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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 21:16
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?

277 bis rue Saint Jacques Paris

En 1385 se trouvaient à cet emplacement, déja signalé au XIII° siècle, trois corps d'hôtel ,appartenant au Comte de Valois, passés à la Maison de Bourbon, confisqués après la trahison du Connétable , puis offerts par Louise de Savoie , mère de François 1er à son médecin Chapelain. Henri IV y dormit en 1589 et des Oratoriens y furent logés jusqu'en 1616 .

En 1621, agée de 19 ans , Anne d'Autriche , épouse de Louis XIII , achète le tènement dit "Petit Bourbon"et y installe les bénédictines venues de l'abbaye du Val de Grâce de Notre Dame de la Crèche à Bièvres . En 1624 la reine pose la première pierre du monastère où elle s'est réservé un modeste logement de deux pièces et d'un chambre à l'étage , où elle peut échapper à la surveillance de Richelieu soucieux de ses relations avec sa famille espagnole .

Val de Grâce en 1670

Val de Grâce en 1670

Petit pavillon A. Autriche et jardins
Petit pavillon A. Autriche et jardins

Petit pavillon A. Autriche et jardins

Ce n'est qu' à l'âge de 36 ans qu'elle met au monde son premier fils , Louis XIV , le 5 sept 1638 . L' arrrière petite fille de Charles Quint, devenue Régente en 1643 , peut réaliser son voeu : transformer le petit monastère en vaste abbaye , en reconnaissance à Dieu de lui avoir donné un fils ; elle appelle les architectes Lemercier et Mansart pour la construction de l'église , dont la première pierre est posée par Louis XIV en avril 1645 .

Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?

La façade de l'église a été vandalisée pendant la Révolution , comme une grande partie des bâtiments conventuels . Les cœurs embaumés de trente six petits princes et princesses , déposés dans une armoire de marbre fermée par une grille , ceux d'Anne d'Autriche , de son second fils Philippe d'Orléans , de la Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier , de la reine Marie Therese , d'Henriette d'Angleterre première épouse de Monsieur , frère du roi , et du Régent furent arrachés au catafalque écussonné de la chapelle Sainte Anne où ils étaient conservés , leurs enveloppes de plomb doublées de vermeil fondues à la Monnaie ; les cœurs eux mêmes auraient été utilisés par le peintre alsacien Martin Drolling pour fabriquer un glacis brun, la mummie, obtenu par addition d' huile ; ainsi des parcelles de ces coeurs , horresco referens ,sont elles peut être agglomérées à des tableaux de Drolling , à Strasbourg , Muhlouse , à la Comédie Française. La crypte de cette chapelle avait aussi reçu les dépouilles de membres de la famille d'Orleans , descendants du frère de Louis XIV , leurs cercueils furent également profanés .

La cuisine de Drolling

La cuisine de Drolling

C'est au Val de Grace en 1663 que Bossuet , célèbre pour son oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre , prononça son célèbre prêche de Carême :"Madame se meurt , Madame est morte...

L'actuelle bibliothèque , construite au XIX° siécle , occupe l'emplacement des communs du batiment conventuel : étables , buanderie , boulangerie , réfectoire ; le premier étage du cloitre servait de promenoir aux religieuses , dont les cellules étroites s'alignaient au second étage . A l'angle nord ouest , le petit pavillon refuge d'Anne d'Autriche , aux murs décorés par Philippe de Champaigne, son mobilier, très simple , et les boiseries furent saccagés par les révolutionnaires .

Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?

Puis l'abbaye fut fermée, les religieuses chassées (quand elles ne furent pas guillotinées) (1) la nef transformée en magasin des hôpitaux, le chœur servant d’amphithéâtre d'anatomie aux élèves médecins , pendant que la chapelle du Saint Sacrement était utilisée comme morgue . Les batiments conventuels , utilisés dès 1794 en hospices pour enfants trouvés , furent affectés en 1795 au remplacement de l'hôpital militaire du Gros Caillou .
L'église fut rendue au culte en avril 1826 . Les statues détruites on été remplacées par des copies , quatres des six tableaux de Ph.de Champaigne y sont de nouveau présents , comme le baldaquin et l'orgue historique , offert à l'Eglise Sainte Geneviève par Napoléon III , puis transporté au Val losque celle ci redevint Panthéon .

La nouvelle destinée de ce remarquable ensemble , avec magnifiques escaliers de pierre et rampes de fer forgé , permit de le conserver en bon état : une première restauration fut effectuée par Napoléon III , et après la construction du nouvel hôpital en 1979, d'autres travaux de restauration entrepris , en 1981 et surtout 1995 .

(1) Voir la nouvelle de Gertrud von Le Fort (die Letzte am Schaffort), le roman de Bernanos :" Le dialogue des Carmélites " , adapté au théatre par J.Hébertot, qui a inspiré à F.Poulenc un opera du même titre .

Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?

André Malraux y fut soigné dans les locaux des "gueules cassées " , et bon nombre de personnalités de France ou de de l'étranger , soucieuses de la qualité des personnels et de leurs performances techniques , y sont accueillies. La renommée du Val est universelle .
Jusqu'à maintenant étaient inclus : Ecole du Val de Grâce , soit l'ancienne école d"application de la Médecine et de la Pharmacie militaires fondée en 1852 ;la Bibliothèque centrale du Service de santé des Armées, deuxiéme bibliothèque médicale de France ; le musée du Service de santé des Armées , créé pendant la Grande Guerre .

Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?
Le Val de Grâce, monument historique et  emblème de l'excellence française ... pourquoi le fermer ?

En 2010 la Cour des Comptes , présidée par le socialiste Didier M igaud , juge le nombre des hôpitaux militaires trop onéreux , mais en 2013 l'actuel Ministre J.Y.Le Drian en refuse la fermeture en raison de leurs spécificités .

D'évidence , l'Education ex Nationale , dont les résultats ne nous font pas honneur , jouit a contrario de créations de postes et de classes .
La cible gouvernementale est ici double : elle étouffe à la fois un remarquable secteur militaire et un monument historique .
L'un comme l'autre ne sont ni séditieux , ni rebelles : la Grande Muette , et le Patrimoine .
Le flou volontaire demeure dans les projets de conversion , tout comme ce fut le cas pour l'Hôtel de la Marine , mais nous pouvons faire entendre notre voix .

