A nos arrière grands pères , grands oncles , ou grands pères et grands oncles pris dans la tourmente de Verdun , du Chemin des Dames , de la bataille de la Marne , à leurs lettres qui attendent encore , serrées d'un ruban , dans nos tiroirs , nous devons plus qu'un souvenir de pitié et de piété pour ce qu'ils ont enduré , surmonté , ce qu'ils nous ont donné ; à ces photos pâlies qui en témoignent , nous devons plus qu'un geste de respect : en parler toujours et encore , afin que l'oubli ne tue pas ceux qui sont revenus autant que ceux qui sont tombés .Envers ces femmes qui attendaient ces lettres , en ville ou à la campagne , et que leurs pas portaient , à l'heure de l'affichage , vers les listes de tués ou disparus , nous avons le même devoir .
Car la mort n'existe que lorsque tout récit s'est éteint , lorsque l'oubli efface définitivement tout souvenir , toute image , toute connaissance , racines délitées qui ne lanceront plus aucune pousse vers la lumière et la vie .
N'oublions pas ces "cibles prédestinées ", les écrivains Alain Fournier , fauché le 22 septembre 1914 à vingt neuf ans
Charles Péguy, tombé le 5 septembre 1914 à plus de quarante ans.
Augustin Cochin, historien de la révolution française , né en 1876 , tué le 8 juillet 1916.
Guillaume Appolinaire , mort de ses blessures le 8 novembre 1918.
N'oublions pas non plus les survivants et témoins Roland Dorgelès , Georges Bernanos , réservistes volontaires pour le front,comme le pacifiste H.Barbusse, Blaise Cendrars , engagé volontaire dans la Légion étrangère ,Drieu la Rochelle retournant au front apres chaque blessure ; les compositeurs Maurice Ravel , réformé et enfin accepté comme brancardier , et Claude Debussy (Claude de France !) mort en mars 1918., profondémént éprouvé par ces années .
Françoise Buy Rebaud