Grand croix ( grand officier ) de la Légion d'honneur
Médaille militaire
Croix de guerre 14- 18 avec quatre palmes
Médaille interalliée de la Victoire
Croix de guerre 39-45 avec cinq palmes
Croix de guerre des théatres d'opérations exterieures avec deux palmes
Décorations reçues de la Belgique , de la Pologne , du Royaume Uni ,
du Maroc , de la Tunisie et des Etats Unis
Pierre Alphonse Juin est né le 16 décembre 1888 à Sainte Anne pres de Bône , Hippone à la romanisation , puis Annaba après l'Hegire 570
C'était une une des cités construites depuis 1830 par la France sur le rivage mediterranéen du territoire envahi, comme certains pays d'Europe , par les Ottomans : l'empire dit Sublime Porte , contrôlé par des beys turcs , sous l'autorité militaire d'un dey .Les janissaires , des mercenaires et de jeunes captifs jamais libérés par les pirates ,formés dès le jeune âge , en étaient les troupes .
A cette époque un de leurs repaires se situait dans le fortin d' un ilôt rocheux ,El Djezair , qui donna ce nom à la nouvelle Algerie ; une casbah , vieille ville , couvrait la colline dominant la mer .Le dey résidait dans un palais sur une autre colline , le Telemly ; un consul représentait la France .
Le joug ottoman était mal supporté par les habitants , berbères en montagnes , métissés aux rivages , autrefois christianisés .Saint Augustin , fils de sainte Monique vénérés des catholiques , fut évêque d'Hippone
Le prince Sixte de Bourbon a laissé un vivant récit de l'expédition lancée par Charles X , puis Louis Philippe dans le but de régler un conflit entre marchands et laver, tradition immémoriale , l'insulte du Dey à l'ambassadeur de France venu pour un accord : "le coup d'éventail ", ci dessus .
Casbah (vieille ville )reliée au fortin d'El Djazair
Territoire pris aux Turcs et casbah (vieille ville ) sur le rivage relié au fortin .
Environ un million d'habitants fut recensé sur l'ensemble du territoire .
Alger un siècle plus tard
Alphonse JUIN était fils et petit fils de gendarmes , du côté paternel vendéen Victor Juin et maternel corse Pascal Salini .
Ses traits de caractère , de ceux qu'on appelle "Pieds noirs" , se trouvent tous chez ce militaire : droiture , courage , persévérance , qui correspondent aux vertus de l"Armée .
En majorité de jeunes paysans de France que les fermes exigües ne pouvaient nourrir , ou des Alsaciens Lorrains qui refusaient la domination germanique apres la défaite de Sedan , ou de jeunes hommes entreprenants qui surent fonder des entreprises , qu'avaient rejoints des européens que la vaillance française attirait ; Espagnols , Italiens , Maltais ; la langue commune fut immédiatement le français pour tous .
Après des études aux lycées d'Alger et de Constantine , selon les affectations de son père,il réussit en 1910 le concours d'entrée à Saint Cyr , sortit major de sa promotion de 1912 , où Charles de Gaulle était son condisciple , et commença sa carrière au Maroc alors " "Protectorat " français.
Lieutenant pendant la Grande Guerre , il prit part aux combats de Champagne et de la Marne ; puis malgré une gravissime blessure handicapante au bras droit en 1915 , alors qu'on lui proposait le poste d'officier d'ordonnance du maréchal Lyautey ( 1854 - 1954) ,il voulut retourner aux combats et prit en 1916 le commandement d'une compagnie de mitrailleuses . Puis membre en 1918 de l ' Etat major de la 153 eme division d 'infanterie , fut détaché ensuite à la mission militaire française auprès de l"armée américaine .
Ensuite pacificateur du Maroc (1921-1926 ) sous les ordres de Liautey, Résident général en ce pays apres le traité d'Algésiras , conférence internationale de janvier 1906 , qui avait confié à la France la responsabilité de conseiller le sultan Abd el Aziz et l'administration marocaine ; le Rif , territoire oriental agité du vaste empire chérifien formé entre 16° et 19° siecles , inquiétait les pays européens depuis 1901 en raison de la convoitise de l'Allemagne ; la Russie y fut l'alliée de la France.L'accord de Protectorat avec la France avait été signé en 1912 à Fès .
Elevé au grade de lieutenant colonel en 1932 et général de brigade en 1938,il enseigna ensuite à l'Ecole de guerre , puis succéda au général Weygand(1867- 1965 ) comme chef des forces d'Afrique du Nord en 1941 .