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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 01:19
Cette femme fut sculptrice, les autres étaient peintres

Au cas où ses ayant droits s'en offusqueraient , gardons nous de respecter les consignes de l'Académie française et d'écrire sculpteur , cela ferait du bruit dans Landernau.......

Cette femme fut sculptrice, les autres étaient peintres

Contemplons ces images "hautes en couleur " selon la critique , sans définition pour la forme , parmi plus de deux cents offertes à notre perspicacité au Grand Palais

Cette femme fut sculptrice, les autres étaient peintres

Il parait que Catherine de Saint Phalle , née en 1930 , de mère américaine et de père français , était hostile à la société patriarcale et à la religion .

Cette femme fut sculptrice, les autres étaient peintres

Femme "libérée" en devenant Niki, (Sainte Catherine était docteur de l'Eglise ) elle put , en bobo convaincue , s'adonner à son divertissement favori et passer à la postérité à sa mort en 2002 .

Cette femme fut sculptrice, les autres étaient peintres

Le nom : Saint Phalle remonterait au 13 ° Siècle , noblesse de chevalerie ........

Vous nous permettrez de préférer celles qui l'ont précédée :

Artemisia Gentileschi 1593-1654

Judith et Holopherne d'Artemisia Genteleschi

Judith et Holopherne d'Artemisia Genteleschi

Elizabeth Vigée Lebrun 1755-1842

Duchesse de Caderousse

Duchesse de Caderousse

Berthe Morisot 1841-1895

Dans les blés

Dans les blés

Rosa Bonheur 1822-1899

Labourage nivernais

Labourage nivernais

La véhémence biblique d'Artemisia , la luminosité ardente de Berthe, la puissance sereine de Rosa , et le charme d'Elizabeth ne sont ils pas infiniment plus prenants que les caricatures infantiles de la vedette d'une société stérilisée ?

A vous de nous le dire...

FBR 15 octobre 2014

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21 août 2014 4 21 /08 /août /2014 00:19
Vendredi 15 août , fête de l'Assomption

Point culminant des migrations estivales et des incarcérations sur autoroutes , cette date devrait pourtant symbôliser la Dormition et l'Assomption ....
Mais les temps ont changé .....

Pourtant les media n'ont pu garder leur silence habituel quant aux persécutions endurées actuellement par les chrétiens , la prise de Mossoul et d'autres villes d'Irak par les djihadistes ont rempli certains sites de l'annonce du sort tragique de malheureuses prisonnières à Mossoul .

Il n'y a là rien de nouveau : elles ont été traitées comme les femmes occidentales prises de tous temps par les pirates "barbaresques " et vendues sur les marchés arabes , telles du bétail , pour garnir les harems orientaux ; Saint Vincent ,*** captif sur une de ces galères armées et lancées par les Ottomans depuis leurs bases d' Afrique du Nord et de Mediterranée , en a laissé le récit ; les hommes prisonniers étaient pour leur part attachés aux rames et fouettés à mort...

Vendredi 15 août , fête de l'Assomption
Vendredi 15 août , fête de l'Assomption

Cela , on ne le dit jamais dans les manuels scolaires de" l' hexagone " , odieux terme que certains emploient pour désigner notre pays .

Ce qui est nouveau , c'est la soumission des européens .

Car Charles Quint (la reconquista était achevée en Espagne ) orchestra tout au long de son règne la lutte occidentale contre l'expansion ottomane, vainquit à la tête d'une redoutable coalition la flotte turque à la bataille navale de Lépante en 1571 .

Victoire de la chrétienté sur les Turcs
Victoire de la chrétienté sur les Turcs

Victoire de la chrétienté sur les Turcs

Dans le même temps , les Ottomans , qui avaient islamisé une partie des pays occupés apres la chute de Constantinople , échouaient par deux fois à prendre Vienne , en 1529 , puis en 1683 , écrasés par Jean III de Pologne .


Ils subirent en 1770 , puis en 1827-28,la révolte des Grecs , auxquels la Russie et le poète lord Byron (mort à Missolonghi )apportèrent leur aide

Vendredi 15 août , fête de l'Assomption
Vendredi 15 août , fête de l'Assomption

Mais les razzias des pirates ne cessèrent qu'apres 1830, 1843 portrait duc d'Aumale avec la prise par les Français de ce qui est devenu en 1962 l'Algérie
et le début du XX° siécle parcheva l'effacement de l'empire ottoman .


Si vis pacem aide , para bellum .....

Or l'histoire recommence, autres theatres , autres acteurs , mais à la résisance contre l'envahissement et le prosélytisme ont succédé la tolérance , si ce n'est la bienveillance de l'UE , assemblage de bureaucrates , nouveaux adorateurs du Veau d'or et polichinelles de l'OTAN

Culture et civilisation ?..... il n'en est jamais question .

Vendredi 15 août , fête de l'Assomption
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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 22:11

 

Qui connait encore l'auteur de l'Astrée ? Qui a trouvé , dans son manuel de littérature , le nom d'Honoré d'Urfé ? C'est pourtant cette famille , quittant son chateau fort des "Cornes d'Urfé " , plus exactement Claude d'Urfé , bailly et gouverneur royal du Forez après le rattachement du comté à la couronne , compagnon de François 1er aux guerres d'Italie , qui construisit en 1535 ce manoir Renaissance , dans une paisible plaine irriguée par une gracieuse rivière , le Lignon , sur le chemin des monts du Forez , eux mêmes donnant accès à ceux du Livradois et à l'Auvergne .

