu éclatait , on faisait la chaîne , les seaux passaient de main en main des puits jusqu'à l'incendie, la cloche de l'église et celle du beffroi (ou de son équivalent méridional ) sonnaient le tocsin.

Oublié , ce son long et répété qui annonçait aussi une attaque , ou une invasion

Tous alors s’élançaient pour prendre les armes .

Ou est passé notre élan patriotique....

C'est pourtant la matrice de notre identité

En cette mortelle accélération nous ne serons bientôt plus que des exilés dans notre propre pays, et nos vies mêmes seront menacées...




Sursum corda !

FBR 27 mars 2015