La Nativité , sa symbôlique , ses personnages , les lieux qui en furent le théatre ont inspiré nos plus grands peintres français.
Parmi les plus émouvantes , celle de de l'Adoration des bergers de Georges de la Tour , pour son athmosphère si particulière , clair obscur dont la seule lumière , celle d'une grande bougie , semble émaner de l'enfançon , et vient illuminer de gravité sereine les visages des bergers , contemporains du peintre lorrain ( 1593-1652 ) . Ici pas de Rois mages richement vêtus , porteurs de cadeaux rares : une femme sourit à l'enfant , et tient entre ses doigts son offrande : |
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un bol chaud , c'est l'hiver . Dans le regard du plus âgé des hommes passe une tristesse , pressentiment de la crucifixion , adoucie par l'émotion du plus jeune , dont la main retient un agneau , visiteur béni . La sobriété des tons de rouge , brun , beige , blanc cassé , donne à la scène une cohésion harmonieuse .Le visage de la Vierge , son maintien , ses mains jointes expriment la même gravité : c'est Dieu lui même qu'elle vient de mettre au monde.
Quelques réflexions à propos de
Noël
Noël, mot magique par excellence pour tous les enfants du monde chrétien et au-delà, bien au-delà… Depuis sa vulgarisation mercantile on le retrouve également en Asie, en Afrique, et dans des pays qui ne sont pas de croyance chrétienne, c’est dire que ce nom a pris une résonnance mondiale. Noël scintille de mille feux par les illuminations dont s’ornent les sapins et les rues des villes pour célébrer ce moment exceptionnel de l’année , attendu avec fébrilité par tous les enfants du monde…
Mais au fait, savez-vous que le sapin que l’on décore en cette occasion trouve son origine en Alsace, haut lieu s’il en est de cette fête avec tous ses marchés de Noël que l’on retrouve jusque dans les moindres villages ? C’est dans la ville de Sélestat, célèbre par sa bibliothèque humaniste, où l’on fait mention de la première trace écrite d’un arbre de Noël décoré, un sapin en l’occurrence dont les forêts vosgiennes toutes proches abondent, en 1521. Le sapin est plus que symbolique en raison de sa forme triangulaire qui est supposée représenter la Sainte Trinité , d’autant plus que ce conifère ne perd pas ses aiguilles , contrairement aux autres arbres à feuilles caduques, ce qui lui confère une sorte de vie éternelle aux yeux des croyants. La tradition alsacienne , qui consistait à décorer le sapin au moment de Noël s’est ensuite exportée au fil des voyages et des migrations vers les terres nouvelles. Mais la tradition est sans doute beaucoup plus ancienne et serait en fait la christianisation de rites païens d’origine germanique que l’on attribue à Boniface dès le VIIIème siècle. La généralisation et l’importation de décoration des sapins de Noël est par contre beaucoup plus récente , car ce n’est qu’en 1837 sous l’impulsion d' Hélène de Mecklembourg, princesse , puis duchesse d’Orléans, qu’on en retrouve pour la première fois la trace à Paris. Il faudra attendre la seconde guerre mondiale pour voir enfin le sacre généralisé de l’arbre de Noël illuminé dans tous les foyers. Il en va exactement de même pour notre bon vieux Père Noël qui n’est pas si vieux que cela, il n’apparaît en effet qu’au 19ème siècle aux USA,
mais il n’était que la métamorphose d’un autre personnage haut en couleur de la tradition chrétienne, le bon Saint Nicolas très présent en Lorraine et en Alsace qui distribuait des cadeaux aux enfants gentils et obéissants, rôle qu’à repris le Père Noël, avec le succès que l’on connait à l’échelle planétaire.. L’Alsace est bel et bien un des berceaux de la fête de la Nativité et l’on retrouve celle-ci de façon omniprésente dans la culture et les œuvres d’art, un peu à l’image de la « Vierge au buisson de rose » portant dans ses bras l’enfant Jésus, retable sur bois de 1473 de Martin Schongauer et œuvre majeure de la peinture et de la culture germanique du Moyen-âge que l’on peut admirer à l’Eglise des Dominicains à Colmar. |
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Au-delà des traditions, la fête de Noël a bouleversé tout sur son passage, allant de l’activité économique des entreprises puisque l’on parle de cette fête comme celle de la trêve des confiseurs, à l’actualité sociale et politique puisqu’il est de coutume que rien d’important ne s’y déroule pendant cette fête. Noël est aussi synonyme de retrouvailles entre parents, grands-parents, frères et sœurs, cousins, neveux pour partager autour d’une table l’avènement de Jésus. Cette fête est également le symbôle de la fraternité, de la paix entre les hommes, et on sait que des ennemis se battant pour leurs pays respectifs se sont arrêtés dans leur combat pour fraterniser et célébrer ensemble ce jour, même dans la boucherie des tranchées de la Grande Guerre… Quel merveilleux exemple , car en ce jour on oublie et pardonne tout à son prochain pour ne faire place qu’à la générosité de cœur et d’esprit.