 

Ci dessous le portrait d'Honoré d"Urfé et son domaine

 

 

Château Bastie d'Urfé

Château Bastie d'Urfé

Au bas de la rampe d'honneur , un sphinx de pierre dirige les visiteurs vers la chapelle que les seigneurs du lieu , fervents catholiques , ont installée dans le parc à la française : on peut y rechercher les ombres de Céladon et d'Astrée sa dulcinée , se rafraichir dans un grotte à coquillages et fontaine qu'aurait aimée Madame de Maintenon ,et admirer quelques tilleuls centenaires

Molière éternel en Forez
Molière éternel en Forez

C'est en cette "Bâtie d'Urfé" ** qu'une sympathique troupe ( Compagnie Roumanoff ) donnait ces derniers soirs le Tartuffe de notre cher Molière

Certes vous n'êtes assis que sur les chaises d'un amphithéâtre improvisé dans la cour d'honneur, la brise du soir ébouriffe vos cheveux , et la scène s'adosse contre le mur de façade qui tient lieu de décor , propice à d'adroits jeux de lumière ; et c'est là que je me remémorais , le crépuscule tombant sur ce témoin d'histoire de France, ces vers de notre subtil  Musset :

"J' admirais quel amour pour l'âpre vérité
Eut cet homme si fier en sa naïveté ,
Quel grand et vrai savoir des choses de ce monde ;
Quelle mâle gaîté si triste et si profonde
Que lorsqu'on vient d'en rire , on devrait en pleurer "

me demandant si les vers de début d"Une soirée perdue "de notre Musset

"J'étais seul , l'autre soir , au Théâtre Français
Ou presque seul ; l'auteur n'avait pas grand succès .
Ce n'était que Molière...."

     et je me demandais si un public dispersé n'aviverait ce chagrin que nous éprouvons à constater le déclin de notre culture et de notre pays

Main non !! C'était affluence , tous les âges , joyeux , impatients dans l'attente des trois coups , aussitôt silencieux ... Pas d'entre acte bien sûr , les gradins ne sont pas propices aux déplacements , et tant mieux , car l'attention ne fléchit pas un instant . Certes le consternant Orgon , si entiché de son "'pauvre homme, " si béatement berné , si irrité par les doutes de son entourage ,si colèrique , était il présenté sous son aspect le plus ridicule , dans la tradition de la farce . Certes Valère et Marianne étaient ils plus marivaudesques qu'enfants menacés , mais madame Pernelle, sans sa Flipote, avait tant de hauteur (trop ,peut être , car elle est dans le lot des dupes ) , mais la matoiserie du faux dévot ,ses sanglots contenus , ses prudes contorsions et ses rudes volte face , mais Elmire , si réservée dans sa séduction , captivaient le public , et Cléante servait son rôle avec une bienveillante pertinence .

La vedette s'avéra Dorine ,confidente bien plus que servante , avisé défenseur de la famille , savoureuse et hardie commère à voix bien placée qui sut se jouer du plein air . Quant à la célèbre scène de la table recouverte de tapisserie , elle ne donna pas lieu aux facilités comiques de la situation , rendit  aux paroles tout leur poids et resta  ce qui , en cet instant , devient tragédie : le père auteur de la ruine de sa famille .

Tartuffe

Tartuffe

Molière était bien servi et ....en costumes d"époque !, bien portés , tradition appréciée du public . Des soirées comme on en voudrait souvent.

fbr 20 juillet 2014

** au loin de là se trouve la château de Vaugirard , de même style ; une vaste chambre du Roi (François 1er y a dormi ) permet des concerts et des récitals , au milieu d'un vaste parc mi bois , mi prairies

La Bastie d'Honoré d'Urfé

La Bastie d'Honoré d'Urfé

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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 23:23
Comment sauver l'église Saint-Hilaire de Mortagne et ses vitraux des Guerres de Vendée

Vendredi 6 juin, nous vous donnons rendez-vous à Saint-Hilaire de Mortagne pour une conférence débat avec Guy Massin Le Goff… pour une action de sauvegarde de nos églises et dire un grand NON aux buldozers de Gesté !

Comment sauver l'église Saint-Hilaire de Mortagne et ses vitraux des Guerres de Vendée

Conférence à la salle Saint-Hilaire, près de l’église, rue du calvaire à Saint-Hilaire de Mortagne
Le président de l'Association « Mortagne Patrimoine de Vendée » lance un nouveau cri d'alarme pour la sauvegarde de l'église Saint-Hilaire de Mortagne. A son invitation 3 personnalités du patrimoine interviendront le vendredi 6 juin :


- Maxime Cumunel de l'observatoire du patrimoine religieux,
- Guy Massin-Le Goff, conservateur des antiquotés religieuses du Maine-et-Loire,
- Julien Bourreau, conservateur des antiquités et objets d'art de la Vendée

Les 3 intervenants répondront aux 2 questions suivantes, thèmes de cette soirée :
« Pourquoi et comment sauver notre patrimoine ?


L’église Saint-Hilaire de Mortagne est-elle un cas d’école pour la Vendée ! »

Comment sauver l'église Saint-Hilaire de Mortagne et ses vitraux des Guerres de Vendée

Vous souhaitez faire un don pour l'église Saint-Hilaire de Mortagne et sauver se vitraux des Guerre de Vendée !

Comment sauver l'église Saint-Hilaire de Mortagne et ses vitraux des Guerres de Vendée
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31 juillet 2013 3 31 /07 /juillet /2013 01:18
Nombreuses questions autour de l’incendie de l’hôtel Lambert

Alors que le bilan se précise, marqué essentiellement par la disparition du Cabinet des bains1, un des rares décors peints du XVIIe siècle subsistant à Paris, le seul d’Eustache Le Sueur encore en place intégralement in situ, de nombreuses questions doivent être posées à propos de l’incendie qui a ravagé une partie de l’hôtel Lambert (ill. 1 et 2).

1. Le contexte

Nous évacuerons immédiatement celle - non exempte d’arrières-pensées pas toujours avouables - de la légitimité des propriétaires.

