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11 juillet 2020 6 11 /07 /juillet /2020 02:06

 Grand croix ( grand officier ) de la Légion d'honneur

Médaille militaire

Croix de guerre 14- 18  avec quatre palmes

Médaille interalliée  de la Victoire

Croix de guerre 39-45 avec cinq palmes

Croix de guerre des théatres d'opérations exterieures  avec deux palmes

Décorations reçues de la Belgique , de la Pologne , du Royaume Uni ,

du Maroc , de la Tunisie  et des Etats Unis

 

 

 

Pierre Alphonse Juin est né le 16 décembre 1888  à Sainte Anne pres de Bône ,  Hippone à la romanisation , puis  Annaba après l'Hegire  570

 

C'était une une des cités   construites depuis 1830 par la France sur le rivage mediterranéen du  territoire envahi, comme certains pays d'Europe , par les Ottomans  : l'empire dit Sublime Porte , contrôlé  par des beys  turcs  , sous l'autorité militaire d'un dey .Les janissaires , des mercenaires  et de jeunes captifs jamais libérés par les pirates  ,formés dès le jeune âge , en étaient les troupes .

 

A cette époque un de leurs repaires se situait dans  le fortin d' un ilôt  rocheux ,El Djezair , qui donna ce nom à la nouvelle  Algerie ; une casbah , vieille ville , couvrait la colline  dominant la mer .Le  dey résidait  dans un palais sur une  autre colline  , le Telemly ; un consul représentait la France .

 

Le joug ottoman était mal supporté par les habitants ,  berbères en montagnes , métissés aux rivages  , autrefois christianisés .Saint Augustin , fils de sainte Monique  vénérés des catholiques , fut évêque d'Hippone

 

 

 

Le prince Sixte  de Bourbon a laissé un  vivant récit de  l'expédition  lancée par Charles X  , puis Louis Philippe dans le but de régler un conflit entre marchands  et laver, tradition immémoriale ,   l'insulte du Dey à l'ambassadeur de France venu pour un accord : "le coup d'éventail ", ci dessus .

 

 

                                  

Casbah   (vieille ville )reliée au fortin   d'El Djazair

 

 

 

 

 Territoire pris aux Turcs et casbah (vieille ville )  sur le rivage relié au fortin .

 

                                                       

                                                          

 Environ un million  d'habitants fut recensé sur l'ensemble du territoire .                

 

                                 Alger  un siècle plus tard

 

                                                                                                                                                

Alphonse JUIN était fils et petit fils  de gendarmes , du côté paternel   vendéen   Victor Juin     et maternel corse Pascal Salini .

Ses traits de caractère , de ceux qu'on appelle "Pieds noirs"  , se trouvent tous chez ce militaire : droiture , courage , persévérance , qui correspondent aux vertus de l"Armée .

 

En majorité  de jeunes paysans  de France que les fermes exigües ne pouvaient nourrir , ou  des Alsaciens Lorrains qui refusaient la domination germanique apres la  défaite de Sedan , ou de jeunes hommes entreprenants  qui surent fonder des entreprises  , qu'avaient rejoints  des européens que la vaillance française attirait ; Espagnols , Italiens ,   Maltais ; la langue  commune fut immédiatement le français pour tous .

 

Après des études aux lycées d'Alger et de Constantine ,  selon les affectations de son père,il réussit en 1910 le concours d'entrée à Saint Cyr ,  sortit major de sa promotion de 1912 , où Charles de Gaulle était son condisciple , et commença sa  carrière  au Maroc alors  "  "Protectorat  " français.

 

Lieutenant  pendant la Grande Guerre , il prit part  aux combats  de Champagne et de la Marne   ; puis malgré une gravissime  blessure handicapante  au bras droit en 1915  , alors qu'on lui proposait le poste d'officier d'ordonnance du maréchal Lyautey ( 1854 - 1954) ,il voulut retourner aux combats   et prit en 1916 le commandement d'une compagnie de mitrailleuses . Puis  membre en 1918  de l ' Etat major  de la  153 eme division d 'infanterie ,  fut détaché ensuite  à la mission militaire française auprès de l"armée américaine .

