....lorsque nous avons appris que , parmi les commémorations de la Grande Guerre , certaines seraient consacrées à tous les aspects de cette période de notre Histoire ; ce que nous redoutions , donc , est avéré .

Arte vient de diffuser le film de Stanley Kubrick "Les sentiers de la gloire ".

Avec un titre qui sonne si bien , beaucoup , restés sous le charme ( ? ) récent d'Orange mécanique , se seront laissés prendre .

Cette production , tournée en 1957 en Allemagne près de Munich , avec huit cents policiers pour figurants , et des acteurs américains pour les principaux rôles , est une caricature , par l'outrance dans la peinture des caractères , tant des officiers supérieurs que des simples soldats , quand bien même le carriérisme ou la lâcheté ont pu en contaminer quelques uns .

L'action , organisée autour de faits réels , mais portée au delà de la vraisemblance , est à l'évidence destinée à susciter l'indignation plus qu'à fournir l'information, et le mépris plus que la pitié . Certaines scènes montrent un général négligemment assis sur un luxueux canapé pendant la tenue d'un Conseil de guerre , cependant qu'un colonel et d'autres gradés jouent le déroulement anglo-saxon du procès de soldats sans relief ; une autre , aussi invraisemblable qu'odieuse , un bal avec orchestre et robes à traînes donné , curieuse coincidence , en un lieu tout proche , par un autre haut gradé , nullement préoccupé de l'impartialité du jugement et de la justesse de la sanction .

Diffusé au moment précis où parait la fameuse "feuille de route du vivre-ensemble "de l'actuel gouvernement ,ce film , traité selon la méthode Gramsci , n' a pu que contribuer au dénigrement de notre pays , et à la désinformation de jeunes spectateurs , ou même de moins jeunes , à laquelle participe l'enseignement officiel .

Et enflammer de colère ceux qui , par leur famille , leurs études ou leurs lectures, ont été exactement instruits sur la Première guerre mondiale , les mutineries , ( puis qu’enfin c'est cela que le Président a souhaité "réhabiliter " ) et le comportement des troupes françaises et de leurs chefs .

La veille ,autre dimension, c'était "La grande illusion " datée de 1937, le sacrifice secret du commandant de Boeldieu pour permettre l'évasion de deux autres gradés , avec des acteurs incomparables , Pierre Fresnay et Eric von Stroheim ,authentiques représentants , dans chaque camp , de la noblesse de "Grandeur et servitude militaires " , et Jean Gabin , un des évadés dont le patriotisme efface la désinvolture . Là , au moins , la tenue , la dignité , le courage et l'élégance morale élèvent l'esprit , notamment dans le dialogue tout en sobriété et communion entre le Français et l'Allemand .La touche personnelle de Jean Renoir, parfois ironiquement indulgente , sait évoquer ce qu'un Kubrick n'aura jamais voulu , ou pu comprendre , dans un décor et des costumes discrétement symbôliques .

Nous allons subir d'autres prestations : restons vigilants . Ces sentiers de la gloire et leur titre ambigü avaient été refusés dans plusieurs pays , dont la Suisse , et présentés en France en 1975 seulement , mai 68 ayant touché son but

Les écrans , et les commémorations annoncées nous réservent d'autres plaisirs
Restons vigilants

FBR 18 février 2013