D’une part, un hôtel particulier, par nature, est conçu comme une habitation pour un... particulier. L’hôtel Lambert est toujours demeuré dans le domaine privé et son achat par l’État ou par la ville de Paris, comme certains l’ont suggéré, n’était ni naturel, ni forcément une meilleure solution, non seulement en raison du coût, mais surtout parce que le caractère public d’un édifice n’a jamais été le gage absolu de sa bonne conservation. L’État a le devoir régalien de garder dans le domaine public les biens lui ayant toujours appartenu et faisant partie de son histoire, comme l’Hôtel de la Marine, ou comme le Pavillon de la Muette, construit pour Louis XV par Gabriel et actuellement scandaleusement mis en vente par France-Domaines, il n’a pas vocation à posséder tous les monuments historiques majeurs. On ne voit pas comment - et pourquoi - on pourrait empêcher des Qataris d’acheter un bien en France. (.../...)

Nombreuses questions autour de l’incendie de l’hôtel Lambert
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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 00:12
Ainay le Château

Ainay , beau nom que les lyonnais connaissent bien , mais qui ferait peut être oublier , et ce serait dommage , un autre Ainay, bourg médiéval traversé par la Mirmande , affluent du Cher , par la Sologne , et proche de la forêt de Tronçais , où des fûtaies de chênes et hêtres trois fois centenaires atteignent la hauteur de nos cathédrales .

Ce bourg , cité en 1136 comme Castrum aynaco , était l'une des chatellenies du duché de Bourbon , rattaché à la couronne de France en 1531 apres la trahison du mal famé Connétable . Marié à la fille d"Anne de Beaujeu , elle même fille aînée de Louis XI , il se distingue à la bataille de Marignan , ce qui lui vaut le titre de connétable , chef des armées du Roi .Mais sa collusion avec Henri VIII d'Angleterre et Charles Quint est cause du désastre de Pavie en 1525 et de la capture de François Ier. Tout est perdu , fors l'honneur "écrit le souverain .Charles III de Bourbon est desormais le symbôle même du félon ...

La commune peut s'enorgueillit de posséder un grand nombre d 'éléments classés , notamment dans l'Eglise Saint Etienne , et d'armoiries "d'argent aux trois pairles alésés de sable ".

Des fervents de ce patrimoine réunis en association organisent des visites et des manifestations auxquelles nos lecteurs sont invités , la prochaine le 19 juillet 2013 . "La plume et le pinceau " , Nous les félicitons de mettre ce témoin de notre histoire en valeur .

FBR 13 juillet 2013

Blason de la ville d'Ainay le Château

Blason de la ville d'Ainay le Château

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4 juillet 2013 4 04 /07 /juillet /2013 22:49
Apres l'Hôtel Lambert, l'Hôtel d'Evreux ...

Le Qatar ,ou Katar , tout petit pays où le revenu par habitant est le plus élevé du monde, pense déjà à l'épuisement de sa source de richesse , le gaz naturel , et place ses capitaux de manière judicieuse en Europe .


En France aussi , mais peut être pour des raisons ....psychologiques ?


Dans la longue liste des biens qu'il possède ,en parts ou pleine propriété , figure l'Hôtel d'Evreux , dont voici l'histoire , comme nous l'avons fait pour l'Hôtel Lambert .

C'est à Louvois qu'on doit l'idée d'une place monumentale dès 1680 , et à Hardouin Mansart le tracé octogonal et les plans des façades telles que nous les admirons aujourd'hui.Appelée d'abord place Louis le Grand , puis place des Piques sous la Révolution et enfin place Vendôme , elle fut ornée par Napoléon de la colonne d'Austerlitz .

En 1706 , le richissime financier Antoine Croizat , devenu trésorier des Etats du Languedoc, puis secrétaire du Roi qui l'annoblit ,déja propriétaire d'un hôtel - n° 17 - fit élever en ce lieu ce bâtiment n°19 - pour l'offrir à sa fille Agnès, douze ans , qui devait épouser Louis Henri de la Tour d'Auvergne , comte d'Evreux, trois fois plus âgé ; impécunieux , le marié devait , pour obtenir les charges qu'il briguait , posséder une résidence qui en fut digne , et les 3 000 000 de livres de dot de l"adolescente étaient les bienvenus pour construire en 1718 un autre hôtel qui deviendra , par cessions successives, l'actuel palais de l'Elysée . Triste histoire close par la mort précoce de la jeune femme , et le remboursement intégral de la dot au père, mais qui laissa ce nom célèbre au bâtiment conçu par l'architecte Pierre Bullet .

Le fils d'Antoine Croizat , marquis de Chatel , le fit remanier par Contant d'Ivry qui à son tour l'offrit à sa fille fiancée au duc de Broglie .De nombreux propriétaires ou locataires illustres se succédèrent ensuite, dont Casimir Périer quand l'Hôtel devint résidence des Présidents de la Chambre des députés jusqu'en 1862 , puis du gouverneur du Crédit Foncier créé en 1852

Hôtel d'Evreux PARIS

Hôtel d'Evreux PARIS

Les façades rue des Capucines , n°9 à 23 et place Vendôme , n° 19, 21 et 25 , celles de la cour d"honneur , de la cour avec hémicycle et le fronton sur le jardin , l'escalier, un salon et les plafonds sont classés .


Presque tous les hôtels de la place ont un passé aussi prestigieux , dont le n° 12 où mourut Frédéric Chopin , d'autres sont occupés par de célèbres joailliers ,ou par le Ministère de la Justice , n°13 .


Dans le registre des anecdotes , c'est au n°16 que Mesmer attirait tout Paris vers son baquet , et c'est au ministère précité que l'actuelle garde des sceaux s'est fait aménager , selon certains hebdomadaires , sa salle privée de gymnastique .


"ô tempora , ô mores ......"


Hôtel devenu hôtel de luxe, son destin rejoint ainsi , mais avec un passé dont on ne sait s'il survivra dans nos mémoires, celui du Louvre datant du second Empire , et le Royal Monceau des années folles, tous deux également propriété du Qatar .