 

  Ensuite  pacificateur du  Maroc (1921-1926 )  sous les  ordres de Liautey, Résident général en ce pays apres le traité d'Algésiras , conférence internationale  de janvier  1906 ,  qui avait confié à la France   la responsabilité de conseiller  le sultan Abd el Aziz   et l'administration  marocaine   ; le Rif , territoire oriental agité  du vaste  empire chérifien formé entre 16° et 19° siecles ,  inquiétait les pays européens  depuis 1901  en raison de la convoitise de l'Allemagne ; la Russie y fut l'alliée de la France.L'accord de Protectorat avec la France avait été signé en 1912 à Fès .

 

Elevé au grade de lieutenant colonel en 1932 et général de brigade en 1938,il enseigna ensuite  à l'Ecole de guerre , puis succéda au général Weygand(1867- 1965 )    comme chef des forces d'Afrique du Nord en 1941 .

 

La seconde guerre mondiale fut pour lui  rude épreuve  en l'épisode de Dunkerque , où l'Angleterre , contrairement à sa parole , embarqua ses troupes défaites et abandonna les soldats français   sur le rivage  alors que le général Molinié avait couvert leur retraite.. ...Expérience douloureuse  de la faiblesse d'une armée que les gouvernements de gauche  n 'avaient   ni équipée ,  ni entraînée ,  et de la traitrise d'un allié .

 

Juin  combattait avec la passion du désespoir  , quand , stoppé dans la poche de Lille, il fut fait prisonnier ; le régiment de tirailleurs marocains fut cité à l'ordre de l'Armée pour sa bravoure et sa résistance .

 

Juin fut enfermé dans la forteresse de Königstein , théatre  du film de Jean Renoir  "La grande illusion "" de 1937 sur   la Grande guerre,  qui dessine parfaitement  la tragédie intime et le sacrifice vécus par  les militaires   en  une telle  occurrence ,  interprétés par Pierre Fresnay et Jean Gabin .

 

                                      

 

Notons que  le détachement de la Wehrmacht en Afrique du nord , l'Afrikakorps , dirigé par Rommel , redoutable  stratège  envoyé pour reprendre l'actuelle  Libye  (Tripolitaine et  Cyrénaïque ) perdues par les alliés italiens des Allemands , dut  affronter  et reculer face à  Juin  , qui avec les Alliés débarqués sur la côte atlantique marocaine , à Oran et  Alger  en novembre 1942, repoussa avec le contingent français les forces allemandes   qui occupaient la Tunisie  .

 

Le général Henri Giraud, saint-cyrien lui aussi ,était alors Haut Commissaire chargé du commandement civil et militaire en Afrique.

 

 

 

 

 Ensuite commença l'épopée de"" l'armée d'Afrique "" dont  Juin prit ie commandement sur appel du général de Gaulle  , corps réunissant les troupes d'infanterie stationnées en Afrique du nord , qui en perçant la "ligne Gustav '"  ,  appuyée sur le fleuve Garigliano , ouvrit la route de Rome  aux Alliés bloqués  vers Naples  , d'où l'expression "campagne d'Italie "

 

La bataille du monte Cassino en fut un des épisodes les plus glorieux et des plus sanglants   de novembre 43 à avril 44 , livrée par les troupes françaises puisque le plan en avait été conçu par Alphonse Juin.  Les américains et les anglais et un contingent polonais tenaient les vallées  que surplombaient des pics rocheux  escarpés dont le plus élevé était le Monte  Cassino

 

Elle exigea plusieurs étapes, de l"automne au printemps

 

 

  Nos soldats  escaladèrent les pentes  sous le feu ennemi

 

Des parachutistes allemands  tenaient les sommets

 

 

     

 

Cette armée , plus connue sous le nom Corps  Expéditionnaire Francais,   se composait de quatre divisions : la 4eme division d'infanterie du Maroc , général Dody , la 3ème division d'infanterie d'Algérie, général de Monsabert , la 4ème division de montagne  général Sevez  , la 1ère division motorisée des Francais libres général Brosset et le groupement des tabors marocains  , général Guillaume , soit plus de cent mille Français nés en Afrique du nord

 

 

 

 

Voici la forteresse reconstruite de Monte Cassino  : un monastère fondé par  Benoit de Nursie ,riche d'incunables et ouvrages byzantins que , dit on , des officiers allemands eurent la présence d'esprit de mettre à l' abri ,avant lescombats

 

 

 

  Il est lourd  de hauts faits  que les acteurs survivants ont toujours commémorés

 

Ces troupes  avaient été maintenues  et préparées par Juin et Giraud .

