De « Piss Christ »
De l’art dit contemporain
Du blasphème
Les catholiques ont enfin montré quelque fermeté devant l’injure. Mais lesquels et pourquoi si tard ?
A la lecture des journaux et à l’écoute des radios et télévisions on se fait une idée sulfureuse de monseigneur Cattenoz, évêque d’Avignon qui ne dit que ce que le Vatican dit : on ne doit pas laisser le Christ insulté sans réagir, ce serait forfaire. Cependant est sulfureux pour la gauche au pouvoir (Mais si mais si) c'est-à-dire relevant de l’enfer, tout ce qui refuse l’insoutenable, tout ce qui refuse l’avilissement et l’atteinte au sacré.
C’est ainsi, lorsqu’ils constatent que le cadavre de la France bouge encore, que les héraults de la gauche médiatique, c'est-à-dire de TOUS les organes de la presse officielle, crient au loup et assènent leurs « vade retro satanas », comme de bons exorcistes qu’ils sont, prêtres de l’anti-sacré, religion exigeante et dont l’inquisition irait aux bûchers si elle avait les mains libres.
Mais au fait, pour eux, de quel problème s’agit-il ? Défense de l’art dit contemporain ? Attaque du catholicisme, et au-delà du christianisme ? Blasphème ?
Ce que ne semblent pas comprendre ceux-là même qui manifestent contre l’exposition d’Andres Serrano en Avignon, c’est que l’art dit contemporain, conceptuel, n’est ni de l’art ni contemporain (la pissotière de Duchamp fêtera bientôt son centenaire) mais qu’il fut dés l’origine et continue de n’être Que blasphème.
C’est sur le blasphème qu’il fut conçu. Il fallait que n’importe qui pût se dire « artiste » et pour cela faire la nique aux grands artistes. « Tout est art » correspond au slogan de 68 « Il est interdit d’interdire ». Pour que l’égalité fut et soit, il fallait que chacun vaille Michel Ange ou Delacroix, et pour ce faire, pour qu’un « Demeuré » quelconque montât au pinacle il fallait abattre les idoles, se moquer d’elle au lieu de tenter de les égaler, les ridiculiser, en un mot blasphémer.
Pourquoi ?
Parce que le grand Art est forcément sacré, l’absolue Beauté du monde et l’absolue laideur de la mort impliquant le sacré. Et l’art, reflet du Bon selon Platon, tente forcément d’approcher la divinité comme Icare le soleil jusqu’à s’en brûler les ailes comme lui, ou comme Bernard Palissy brûla ses meubles, ou comme Michel Ange jeta de dépit son ciseau de sculpteur au pied de la Piéta en s’écriant « Mais parle donc ! ». L’insatisfaction est le signe de l’artiste, or ceux là qu’on nomme ainsi dans ces cercles contemporains sont la satisfaction béate d’eux-mêmes, c'est-à-dire des non-artistes.
Aussi, quand on sait que des princes de l’Eglise – celle là-même qui sauva l’art en occident en acceptant les images comme échelle pour le peuple afin qu’il pût accéder, par le Beau, au divin – des prélats donc, eurent récemment l’audace ou l’incurie de commettre un fascicule à la gloire de l’art dit contemporain (qu’ils appelaient d’avant-garde ce qui ne trompe guère quant à l’idéologie sous-jacente les animant) et par là ne firent rien d’autre que monter dans le train du blasphème dont ils craignait que la porte leur fut fermée, on reste pantois !
Car cet ensemble « d’installations » - de l’étron ou la mise en scène d’embryons avortés, au Christ dans le bocal d’urine d’Avignon – est un monde d’insanités – au sens propre – voulues, se voulant « messages » quand il ne sont qu’immondices ou prosaïsmes sans âmes, et dont le projet est de détruire le Beau pour permettre la mise à mal du Bon et du Bien afin que nulle tête ne dépasse plus et que l’entropie s’installe enfin.
La défense de l’Art passe par le refus du blasphème et sa mise à mort, mais ce combat ne doit pas se produire uniquement lorsqu’on se trouve en présence d’une icône chrétienne détournée et avilie, il doit être une guerre de chaque instant jusqu’à ce qu’éclate le grand cri libérateur : Le roi est nu !