Salle de Réception Hôtel d'Evreux PARIS

Salle de Réception Hôtel d'Evreux PARIS

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24 juin 2013 1 24 /06 /juin /2013 06:10

Marseille a été désignée cpitale européenne de la Culture pour l'année 2013
 
Il y a culture et cultures ...... qui ne se ressemblent pas toujours
Les manifestations prévues se mesureront à cette aune .
L'article qui suit , dont nous sommes redevables à Canal Académie , jette une lumière particulière sur cet évènement


FBR 24 juin 2013

***
 
Comment articuler Histoire culturelle et Histoire économique ? La réponse de l’historien américain Peter Miller dans sa communication, « La Méditerranée de Peiresc : ce que le XVIIe siècle peut enseigner au XXIe »
Retransmission d’une séance de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, sous le patronage de Marc Fumaroli

 

Lors de la séance du 31 mai 2013, L’Académie des inscriptions et belles-lettres a donné la parole à Peter Miller pour la lecture de sa communication consacrée à l’étude des archives de l’humaniste Peiresc (1580-1637), dont les 50 000 pages conservées à Carpentras, Aix, Paris et ailleurs en Europe donnent une nouvelle image de la vie quotidienne à Marseille au XVIIe siècle, de ses marchands et de ses voyages. S’appliquant à écrire l’histoire, sous l’angle double de la narration et de la recherche historiographique, Peter Miller revisite l’histoire de la Méditerranée et celle de ses prédécesseurs Fernand Braudel et Shelmo Dov Gotien.

 

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 05:15

Le-Monastere-De-Sainte-Catherine-Du-Sinai-Livre-ancien-8490Les lecteurs d'Hernani ont de bonnes plumes .

 

Merci à Jack Petroussenko pour ce récit , bienvenu en cette Semaine Sainte.

 

FBR, 27 mars 2013

 

 


 

 

 

st_cath.jpgDans sa tenue traditionnelle de bédouin du désert je l’aurais vu conduisant un chameau au milieu des sables, plutôt qu’une vieille land Rover qui arborait sur ses flancs « Natura Tours » en lettres majuscules. Il nous conduisait sur la route à deux voies bordée de ravins escarpés qui menait vers le mont Moïse, à si vive allure que j’avais du mal à rester assis sur une étroite banquette latérale, sans dossier, revêtue d’un mince tapis, devenue vite un effroyable tape-cul. Nous n’étions que trois passagers et notre guide, serrés dans cet habitacle étroit sans climatisation, partageant le même inconfort, traversant le désert du Sinaï vers le sud en direction du vieux Monastère de Sainte Catherine. Le siège confortable près du chauffeur avait été réquisitionné par un policier égyptien en civil. Il nous accompagnait parce qu’une américaine était parmi nous, qu’il était censé protéger, en raison d’attentats dans des villes voisines. L’américaine était l’épouse d’un suisse, par un jeu de passeports compliqué, mais au demeurant français tous les deux. Bien que secoués dans tous les sens, ils s’adressaient à moi, avec cette discrète condescendance qui sied à des gens bien élevés dans un certain monde. Le guide ,  un jeune égyptien ne parlait que l’anglais. Le départ avait été fixé à Tabba ,  station balnéaire égyptienne à la frontière avec l’état d’Israël. Nous devions avaler 450 km aller et retour, 150 km le long du bord de la mer rouge, puis 300 km dans le désert.

 

 

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Une fois quitté le bord de mer, notre guide dans un mauvais anglais, nous avertit qu’il n’y aurait plus d’endroit où acheter de l’eau. Qu’importe nous n’aurions pas soif ! A qui sait le regarder, le Sinaï n’est pas un désert comme les autres. Quelque chose rayonnait sur lui qui n’était pas le soleil dans le petit matin. Un monde minéral, et granitique au milieu de sables ondoyants, propres à apaiser toutes les angoisses. Monde fascinant de solitudes et de présences, de mort et de vie en même temps, lieu où vivent des hommes, bédouins, avec femmes, enfants et bêtes. Le Sinaï est un désert superbe et vivant, montagneux avec de vastes étendues de sable clair, des collines brunes, et des dunes ocres brûlées par le soleil, qui la nuit s’endorment dans le silence et le froid. Les ermites solitaires y passent leur vie, prient, meurent et laissent leur squelette où dorment les serpents. Le désert est sans doute un endroit où l’anachorète pense se rapprocher de Dieu. Il y reçoit l’infini dans l’immensité.

 

La route serpente au loin comme un long ruban et se perd au regard devant nous au milieu des convulsions de la terre et des sables ondoyants. De loin en loin on voit des bouquetins sur les hauteurs, des chameaux plus hardis qui se promènent et barrent la route. Pour passer il faut attendre qu’ils s’en aillent. Parfois on fait une halte en se gardant des scorpions jaunes dans le sable, que ne remarquent jamais les touristes. Notre guide nous met en garde contre l’herbe du diable qui empoisonne ceux qui la mangent. Seraient ces buissons verts, rares mais magnifiquement touffus, poussant au bord de la route, et au fond des oueds desséchés ? Surtout n’y touchez pas quand on s’arrêtera ! Nous contemplons encore de splendides et gigantesques plissements, que la terre dessine en courbes sinueuses plus ou moins rondes recouvertes de sables fins et d’amas de rochers. Une terre comprimée par des pressions  énormes, qui l’écrasent, la soulèvent comme de la pâte à pain, et dessinent des courbes comme des vagues, qui n’ont pas changé au fil du temps. Notre voiture poursuit sa course à vive allure, tandis que le paysage change au fur et à mesure que nous avançons. Voici qu’apparaissent des collines plus hautes, des rochers plus gros, et des terres, d’un autre brun, d’un autre rouge. Des arêtes plus aiguës, plus tranchantes et plus sombres, qui maintenant entourent des vallées plus encaissées, des montagnes abruptes et chaudes, au milieu desquelles la route s’insinue davantage, et  serpente entre des sommets plus élevés, au fond d’une vallée aride et profonde.

