C'était il y a presque 500 ans Ronsard
Pierre de Ronsard (1524 -1585)
France de ton malheur tu es cause en partie,
Je t' en ai par mes vers mille fois avertie.
Tu es marâtre aux tiens, et mère aux étrangers
Qui se moquent de toi quand tu es au danger,
Car la plus grande part des étrangers obtiennent
Les biens qui à tes fils justement appartiennent.
Les amis d'Hernani sont des poètes, et ils ont des lettres
PREMIER AOUT
J'ai deviné la joie des anges
Battant l'écume de l'espace
C'était du soleil en vendange
Comme des grappes qui s'enlacent
C'était un parfum d'incendie
M'illuminant je ne sais d'où
Comme un été en paradis
Faisant la fête au premier d'Août
Dans le ciel parfait de Gaillac
La palette de vert et bleu
Inventait le paradisiaque
L'arbre en feu s'élançait du sol
Comme en un rite fabuleux
Parlant de Dieu par l'auréole
L’eau de la fontaine
DONQUICHOTTERIES
Un jour, chez les Dupont où j’étais de sortie,
Madame eut des mots rudes à son très cher mari.
Lequel lui renvoyait sur un ton fort poli,
Diverses choses aimables en longue litanie.
Si bien que le dîner, tout en casus belli,
De reproches en griefs sans trève fût rempli.
Etienne, lui aussi, étant leur invité,
Aussitôt enchaîna sur ces difficultés
Etienne est un ami. Un ami de trente ans.
Resté célibataire, il a toujours le temps.
Le temps pour discourir, se distraire ou jaser,
S’aérer ou flirter, voyager, musarder.
Sur le mariage il tient des propos sarcastiques,
Que maints de ses amis jugent philosophiques,
Mais que d’autres, en envieux ( ?), qualifient de caustiques,
Et quelques belles aussi, d’affreusement cyniques.
Telle la blonde Inès, rouge d’indignation,
Qu’il prend malin plaisir à sortir de ses gonds.
« Le mariage, dit-il, est une prescription,
Qui pour les sociétés, régulait les passions.
Mais il fût inventé il y a si longtemps,
Que notre espoir de vie n’atteignait pas trente ans !
Qu’en est-il aujourd’hui où l’on vit centenaire ?
N’est-il pas obsolète, pour jusqu’au cimetière ?
C’est pour cette raison qu’il fait vieux comme Hérode,
Qu’on aime l’union libre ou les PACS à la mode,
Que la fidélité paraît aux antipodes,
Et le divorce simple, une sortie commode.
De fait de société, le mariage est changé,
En jeu de satiété, en mirage affligé.
Poèmes pour l’amour, prose pour le mariage
Nous déclara Etienne en jouant les grands sages.
Au moment du contrat, s’il faut vraiment choisir,
Prenez séparation ; des cœurs et des loisirs.
Mariage plus vieux : mariage bienheureux.
Voilà un bon prétexte à repousser ses vœux,
Et quel que soit le temps, les remettre aux calendes,
Les grecques ou les romaines, en gardant la légende.
Quant au mariage blanc, c’est de toutes couleurs,
Qu’endurent les conjoints découvrant leur malheur.
« Le mariage, dit-il, qui doit être duo,
Se tourne vite en duel et devient lamento.
S’il est indissoluble en toutes religions :
C’est, à perpétuité, une condamnation !
Dans sa grande sagesse, ainsi l’église évite,
De voir en une vie, cette erreur reproduite.
Si les filles à marier pensent à convoler,
Celles qui y arrivent, aspirent à divorcer.
Elles ont cru que l’ennui, à deux serait moins rude,
Espérant que le temps nierait la lassitude.
Les doux liens du mariage en fait seraient les cordes,
Pour que les deux mariés, en se pendant s’accordent … »
« Un bel enterrement est certainement moins triste,
Qu’un mariage d’amour aux espoirs utopistes.
Les déceptions à deux sont charmes de mariage. »
Professait mon Etienne clairvoyant, tel un mage.
« Les couples croient qu’ensemble elles sont supportables ?
Ils voient bien qu’au contraire, elles sont redoutables !