Mais en dehors de l’aspect purement commercial dévolu aujourd’hui à cette fête, sait-on vraiment encore que Noël marque de son empreinte le point zéro de notre culture et de notre civilisation ? En effet, selon la tradition chrétienne, c’est en ce jour que serait né Jésus , pourtant fils de Dieu , dans le plus pur dénuement d’une étable de Bethléem , voici un peu plus de 2000 ans… Cet évènement marque aussi le début du calendrier que nous consultons tous les jours, sans même que l’on y prête encore attention tant sa vulgarisation est de mise, et qui est la référence mondiale pour tous les évènements internationaux, bien qu’existent d’autres calendriers parallèles, tant la culture occidentale est prépondérante dans les échanges mondiaux. Oui, qui sait encore aujourd’hui que la simple naissance de Jésus de Nazareth allait bouleverser le monde que nous habitons, bouleverser tout son système de croyance, d’organisation de la société d’alors , qui était majoritairement païenne ou de tradition hébraïque , bouleverser notre système politique, bouleverser jusqu’à l’essence même de nos vies sans même que l’on s’en aperçoive ? Et pourtant, cette vérité se dresse devant nous à chaque moment de notre vie, dans nos faits et gestes, dans nos législations, notre mode de pensée, car tout dans nos sociétés de culture et d’origine chrétienne est basé sur les valeurs qu’a su distiller Jésus avec ses apôtres pour le monde qui revendique cet héritage .
Noël est donc bien plus que cette fête dont les enfants attendent avec joie et impatience la venue,( mais aussi avec quelques craintes de devoir confesser quelques péchés ), car Noël est bel et bien le point de départ de tout, le point zéro, celui de la création d'un monde qui maintenant peut être fier d’exister depuis plus de deux millénaires. Il convient simplement de le rappeler , car la désacralisation de cette fête et son aspect purement mercantile nous ont fait perdre peu à peu tout rapport sacré de cette date à notre existence . Allons-nous continuer à dévoyer cette fête magique mais hautement religieuse au prétexte que d’autres cultures veulent avoir aussi leurs places dans nos sociétés occidentales au point de vouloir se substituer à elles ? Non, Noël est là pour nous rappeler que Jésus , Dieu fait homme , est le ciment de notre culture, de nos traditions, de notre mode de vie et de pensée, et que sans celui qui est la référence commune et suprême , que nul d’entre nous issu de cette civilisation ne saurait contester, tout se déliterait de façon inexorable pour aboutir à notre propre destruction… Alors, Noël doit continuer d’exister au nom de la survivance de notre propre culture, de notre civilisation, de nos croyances bien plus profondément enracinées qu’il n’y paraît, au nom même de celui qui est, qui était et qui sera toujours l'incarnation du sacrifice pour notre rédemption … Oui, Noël c’est tout cela, rien de moins !
Benoît Doerr
Noëls de ma vie
Je suis un enfant quand sombre l’hiver au plus noir de sa course, à l’orée de sa vie.
Je suis un enfant quand s’allume les villes et que la grâce descend sur les foules.
Je suis un enfant à l’aube d’une vie, chaque année en décembre.
Mais l’enfant et l’homme ont usé leur cœur au déshonneur des leurs ;
Noël 1950.
Parfum de port, ocelles de mazout sur l’eau tranquille, Chez moi a un sens, « chez nous, soyez Reine… »
Premier réveillon et dernière danse Ville fermée Couvre feu et champagne à la fenêtre, Les Africains à tue-tête, à cœurs déployés, Coupe offerte au soldats de garde Qui regardent… |
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Nuit d’espérance sans espoir,
Demain le combat,
cette nuit l’exaltation
« Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »
Noël 1980
Paris rutile, rugit sous les lampions,
Le sapin et la crèche m’enchaînent à l’enfance perdue.
Je sens la béatitude m’envahir,
mais plus comme là-bas
Je suis de passage…
« On n’emporte pas le sol de la patrie aux semelles de ses souliers »
Noël 2011
Bois noirs sous l’averse, France frissonnante
le sapin est là, mais plus la France…
Sainte famille et famille sacrée autour de moi sont ma Méditerranée ;
La béatitude bat de l’aile « Gloire à Dieu au plus haut des cieux »
Georges CLEMENT
Mais n’oublions pas les petits
On nous dit qu'il ne faut pas y croire. Mais moi, je persiste à y croire. C'est un beau vieillard, un vieillard qui ne vieillit pas. Vieux et éternel en quelque sorte. Son nom varie à travers le monde, mais l'homme est toujours alerte.De tous les séjours qu'on lui prête, celui que je préfère, c'est Rovaniemi. C'est là où je l'ai rencontré.Dans ces espaces englacés de la Laponie, dans le grand désert blanc, le vieil homme éternel déborde d'activité. Il lui faut fabriquer des jouets pour |
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tous les gamins du monde, il faut aussi les transporter. Mais il est infatigable avec son traineau croulant sous les cadeaux, ses rennes vigoureux qui dévalent à la vitesse de l'éclair les interminables arpents de neige. Là-bas au Cercle polaire, il est chez lui avec sa maison, son bureau de poste, ses sapins, ses lutins qui l'entourent et l'assistent. Et ne croyez que le vieil homme se désintéresse du progrès. On le trouve même sur facebook.
Alain Bournazel