 

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Notre chauffeur roule si vite qu’on dirait qu’il court après le temps. La route est bonne, la voiture est mauvaise, mais peu à peu mon estomac s’est habitué, et mon corps s’est fait aux cahots de la voiture, comme ils se seraient prêtés au balancement d’un chameau. Les kilomètres s’égrènent. Soudain le guide signale que le Mont Sinaï apparaît à l’horizon proche, au milieu de nulle part, entre deux montagnes. Il culmine vers 2300 m. Nous arriverons bientôt au monastère, mais la montagne sacrée disparaît tandis qu’on s’approche, et que nous quittons la gorge qui s’élargit, pour arriver, au bout d’un long moment sur une vaste esplanade, où nous nous arrêtons. Le Monastère de Sainte Catherine est là, tapi quelque part derrière ces montagnes majestueuses et inquiétantes.

 

Catherine vivait au 4ème siècle après Jésus-Christ, et s’appelait Dorothée. Païenne et belle, elle apprit ce qu’une jeune fille riche devait savoir en mathématiques, médecine, philosophie, rhétorique, astronomie, poésie, lorsqu’un moine rencontré par hasard la convertit au Christianisme. Elle devint dés lors très pieuse et entreprit de convertir tous ceux qui l’écoutaient. L’Histoire dit encore qu’elle fut persécutée par les Romains, martyrisée et décapitée. Son corps disparut, mais selon la tradition il fut transporté par les anges au sommet de la montagne qui porte son nom, et retrouvé bien des siècles plus tard par les moines

 

Le territoire du monastère est un protectorat sous l’autorité de l’église orthodoxe grecque de Constantinople. L’entrée en est marquée par un panneau, que nous avons dépassé, et nous sommes depuis longtemps dans le territoire. Il faut descendre de voiture à cette halte de sable, bordée de chaos rocheux, située au bas d’impressionnantes pentes de granit sombres et lunaires, où montent d’anciens chemins de mules. Il y a quelques habitations, et des bédouins qui circulent sur leurs chameaux, l’endroit est plus fréquenté. Sur la piste de sable, des autocars stationnent plus loin, autour desquels se groupent des touristes dans ce désert où, en quête de spiritualité ,  on croit ne trouver personne. Le reste du chemin devra se faire à pied, malgré la chaleur. Est-ce loin ? Le guide ne répond pas. Au bout de quelques minutes, on accède à un chemin caillouteux bordé d’un ravin. Ce chemin nous mène au monastère. « Il est assez long » dit quelqu’un. Plus loin des boutiques, où des touristes se pressent, auxquels les bédouins, suppliants et rusés, proposent des cadeaux et des souvenirs. Le Monastère n’est pas encore atteint que d’autres, et même des enfants proposent de vous emmener à dos de leur chameau, harnaché, prêt à la photographie. Certains proposent même de rejoindre le Mont Sinaï, situé plus loin, et perdu de vue depuis longtemps. Pourquoi pas la promenade en chameau ? Je dis à mes compagnons de route que je suis tenté d’aller faire un tour perché sur cette bête. Mais le guide m’en dissuade. Pourquoi ? Il répond : « Le mont Moïse est loin, vous n’aurez pas le temps ». Ah le temps ! C’est lui qui nous manquera au cours de cette excursion. Au jeu du temps compté, Viviane et Bernard, le couple qui m’accompagne, seront d’impitoyables censeurs.

 

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Dans l’immédiat nous continuons d’avancer à pied vers des demeures de pierre. Comme par miracle dans cette aridité, apparaît une grande oasis de verdure et de fraîcheur, où se cachent ces demeures épaisses, un beau jardin d’oliviers, d’arbres fruitiers, sans doute des dattiers, de grandes plantes vertes, de fleurs, d’herbes diverses et abondantes, et de jarres qui recueillent l’eau de pluie. L’eau manque dans ce désert, mais il semble qu’ici on n’en manque pas. Le guide explique : « Ce sont les habitations des moines, et des servants du monastère. Elles sont confortables. Il y a aussi une hôtellerie très propre pour les pèlerins, de l’autre coté de la route ». Continuant d’avancer, au bout du chemin, après l’oasis nous arrivons au monastère, qui dort comme un diamant dans l’écrin de ce désert unique.

 

L' empereur Justinien 483 565 apres J.C.Le monastère est à première vue une petite forteresse, faite de lourdes pierres, de granit à la couleur du sable, pourvue de hautes murailles, de remparts, de créneaux, de guettes, et de fenêtres étroites, d’où les moines  pouvaient jeter de l’huile bouillante sur des assaillants. Elle fut construite au 6ème siècle Après J. C. par l’empereur Justinien. Malheureusement il y a beaucoup de monde à l’entrée pour visiter le monastère. Ce n’est pas le Louvre mais presque, Des russes, des polonais, des nippons, des chinois se pressent parmi les marchands arabes aux mains pleines de souvenirs, qui implorent qu’on leur achète quelque chose, des roses des sables ou des bibelots dont je m’aperçois qu’ils sont « made in China ». Made in “Shinaï” lancé-je narquois à l’un d’eux, pour ramener sur la terre mon esprit, déjà parti vers le Ciel. Ma plaisanterie le fait sourire, mais je ne sais pas si elle vraiment appréciée.

 

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reliques-ste-Catherine-2.jpgLe monastère, c’est lui que nous sommes venus voir, se trouve à l’intérieur des murs épais. Je le touche du doigt par superstition, pour être certain que je suis bien là. Nous avons chaud. J’avance dans une allée étroite, où des touristes déambulent, qui dans un sens qui dans l’autre, avides de voir un maximum de ce lieu magique, datant des premiers temps de la Chrétienté, bien avant le grand Schisme d’Orient (le monastère est donc orthodoxe). Je me dirige vers l’église, vers laquelle me pousse un petit groupe. Nous y entrons, par des portes en bois sculpté, qui datent du temps de la construction, et sont restées très belles. La petite église a la forme d’une basilique, qui est un émerveillement quand on entre à l’intérieur. En cet endroit brillent tous les ors, et scintillent les pierres précieuses de la terre. Elle rayonne dans la pénombre et la fraîcheur qui règnent à l’intérieur, transformée par la lumière un peu mystérieuse des cierges alignés sur des portes-cierges massifs et dorés, eux-même posés sur des tapis anciens éclairant la mosaïque de la Transfiguration, à peine visible au plafond. Le soleil l’illumine à certaines heures du petit matin, mais aujourd’hui, nous sommes arrivés trop tard. De pesants lustres de cristal et d’argent éteints pendent au plafond. Les touristes ne peuvent pas aller à leur guise, ils doivent respecter un circuit. Il leur faut passer d’abord au milieu de la nef centrale vers l’Iconostase, puis revenir et obliquer vers la gauche, où ils passent devant une relique de Sainte Catherine, un petit os gardé par un moine barbu. Derrière l’iconostase qui porte quatre magnifiques icônes anciennes ceintes d’or et d’argent, il y a deux sarcophages de Sainte Catherine. Il y en a un troisième dans une chapelle sur la droite de l’église mais on ne peut pas y accéder. Pourquoi trois sarcophages ? Lequel contient les restes de la sainte ? Le guide ne sait pas, et le moine ne comprend pas, il ne parle que le grec. Mais l’église se remplit, et il faut en sortir sans avoir la réponse. Nous voyons de loin, car la voie est barrée, de l’autre coté de l’église, de petites chapelles avec les restes des grands saints de l’église orthodoxe, Joachim, Anne, Cosme, Damien, Siméon le Stylite, et qui sais-je encore.