La seconde guerre mondiale fut pour lui rude épreuve en l'épisode de Dunkerque , où l'Angleterre , contrairement à sa parole , embarqua ses troupes défaites et abandonna les soldats français sur le rivage alors que le général Molinié avait couvert leur retraite.. ...Expérience douloureuse de la faiblesse d'une armée que les gouvernements de gauche n 'avaient ni équipée , ni entraînée , et de la traitrise d'un allié .
Juin combattait avec la passion du désespoir , quand , stoppé dans la poche de Lille, il fut fait prisonnier ; le régiment de tirailleurs marocains fut cité à l'ordre de l'Armée pour sa bravoure et sa résistance .
Juin fut enfermé dans la forteresse de Königstein , théatre du film de Jean Renoir "La grande illusion "" de 1937 sur la Grande guerre, qui dessine parfaitement la tragédie intime et le sacrifice vécus par les militaires en une telle occurrence , interprétés par Pierre Fresnay et Jean Gabin .
Notons que le détachement de la Wehrmacht en Afrique du nord , l'Afrikakorps , dirigé par Rommel , redoutable stratège envoyé pour reprendre l'actuelle Libye (Tripolitaine et Cyrénaïque ) perdues par les alliés italiens des Allemands , dut affronter et reculer face à Juin , qui avec les Alliés débarqués sur la côte atlantique marocaine , à Oran et Alger en novembre 1942, repoussa avec le contingent français les forces allemandes qui occupaient la Tunisie .
Le général Henri Giraud, saint-cyrien lui aussi ,était alors Haut Commissaire chargé du commandement civil et militaire en Afrique.
Ensuite commença l'épopée de"" l'armée d'Afrique "" dont Juin prit ie commandement sur appel du général de Gaulle , corps réunissant les troupes d'infanterie stationnées en Afrique du nord , qui en perçant la "ligne Gustav '" , appuyée sur le fleuve Garigliano , ouvrit la route de Rome aux Alliés bloqués vers Naples , d'où l'expression "campagne d'Italie "
La bataille du monte Cassino en fut un des épisodes les plus glorieux et des plus sanglants de novembre 43 à avril 44 , livrée par les troupes françaises puisque le plan en avait été conçu par Alphonse Juin. Les américains et les anglais et un contingent polonais tenaient les vallées que surplombaient des pics rocheux escarpés dont le plus élevé était le Monte Cassino
Elle exigea plusieurs étapes, de l"automne au printemps
Nos soldats escaladèrent les pentes sous le feu ennemi
Des parachutistes allemands tenaient les sommets
Cette armée , plus connue sous le nom Corps Expéditionnaire Francais, se composait de quatre divisions : la 4eme division d'infanterie du Maroc , général Dody , la 3ème division d'infanterie d'Algérie, général de Monsabert , la 4ème division de montagne général Sevez , la 1ère division motorisée des Francais libres général Brosset et le groupement des tabors marocains , général Guillaume , soit plus de cent mille Français nés en Afrique du nord
Voici la forteresse reconstruite de Monte Cassino : un monastère fondé par Benoit de Nursie ,riche d'incunables et ouvrages byzantins que , dit on , des officiers allemands eurent la présence d'esprit de mettre à l' abri ,avant lescombats
Il est lourd de hauts faits que les acteurs survivants ont toujours commémorés
Ces troupes avaient été maintenues et préparées par Juin et Giraud .
Elles réunissaient volontaires et soldats de métier , de toutes origines : des Lopez , Bloch , Martin , Villalonga , Philibert , Zammit , chrétiens , juifs et musulmans sous le même drapeau comme leurs pères en la Grande Guerre .
Corps Expéditionnaire Français
Mieux : l'Armée d'Afrique
en témoigne cette photographie de tirailleurs algériens en 1917.
Je veux ici insérer un hommage à Alain Mimoun , 1921- 2013 célèbre marathonien de Jeux olympiques , sportif le plus médaillé de France , rival et vainqueur,puis ami de Zatopek ; né dans un village proche d'Oran : Ali ould Mimoun , studieux écolier passionné de Vercingétorix , Jeanne d"Arc et Bayard , de son propre aveu.
Avec le Président Georges Pompidou
remise de décoration
Car on savait alors où est la gloire de notre pays et comment le faire aimer et admirer
.
Engagé volontaire à dix huit ans en 1942 , il combattit sous les ordres de Juin contre l"Afrikakorps en juillet 1943 , puis au Mont Cassin ; grièvement blessé à la jambe gauche , condamné par les médecins militaires américains , il fut sauvé par ceux , Français , de l'hôpital basé à Naples et put accomplir la carrière qu'il méritait par sa persévérance et sa volonté .
Marié à une Correzienne , il vécut à Saint Mandé et au village de Bugeat où il repose après un hommage rendu aux Invalides : il était grand commandeur de la légion d'honneur à titre militaire Une visite à Sainte Thérese de Lizieux l'avait converti à la religion de notre patrie . Il aimait dire que " né en terre d " Afrique' il avait le coeur français "
Ici quelques jours avant sa mort
In memoriam , à Dieu Alain !.......