Elles réunissaient volontaires et soldats de métier , de toutes origines  : des Lopez , Bloch ,  Martin , Villalonga  , Philibert , Zammit , chrétiens , juifs  et musulmans sous le même drapeau comme  leurs pères en la Grande Guerre  .

                                       Corps Expéditionnaire Français

                                           Mieux : l'Armée d'Afrique

         en témoigne cette photographie  de tirailleurs algériens en 1917.

 

Je veux ici insérer un hommage à Alain Mimoun , 1921- 2013 célèbre marathonien de  Jeux olympiques , sportif le plus médaillé de France , rival et vainqueur,puis ami de Zatopek  ;  né  dans un village proche d'Oran  : Ali ould Mimoun , studieux écolier passionné   de Vercingétorix , Jeanne d"Arc  et Bayard  , de son propre aveu.

 

 

                  

      

  

 

 

 

Avec le Président Georges Pompidou      

 remise de décoration 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Car on savait alors où est la gloire de notre pays et  comment le faire aimer et admirer

 

.

Engagé volontaire à dix huit ans  en 1942 , il combattit sous  les ordres  de  Juin  contre l"Afrikakorps en juillet 1943 , puis au Mont Cassin ; grièvement blessé à la jambe gauche , condamné par les médecins militaires américains ,  il fut sauvé par ceux , Français ,  de l'hôpital basé à Naples   et  put accomplir  la carrière qu'il méritait par sa persévérance et sa volonté . 

 

 

 

Marié à une Correzienne , il vécut à Saint Mandé  et au village de  Bugeat    où il repose après un hommage rendu aux Invalides  : il était  grand commandeur de la légion d'honneur à titre militaire  Une visite à Sainte Thérese de Lizieux l'avait converti à la religion de  notre patrie . Il aimait dire que  " né en terre d " Afrique' il avait le coeur français "

                   

  Ici quelques jours avant sa mort

           In memoriam , à Dieu  Alain !.......

                                                                                                

 

 

 

                         

 

 

 

 

 Bien d 'autres épisodes héroïques  de cette  "campagne d'Italie " nous ont été décrits ,  comme celui où le jeune marquis de Belsunce trouva la mort  à l'assaut   : le fort fut pris dans les cris de douleur et de fureur  de ses hommes , comme  pour Péguy.......

                                                                  

                            Les ruines du monastère après   bombardement

 

 

 

                                                               nos soldats grimpaient à mains nues

 

 

 

 

 

                                  
                                                            

 

 les mulets des tirailleurs marocains

  n'ont pas failli                                                                                     

 

 

 

    ni les hommes dans la neige         

                                                                                           

                    

 

 

                                      

    ni les guetteurs

  

                                  

 

 

 

Mais la reconnaissance dûe  à ces héros a  buté sur l 'obstination des journalistes et surtout des cinéastes à  promouvoir le grand spectacle  et  négliger ce qui  pourtant  est aussi bouleversant et important,  mais  moins alléchant quant aux recettes

 

Le mérite de ces hommes  et de leurs chefs  et leurs hauts faits d'armes ont été plus ou moins occultés par ceux des Alliés  et de la libération  du sol de France , qui n'aurait pu avoir lieu sans la prise de Rome . Presse  et cinéastes ont dédaigné  ces   peines  et souffrances  offertes à notre pays

 

 

 

 

et le nom du maréchal Juin  fut  presque oublié  pour  ceux de Lattre de Tassigny ou Leclerc de Hautecloque , autres grands Français

 

Au point que récemment le stupide auteur de la dégradation du monument dédié au maréchal Juin avoua qu'il ne savait pas qui il était 

 

Comportement  funeste  de  ceux  qui , au lieu d'apprendre  , propagent  le vandalisme  , et n'en sont  jamais punis . On  protège leurs fautes  , encourant ainsi leur mépris , alors qu'une  juste sévérité  engendre le respect

 

 

 

 

 

Car  l'Histoire a des racines que certains  veulent étouffer .