 

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Souhaitant mes réponses, j’avise un autre moine en sortant de la chapelle. Pour l’aborder, je prononce devant lui en Russe l’invocation pascale orthodoxe : « Le Christ est ressuscité » qui se dit dans les quarante jours suivant Pâques, et me fait reconnaître. Le moine devrait me répondre : « En vérité il est ressuscité » et m’embrasser trois fois, mais je n’obtiens pas de réaction. J’essaie de nouveau en Grec, et cette fois j’obtiens un vague murmure. Je n’insiste pas, peut-être n’a t’il pas compris, ou bien les moines doivent rester muets devant les fidèles !

 

Autel-Chapelle-Buisson-Adent.jpgEn sortant prés de l’ église, il y a la chapelle du Buisson ardent, accolée derrière l’autel principal, mais je tombe en arrêt devant le Buisson ardent, miracle et merveille, historique et biblique, reconnu par les trois religions du livre. Le Buisson est là depuis deux mille ans, visible, palpable, un peu en hauteur, bien vivant, volumineuse masse de verdure, devant laquelle je m’interroge : « Je croyais que Moïse avait reçu les tables de la loi sur la montagne ?  N’est ce pas sur le mont Sinaï  lui-même que Dieu aurait parlé à Moïse et dicté les tables de la loi. Non pas ici où nous sommes ? Bernard (j’apprend qu’il est juif) m’entend et me fait la leçon. « Relisez la Bible. Ce n’est pas sur la montagne, mais ici, en descendant que Moïse entendit Dieu lui parler dans ce buisson, et reçut les tables de la loi ! » Belle leçon de texte sacré ! Quelqu’un me dit qu’on n’a jamais réussi à faire pousser les racines de ce buisson ailleurs qu’en ce lieu.

 

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Je l’entends à peine, et je m’en vais un peu plus loin, mais les distances sont courtes, nous arrivons au musée, à la galerie des Icônes. Quel chemin ne ferait on pas pour voir la plus vieille collection d’icônes du monde, et les codex les plus anciens ? Il y a beaucoup de monde, et un gardien arabe retient le flot des touristes aux portes. Soudain elles s’ouvrent, et on nous fait entrer par petits groupes. Dieu me pardonne, si je joue des coudes au jeu du chacun pour soi. A l’intérieur, les icônes, sont nombreuses, du moins je l’imagine, car on dit qu’il y en a deux mille. Même si je ne les vois pas toutes je souhaite en voir le plus grand nombre, et les contempler à ma guise. Mais je m’aperçois qu’elles ne sont pas toutes montrées au public, et je n’en verrai qu’une centaine. C’est déjà beaucoup.

 

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Je m’arrête tout de suite émerveillé devant trois images, qui attirent dés l’entrée mon regard. Elles sont grandes, magnifiques et leur regard est immense. Un Christ Pantocrator, beau comme le jour, le regard lointain un peu divergent, indéfinissable, bénissant les évangiles, grande icône du 7ème siècle, merveille, que je resterais des heures à admirer si je le pouvais. Je pense à l’artiste qui l’a peint. On ne saura jamais son nom, il travaillait à la cire fondue. mais il vaut tous les Fra Angelico et tous les Véronèse. A coté de cette icône, celle aussi grande, de la Vierge Marie assise sur un trône tenant l’enfant Jésus, icône plus récente, et peut-être ancêtre de la Vierge du Signe. Plus loin une superbe icône de Saint Pierre, simple image d’un pécheur de Galilée, tellement humain qu’il en parlerait à ceux qui le contemplent, comme Sainte Théodosie icône plus récente. Et encore Saint Bacchos et Saint Serge sur leur cheval, des chefs d’œuvre qui datent du 13ème siècle. Enfin parmi les plus vieilles de l’humanité, on ne montre que trois icônes du  7ème siècle, la datation des autres commence au 11ème siècle. Il y en a certainement de plus anciennes ailleurs, dans le monastère, mais le public  ne les voit pas. Ce n’est rien ! Quelle que soit leur datation, elles sont toutes plus belles les unes que les autres, ce sont de véritables chefs d’œuvre. On comprend pourquoi le monastère est inscrit au patrimoine mondial.

 

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Je continue de progresser, et des vitrines éclairées devant moi m’attirent, avec des parchemins enluminés, ainsi que plusieurs Codex en Grec ancien ou dans des langues disparues et indéchiffrables, et parmi eux le plus vieux, datant du 5ème siècle, le Codex Syriaque avec le texte de la bible. Je vois plus loin dans d’autres vitrines de très antiques et vénérables vêtements sacerdotaux, des ornements d’église, des habits d’évêque. Ailleurs les vitrines protègent des coffrets à bijoux, des crucifix, des médailles, des ostensoirs, des patènes, des calices, de petites chasses en or admirablement ciselées, des statuettes, des encensoirs, faits de métaux précieux et de pierres rares. Une superbe patène dite du partage du pain, en or et argent retient mon admiration. Et tant d’autres trésors en plein désert ! Je ressors ébloui, vaincu par la spiritualité et le travail  des hommes d’autrefois qui avaient le sens de la beauté des choses !