Bien d 'autres épisodes héroïques de cette "campagne d'Italie " nous ont été décrits , comme celui où le jeune marquis de Belsunce trouva la mort à l'assaut : le fort fut pris dans les cris de douleur et de fureur de ses hommes , comme pour Péguy.......
Les ruines du monastère après bombardement
nos soldats grimpaient à mains nues
les mulets des tirailleurs marocains
n'ont pas failli
ni les hommes dans la neige
ni les guetteurs
Mais la reconnaissance dûe à ces héros a buté sur l 'obstination des journalistes et surtout des cinéastes à promouvoir le grand spectacle et négliger ce qui pourtant est aussi bouleversant et important, mais moins alléchant quant aux recettes
Le mérite de ces hommes et de leurs chefs et leurs hauts faits d'armes ont été plus ou moins occultés par ceux des Alliés et de la libération du sol de France , qui n'aurait pu avoir lieu sans la prise de Rome . Presse et cinéastes ont dédaigné ces peines et souffrances offertes à notre pays
et le nom du maréchal Juin fut presque oublié pour ceux de Lattre de Tassigny ou Leclerc de Hautecloque , autres grands Français
Au point que récemment le stupide auteur de la dégradation du monument dédié au maréchal Juin avoua qu'il ne savait pas qui il était
Comportement funeste de ceux qui , au lieu d'apprendre , propagent le vandalisme , et n'en sont jamais punis . On protège leurs fautes , encourant ainsi leur mépris , alors qu'une juste sévérité engendre le respect
Car l'Histoire a des racines que certains veulent étouffer .
C"est à peine si l'on se souvient qu'un débarquement eut lieu en Provence, le 15 aout 1944 pour que justement leurs armées se rejoignent , évènement capital
D'autres pages s 'ouvriront ici, mais nous fermons ce chapitre avec une dernière : cette armée était née , en fait , avec le général Bugeaud 1784 - 1849, duc d'Isly
Thomas Bugeaud , formé à l'école et aux guerres napoléoniennes, gouverneur général de l"Algérie , reçut la soumission à la France de l 'émir 'Abd el Kader 1808-1883 , chef de tribus du Sahel et de Kabylie , au traité de la Tafna de mai 1837
Bugeaud savait attirer , entrainer ,et adopter! ces guerriers autochtones .Il fut à l'origine de cette armée , grosse au départ de soldats qui voulurent ensuite rester sur place, puis de tous les Francais nés en Algérie
En ce qui concerne Abd el Kader 1788 - 1883 , il fut d'abord hébergé , ainsi que sa famille et une suite de plus de cent personnes , au chateau d'Amboise , puis pres de la mer de Marmara , et enfin à Damas ; il effectua de nombreux séjours à Paris , qu'il appréciait et où, dit on ,il assista à un Te Deum à notre Dame ; il entretint de bonnes relations avec Napoléon III, qui , arrivé au pouvoir, lui accorda une rente de 150 000 francs
Présent à l'exposition universelle de Paris, il portait la légion d'honneur ,reçue en 1841 pour avoir protégé des résidents français à Damas lors d'émeutes .
Le "senatus consulte" de 1863 limita l' extension des terres agricoles , celui du 14 juillet 1865 accorda aux hommes nés en Algérie la nationalité française, sous condition de renoncer à la polygamie ; des écoles et des hôpitaux , desservis par routes , puis chemins de fer, étaient déja en construction avec l'arrivée des colons , puis des églises ; les indigènes gardaient leur religion et leurs mosquées , ceux qui acceptaient la nationalité recevaient les mêmes droits que nous , donc celui de vote, ceux qui préféraient suivre la "charia " , loi de l'Islam, formaient le ''deuxième collège " aux élections . Juges de paix et "cadis " indigènes étaient associés pour les questions judiciaires dans toutes les communes qui recevaient régulièrementt la visite d'administrateurs venus de métropole La population passa de un à neuf millions
Des liens se tissèrent , des amitiés indéfectibles naquirent , celle du bachaga Boualem, autre portrait à vous présenter
Des Mimoun et des Boualem , il y en avait des milliers ; les stupides accords d'Evian les ont abandonnés , comme le furent nos Vietnamiens Ce n'est pas en courtisant des séides de Bouteflika que nous réparerons cette injustice
Ce portrait de Bugeaud se trouve à Versailles , sa statue fut réinstallée en France en 1999 Que le gouvernement ait la virilité de les faire garder , l'épidémie etats-unienne est pire que les virus
Fermons cette nécessaire parenthèse