C"est à peine si l'on se souvient qu'un débarquement eut lieu en Provence,  le 15 aout 1944  pour que justement leurs  armées se rejoignent , évènement capital

 

D'autres pages s 'ouvriront  ici, mais  nous fermons  ce chapitre   avec une dernière   : cette armée était née  , en fait ,  avec le général Bugeaud 1784 - 1849, duc d'Isly   

 

Thomas Bugeaud , formé à l'école  et aux  guerres napoléoniennes, gouverneur général de l"Algérie  ,   reçut la soumission à la France de l 'émir 'Abd el Kader  1808-1883 , chef de tribus  du Sahel et de Kabylie , au  traité de la Tafna  de mai 1837

 

  Bugeaud savait attirer , entrainer ,et adopter!   ces guerriers  autochtones  .Il fut à l'origine de cette armée , grosse au départ de soldats qui voulurent  ensuite rester sur place, puis de tous les Francais nés en Algérie 

   

 En ce qui concerne Abd el Kader   1788 - 1883  , il  fut d'abord hébergé , ainsi que sa famille et une suite de  plus de cent personnes , au chateau d'Amboise , puis pres de la mer de Marmara , et enfin à Damas ; il effectua de nombreux séjours à Paris , qu'il appréciait et  où, dit on ,il assista à un Te Deum à notre Dame    ; il entretint de bonnes  relations avec Napoléon III,   qui , arrivé au pouvoir, lui accorda  une rente de 150 000 francs

 

Présent à l'exposition universelle de Paris, il portait la légion d'honneur ,reçue en 1841 pour  avoir protégé  des  résidents    français  à Damas lors d'émeutes .

 

Le "senatus consulte"     de  1863   limita l' extension des terres agricoles  , celui du 14 juillet  1865  accorda aux hommes  nés en Algérie la nationalité française,  sous condition de renoncer à la polygamie ; des écoles et des hôpitaux , desservis par routes , puis chemins de fer,   étaient déja en  construction avec l'arrivée des colons , puis des églises ; les indigènes gardaient leur religion et leurs mosquées , ceux qui acceptaient la nationalité recevaient les mêmes droits  que nous , donc celui de vote,  ceux qui préféraient suivre la "charia " , loi de l'Islam, formaient le ''deuxième collège " aux élections  . Juges de paix et "cadis " indigènes étaient associés pour les questions judiciaires dans toutes  les communes  qui recevaient régulièrementt la visite d'administrateurs venus de métropole La population passa de un à neuf millions

Des liens se tissèrent , des amitiés indéfectibles naquirent , celle du bachaga Boualem, autre portrait à vous présenter

Des Mimoun et des Boualem , il y en avait des milliers ; les stupides accords d'Evian les ont abandonnés , comme le furent nos Vietnamiens Ce n'est pas en courtisant des séides de Bouteflika que nous réparerons cette injustice

 

 

 

 

Ce portrait de Bugeaud  se trouve  à Versailles  , sa statue fut réinstallée en  France   en 1999  Que le gouvernement ait la virilité  de les faire garder , l'épidémie etats-unienne  est pire que les virus

                                                                                        

                                                                                                                                                      

 

 

                                  Fermons cette nécessaire parenthèse                  

    

  1. ptaZUA

 

Prochain chapitre   :le maréchal Juin accepta la demande  des Américains  de prendre la tête des troupes devant atteindre l'Allemagne en franchissant les Alpes

 

A bientôt donc !

 

fbr juilleet 2020

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F
: les Français dans la guerre, Par-delà les combats par le Général CHAMBE <br /> <br /> « Il est un officier allemand dont le nom doit être particulièrement cité : le colonel Böhmler, pour son attitude à l'égard du Maréchal Juin. <br /> <br /> Rudolf Böhmler, alors commandant en 1944, était le chef du 1er bataillon du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes de la célèbre division Heidrich. Il avait été l'un de nos redoutables adversaires à Cassino. Établi avec son unité sur les pentes abruptes du mont Cassin, il en avait interdit l'accès durant tout l'hiver aux Anglo-saxons, leur infligeant de lourdes pertes. Ses hommes avaient été eux-mêmes décimés au cours des six tentatives vaines des divisions d'Alexander et de Mark Clark, mais ils avaient maintenu chaque fois leurs positions. <br /> <br /> Böhmler avait été finalement obligé d'abandonner le terrain et de se replier par les crêtes dominant la rive gauche du Liri, non qu'il ait plié au cours d'un assaut, mais parce que, à sa droite, de l'autre côté de la vallée, les Français venaient d'enfoncer la Gustav Linie et de s'emparer du mont Majo. Le mont Cassin, tourné, avait été perdu. <br /> <br /> Aussi, le commandant Böhmler avait-il admiré la manœuvre du général Juin, admiration partagée par l'état-major allemand. Plus tard, après la guerre, il avait voulu connaître le grand chef français. Il l'avait rencontré à Rome, au milieu d'anciens combattants...
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