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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 14:13

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De l ' état d'esprit de notre  temps , qui n'aurait rien à voir avec  le progrès , mais avec une euthanasie anticipée , celle de notre langue .

 

 

Les dialectes et langues régionales , issues de langue d'hoc  et langue d'oil , sont un patrimoine précieux et souvent savoureux , et c'est un plaisir d'entendre des "anciens ' s'exprimer encore ainsi , souvent avec malice . Nous  les apprécions et les soignons comme une  armoire bressane , un pétrin provençal ou un homme debout vendéen .

 

Mais nous avons appris au lycée que François 1er , soucieux d"assurer l'unité linguistique de notre pays , publia l''Edit de Villers Cotterets  en 1539 . Dans ce même esprit , Louis XIV  confia  à Lully la charge de créer un Opéra français , contre la prépondérance de  l'Opéra italien par la langue et la musique ; combat que poursuivit avec succès  J.Ph. Rameau contre le tenant adverse , le gènevois J.J.Rousseau .

 

Nous avons dénoncé dans ce blog l'amenuisement des heures d'étude du français dans le primaire et le secondaire , et l'introduction insidieuse  de l'anglais dans les cours des grandes Ecoles . Cela relèverait il  du projet contraire à celui des rois de France ?

Une langue qui disparait est bientôt une langue morte . Le pire nous attend t il?

 

 

Maitre de conférences à Paris XII , Yvonne Bollmann  , auteur de "La bataille des langues en Europe " ( Bartillat 2001 ) , a réagi à l'ouvrage de MM.A.Jung et J-J.Urvoas , députés socialistes : "Langues et cultures régionales : en finir avec l'exception française" (fondation J.Jaurès ,  janvier 2012 )

 

Extraits de son commentaire :

""Dans Langues et cultures régionales, En finir avec l’exception française, les députés PS Armand Jung et Jean-Jacques Urvoas crient au scandale parce que la France, qui a signé la charte européenne des langues régionales ou minoritaires, ne l’a pas ratifiée. Ils ne disent pas que 7 autres des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe sont dans ce cas, dont l’Italie. Ils ne disent pas que 14 d’entre eux ne l’ont pas signée, dont la Belgique, pour qui l’entrée en vigueur de la charte serait l’arrêt de mort. Notre pays apparaît comme unique accusé .

 C'est un procès à l'Histoire de France .

Armand Jung et Jean-Jacques Urvoas affirment, non sans raison,  qu’ « au commencement était l’Etat », et parlent d’un « processus de construction de l’entité nationale sans équivalent dans le reste de l’Europe ». A titre de contre-exemple,  ils évoquent l’Allemagne et l’Italie, qui seraient « la concrétisation d’un grand dessein populaire », non « le fruit d’une ambition territoriale initiée par quelques roitelets francs du VIème siècle et inlassablement poursuivie des siècles durant par leurs successeurs ». ...........

En remontant jusqu’à l’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539, les deux auteurs  créent de la « profondeur de champ historique », et esquissent une généalogie du « traitement si particulier, et de fait sans équivalent dans le monde occidental, de la question des langues régionales » en France. Mais au lieu d’y puiser pour assurer la pérennité de notre Etat-nation un et indivisible, ils tremblent à l’idée qu’ils sont les héritiers d’une histoire spécifique, des représentants de l’ « exception française ». ....

 

A l’article 2 de la Constitution de 1958, qui reconnaît l’égalité des citoyens sans distinction de race ni d’origine, Armand Jung et Jean-Jacques Urvoas préfèrent la définition européenne et internationale du principe d’égalité, pour « un traitement égal des situations identiques » et « un traitement différencié des situations dissemblables ». ....

L’« interprétation stricte du principe d’égalité », quoique gage d’émancipation à caractère universel, n’est pour eux qu’un obstacle à l’existence de minorités culturelles ou linguistiques sur notre sol, « puisque tous les Français sont égaux ». Ils semblent  ne pas vouloir d’une ambition politique aussi exigeante........Ce déni, fort paradoxal sous la plume de socialistes...., sera institutionnalisé , en cas de victoire , par François Hollande, qui s’est engagé à faire ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires. L’enjeu de ce texte n’est pas seulement d’ordre linguistique. Il s’agit de faire adopter , par le biais de la charte , le principe ethnique sur lequel est fondée la convention cadre pour la protection des minorités nationales du Conseil de l’Europe......................

Les deux auteurs énumèrent des  « avancées significatives dans l’Education nationale » en faveur des langues et cultures régionales après « la rupture de 1981 ». L’une d’elles, où l’on peut voir plutôt une régression historique, fut qu’en Alsace, à partir de 1985, l’allemand a été « considéré comme une langue de France ». La création, depuis, d’eurodistricts transfrontaliers, qui accolent la région au Pays de Bade au sein d’un « espace du Rhin supérieur », constitue l’expression territoriale de ce phénomène linguistique. La ratification de la charte des langues par François Hollande accélèrerait le processus, là, et aux autres frontières de la France.

L'exception française ...., c'est refuser qu'une langue régionale  soit considérée comme langue de la République au même titre que le français  ; la France doit refuser d'apparaitre au banc des accusés ^pour non conformité à l'ordre ethn ique .....Dans le monde d'aujourd'hui , déchiré par les conflits ethno-linguistiques, sa position a-ethnique est d'avant garde ""

 

ndlr  . Madame Bollmann , parfaitement consciente des tentatives de fracturation linguistisque de notre territoire national (Catalogne, Alsace , Corse ) à plus ou moins longue échéance , ne parle pas des  populations nouvellement arrivées en France, en certains lieux fortes minorités ou majorités naissantes , et qui , refusant de s'intégrer ,  ou dans l'incapacité de le faire, revendiqueront éventuellement l'emploi de leur langue d'origine comme langue officielle .

 

 

 

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commentaires

B
<br /> <br />
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C
<br /> une question me turlupine après avoir lu Mme Bollmann. Puisque le français est la langue de la république, doit-elle cesser d'être celle de ceux qui pense que la république rime avec<br /> déclin ?<br /> <br /> <br /> A trop clamer que le français est la langue de la république, on finira par en degoûter ceux qui ne sont pas républicains.<br /> <br /> <br /> M. Corcelles<br />
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R
<br /> J'ajouterais un argument : le français est une grande langue de civilisation, une grande langue de culture et une grande langue<br /> scientifique et technique, ce que ne sont aucune des "langues" régionales. Y a-t-il des ouvrages de mathématiques supérieurs, de physique nucléaire, de sociologie en breton ? ( ndlr , ou<br /> catalan , corse ou alsacien ) Homère, Cicéron, Dante, Goethe, Chateaubriand, ... ont-ils été traduit en "breton" ?  Si les "langues régionales et minoritaires" devaient<br /> prendre le dessus sur le français, c'est l'anglais qui deviendraient la langue vernaculaire (c'est l'intention cachée des promoteurs de la charte en question). En ce sens, les "langues"régionales<br /> et le français ont destin lié (il est amusant de voir qu'il n'y a plus qu'un seul endroit au monde où on parle encore le gênois, c'est en Corse, non à Gênes !<br />
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