Et que les différents semblent inconciliables,
Quand le temps les révèle et sans fin les accable.
C’est donc que le mariage est pour l’homme péché,
Un des sept capitaux ainsi qu’il est prêché.
Ses chaînes sont trop lourdes à soulever à deux ?
C’est qu’il faut être trois pour les soulever mieux !
C’est l’art de vivre ensemble aussi heureux que seul
A dit un philosophe aussi gai qu’un linceul.
Il avait des raisons car, ayant essayé,
Il en avait conclu que pour s’en libérer,
Du divorce les liens sont bien indissolubles
Et jusqu’à votre mort ne sont pas résolubles. »
L’église et la mairie, pourquoi ce double nœud ?
Pour toute chance ôter d’évasion à l’un d’eux !
« Epouser une veuve ? C’est vaine solution :
Aucune garantie : mariage d’occasion.
Seule une épouse aveugle, avec un mari sourd
Peut parfois réussir à prolonger l’amour.
Seule consolation pour les mariés piégés :
Plaindre leurs bons amis qui les ont imités.
Mais tout cela finit par filtrer, se savoir,
Et chacun se méfie et ne veut plus y croire.
Le mariage fait peur, on préfère un essai.
Pourtant, une fonction aspire à ses bienfaits,
C’est celle des curés qui désirent ardemment
Le bonheur d’un calvaire évalué naïvement !
Leur sacerdoce aveugle et aggrave leur cas.
On a toujours envie de ce qu’on ne sait pas ! »
Ce sont là les leçons de vraie lucidité,
Que proclamait Etienne avec autorité.
La soirée se finit sur son constat austère,
Qu’il formula ainsi comme chez un notaire :
« Le mariage est un bail pour un très long banquet,
Mais c’est par le dessert qu’on vous fait l’attaquer. »
Tout juste un an après ce dîner chez Dupont,
Je reçus une lettre et une invitation.
Sans peine, on y voyait l’écriture d’Etienne,
Qui pour cet occasion, ordonnait que je vienne.
C’était à un mariage et j’étais sur sa liste :
C’était celui d’Inès avec ce vieux machiste…
Droits réservés
Jacques Grieu
Mutisme
Le ciel pâle se tait,
Sous la voûte, je le sais,
Le silence des cieux
Répondra à l’aveu
De mon terrible doute…
Car…
Ce ciel est silence
Ce ciel est sentence ;
Ce ciel d’indécence
Ose l’impuissance !
"Coucher de soleil à Etaples " d 'Eugène Boudin
Mon cœur cogne et se tait,
Tant il souffre et il sait :
Que la joie dans tes yeux
S’éteindra comme un feu
Que noie un ciel qui goutte…
Car…
Ce ciel tout silence,
Ce ciel d’insolence
Tance ma souffrance
Qui prie sa puissance
De tarir mes doutes…
Orgues souveraines, vous souvenez-vous ?
Orgues souveraines,
Graves voix du temps,
Vous souvenez-vous
Quand ils sont venus
Crier dans nos rues
La mort et la haine,
Vous souvenez-vous ?
Orgues Elyséennes,
Dompteuses du vent,
Vous souvenez-vous ?
Ils ont déchiré
Mes chairs à mains nues
Et mon cœur à cru
Brandi aux nuées…
Vous souvenez-vous ?
Orgues si lointaines
Qu’à peine j’entends,
Vous souvenez-vous ?
Il fallut s’enfuir,
Souffrir leurs huées
Et leurs doigts pointés
Pressés de proscrire,
Vous souvenez-vous ?
Orgues prétoriennes
Au souffle de sang,
Vous souvenez-vous ?
Vous écrasiez
Les saints et les Anges
Avec nos louanges
Sous vos chars d’acier,
Vous souvenez-vous ?
Orgues souveraines,
Voix grasses du temps,
Vous souviendrez-vous
Quand nos glaives nus
Tueront l’imposture
Dont la lymphe impure
Giclera aux nues,
Vous souviendrez-vous ?
Deux poème du dernier recueil « Par la face Nord » paru en juin 2010 chez Yvelinéditions à commander chez l’auteur :
Georges Clément
2bis chemin de la grande brèche
78120 Clairefontaine