 

 

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Poursuivant ma visite je tombe en arrêt devant une page (ou une copie) du testament (ou d’un édit) de Mahomet. Ce texte écrit de sa main (ou sous sa dictée) est un texte solennel protégeant le monastère, et incitant les Musulmans à respecter, et à honorer les moines du désert du Sinaï jusqu’à la fin des temps. Divine surprise ! Autrefois les religions se combattaient s’entretuaient, mais se respectaient. Une pensée me saisit aujourd’hui quand le monastère est classé dans le Patrimoine mondial, cet écrit du Prophète le protégera t’il des extrémistes ? Dieu lui-même le pourrait-il contre la folie des hommes ?

Autre surprise je vois accrochée sur le mur une lettre de la main de Bonaparte, pendant sa campagne d’Egypte, promettant également la conservation, la restauration et la protection du monastère. Cet homme avait du bon !

 

Nous sortons du musée, il faut laisser la place. Je souhaite aller ailleurs dans le monastère, voir ce qu’il reste à voir ! Mais aujourd’hui l’ancien réfectoire avec ses fresques murales très anciennes n’est pas ouvert au public. La bibliothèque qui contient des centaines (et même des milliers) de livres, de documents anciens, certains découverts récemment, est fermée. Levant les yeux vers le clocher, dans lequel on ne monte pas car il est en restauration, je vois surgir, à mon grand étonnement, le minaret d’une mosquée situé tout près de lui ! Personne ne m’expliquera si cette mosquée rappelle le souvenir d’un calife ancien, bienfaiteur méconnu, ou l’occupation du lieu après une guerre tribale. Je passe sans entrer devant l’ossuaire rempli de cranes et d’ossements, où l’on dépose le corps des moines morts du monastère. Seul le jardin visible de l’extérieur, est étonnamment vert, et agréable à voir, dernier avatar de l’oasis que nous allons quitter.

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Je sors du monastère et de la forteresse, les yeux pleins de ces trésors d’un autre age, et l’esprit élevé de ce qu’ils représentaient. Un jour l’Esprit a soufflé sur la glaise. Comment ne pas renaître dans de tels endroits, avec une telle histoire, devant de tels objets ? Mon enthousiasme par ce que je venais de contempler, était plus grand que ma déception par ce que je n’avais pas vu. Si j’avais su parler aux moines, si les moines avaient su parler le Russe, la visite aurait pu être différente !  Qu’importe, je suis venu et j’ai vu, je reviendrai.

 

Dehors il fait chaud, avant de partir je souhaite photographier les alentours, le Mont Moïse qu’on ne voit pas du monastère, mais je n’en aurai pas le temps. Bernard et Viviane gardiens vigilants du temps qui passe me le rappellent. Il faut aller déjeuner et revenir à Tabba. un restaurant nous paraît acceptable non loin du monastère. A table, Viviane dit : « Surtout ne mangez pas de ces crudités, vous allez attraper la turista ! ». Je repousse mon assiette, mais je la vois manger avec appétit deux cuisses de poulet à la purée, je la mets en garde : « Attention à la grippe aviaire, l’hygiène laisse à désirer dans la région. » Inquiète, elle repousse son assiette. Nous sortons du restaurant, à peine calmés par des légumes cuits et un café. Dommage, le repas était compris dans le prix de l’excursion ! Heureusement nous avons eu à boire.

 

Symbole des Croisés sur les murs de l'enceinte du monastère

 

L’excursion se termine, la voiture nous attend, et il faut revenir. Nous grimpons à grand peine, et partons sur le chemin de retour.

 

….....

Au bout de deux heures, après que nous ayons quitté le désert et rejoint le bord de mer, notre guide annonce une halte chez l’habitant, pour nous montrer une maison de bédouin, (qui ne sont pas tous nomades) dans un village de la côte. Sans nous le dire il nous dirige vers l’habitation de notre chauffeur, toujours dans son habit du désert, souriant, et s’exprimant en Anglais. Heureux de nous recevoir chez lui, il en devient bavard, comme notre guide depuis que nous avons quitté le monastère où il avait gardé le silence. Il habite un joli village, sa maison est modeste où il vit avec femme et enfants. La femme est voilée, mais il n’en a qu’une, enceinte de son 6ème enfant. Ici on ne voit aucun meuble, ni chaise, ni table, ni lit. Il n’y a rien sauf des tapis, sur lesquels tout le monde vit, et dort par terre. Il y a seulement un réfrigérateur et un téléviseur. La propreté n’est pas absolue, mais l’hospitalité ne manque pas. Il nous invite à prendre une collation. Contents de ce goûter inattendu, nous sommes obligés de nous asseoir par terre sur les tapis.... On nous sert du café,  ou du thé à la menthe, et on nous fait manger des crêpes de sarrasin, une spécialité maison. Viviane et moi nous nous regardons sans rien dire. L’accueil nous plait mais il y a un petit piège que nous n’avions pas vu venir. Avant que nous partions de chez elle, la femme de notre chauffeur nous présente des bijoux en fausses perles, des boucles d’oreille et des colliers en pierres du pays, qu’elle enfile et qu’elle vend. Ils n’ont pas grand intérêt sauf de faire plaisir à nos hôtes. Ce sont des objets égyptiens, au moins ils ne sont pas chinois. Par courtoisie nous en achetons, dont nous ferons cadeau à nos enfants et à nos petits enfants, en souvenirs d’une belle excursion.

En voiture, après avoir distribué les traditionnels pourboires aux gens qui nous accompagnaient, le soir à Tabba, nous nous sommes retrouvés à notre point de départ, et vint le moment de prendre congé de mes compagnons d’un jour. En les quittant je dis à Viviane et à Bernard : « Au revoir, on se retrouve l’an prochain à Jérusalem ? » proverbe juif traditionnel, que je ressors de ma  mémoire. Je les ai fait  rire !

 

Jack Petroussenko

 


 

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