Orange au lieu d' Avignon  , nos lecteurs ont corrigé d'eux mêmes cette coquille  figurant encore dans une partie du texte relatif  à la représentation du Mariage de Figaro d'Aix en Provence .

Il est évident que les Chorégies d'Orange ne sauraient ressembler au , non pas sulfureux , mais filandreux festival d'Avignon , qui vient de se distinguer encore avec " La Mouette " de Tchékov  , mise en scène que nous n'aurions même pas relevée , pas plus que la récidive versaillaise d'art moderne , avec la féministe Vasconselos , dont le chef d'ouvre , "La fiancée ",  composé de tampons hygèniques !  , a tout de même été refusé !  Mais cette faute de frappe nous donne l'occasion de citer la critique d'un expert non suspect de conservatisme :

" Cette 'Mouette ' suscite un malaise .....L'hémorragie du public , le soir de la première , n'est pas dûe au froid .La [mise en scène ] d'Arthur Nauzyciel suscite un malaise lié , non à la noirceur du propos , au décor de houille et de métal qui brûle l' image d'un Tchékov doux-amer , mais dans la rupture avec un certain théatre des âmes où les personnages sont le miroir de nos angoisses.....La psychologie passe au second plan....et le jeu force le trait . Un superbe plateau .....Mais notre Tchékov a besoin d'autre chose  " .

Antonio Mafra . La Tribune Le Progrès dimanche 22 juillet 2012 .

De profundis .

Cette formule va  cette fois  trouver son juste emploi , pour quatre décès que nos si formatés media , diserts à propos de ce qu'on appelle  "les bleus ", n'ont signalés  qu'en même pas trois mots .

Le peintre Georges Mathieu d'Escaudoeuvres ,  né en 1921 , nous a quittés 10 juin 2012 .

Membre de l 'Académie des Beaux Arts ,il a souvent fait référence dans  ses oeuvres à l'Histoire de France   , entre autres :  le couronnement de Charlemagne , les Capétiens sont partout , Hommage au Maréchal de Turenne , Délivrance d'Orléans par Jeanne d'Arc (céramique ) , A la France  (tapisserie d'Aubusson ). Sollicité   dans le monde entier,  il fut apprécié par André Malraux , mais connut l'hostilité de J.Lang  .Son pamphlet "Le massacre de la sensibilité " de  1994  fut d'abord refusé par quatorze éditeurs   , car il dénonçait déja  la dérive artistique et culturelle qui nous frappe .

La pianiste Brigitte Engerer , née en 1952  , a succombé à la maladie le  23 juin 2012 .

Lauréate du Concours Marguerite Long ,elle a  travaillé , après ses études au Conservatoire de Paris , au Conservatoire Tchaikowski de Moscou  ;  ses interprétations  portent la marque de l'école russe de piano . Elle fut  l'invitée de Herbert von Karajan au Philharmonique de Berlin et joua  sous la baguette de Daniel   Barenboim et Zubin Mehta . C'était une passionnée de musique de chambre .

L'écrivain Robert Sabatier né en 1923  , s'est éteint le  28 juin 2012 .

 Membre de l'Académie Goncourt et de l'Académie Mallarmé , auteur d'une Histoire de la poésie francaise , il était authentiquement  auvergnat (même s il est né à Paris  ),  comme Blaise Pascal , Emmanuel Chabrier ,  Valery Larbaud , Henri Pourrat , Alexandre Vialatte . Chacun de nous gardera  le goût des   noisettes sauvages et des villages de pierre rude où Olivier apprend la vie .

Dietrich Fischer von  Dieskau , né en 1925 , s'est tu le  18 mai 2012 .

  Ce baryton , merveilleux par le timbre , le phrasé , et l'intelligence du texte musical  , possédait  une sensibilité  que seul le Français Gérard Souzay avait exprimée  dans Gabriel Fauré . En un temps où l'on prend le nombre de décibels pour du chant , il faut se souvenir de son  splendide Amfortas  à Bayreuth ,   d'un  Comte Almaviva inégalé  ,et d' un impressionnant Don Carlos .

Sa rencontre avec Furtwängler  fut décisive. Il  a chanté avec les plus célèbres chefs  de notre époque  , ou accompagné des plus grands pianistes  , et a donné sa notoriété à la création du Saint François d'Assise d'Olivier Messiaen . Mais je l'aime particulièrement dans les lieder du bouleversant Franz Schubert , notamment accompagné par Alfred Brendel   .A ces qualités musicales il ajoutait une finesse et une distinction aujourd'hui en voie ...de disparition ?

Rappel 

Maurice André , né en 1833 dans une famille de mineurs d'Alès, nous avait quittés le 23 février . Il avait mené ses études musicales tout en travaillant quatre ans à la mine  . Exceptionnellement doué , au jeu à la fois profond  et éclatant  , il était mondialement connu et apprécié des plus grands chefs de ce temps ,   assurant aussi ses fonctions de professeur au Conservatoire de Paris . Il rayonnait de simplicité . Si sa réputation  mondiale a empêché tout silence sur   son décès ,  les media n' ont pas donné  à l'évocation de sa carrière l'ampleur qu'ils auraient dû .

Et le 17 mai ,  la disparition   de la pianiste France Clidat , née en 1932 ,  n' a  été   que rarement signalée .Elle avait pourtant obtenu le prix F.Liszt de Budapest en 1956 et conduit une carrière des plus brillantes ; elle était l ' interprète reconnue du compositeur  hongrois  .(cf l'article de ce blog  ) et écrits des textes pertinents sur la dérive athlétique de certaines modes panistiques .

Pourquoi ce silence radio et télévision ?  Ces artistes et cet écrivain ne contribuèrent pas à la  "diversité culturelle " , mais tout simplement au rayonnement de notre culture occidentale . Taire leurs noms , c'est effacer leur existence  et  un volet  de notre civilisation .

  fbr 31 juillet 2012