L’art contemporain ou la laideur du diable
A propos d’un livre de Christine Sourgins ( Les Mirages de l’Art contemporain )
Ce livre n’est pas un livre. Ce livre est un événement. Pour la première fois, un auteur met à jour les dessous occultés et occultes de l’art dit contemporain. Si vous voulez une preuve de ce que peuvent être le courage et l’intuition visionnaire d’une femme en politique, n’hésitez plus : précipitez-vous sur ce petit bijou. Il devrait être mis au programme de toutes nos agrégations d’université. Seule contre un ennemi mille fois supérieur en nombre, tel David contre Goliath, Christine Sourgins a entrepris de dénoncer ce qui constitue le socle même de l’idéologie postmoderne : le nihilisme destructeur.
Qu’on ne s’y trompe pas. Le livre que propose Christine Sourgins sous le titre Les Mirages de l’Art contemporain n’est pas une analyse périphérique ou anecdotique d’un mouvement artistique parmi d’autres. Il est une percée au coeur même de ce qui constitue le socle — en même temps que la face cachée — de l’idéologie postmoderne. L’équivoque du titre, bien résumée dans le terme mirage, vient précisément de ce que cette idéologie postmoderne, par une inversion satanique du langage, ne peut se maintenir et prospérer que par la négation permanente de ce qu’elle est profondément.
L’art contemporain n’est ni un art ni contemporain . Il est une entreprise d’aliénation mentale systématique destinée à détruire tous les repères civilisationnels existants, que ceux-ci soient esthétiques, moraux, intellectuels ou spirituels. La promotion de la laideur qui s’y fait jour n’est pas un artefact du système. Comme le goulag ...., il est l’expression même du système.
L’art contemporain a parfaitement compris que la beauté est splendeur de la vérité et que cette splendeur incandescente mène irrésistiblement au Christ et à Dieu . . Seulement cette divinité .. lui est insupportable. Elle lui renvoie comme en un miroir inversé l’image de sa propre perversion et de sa propre hideur.
... Comme dans les enfers de Dante, le marché de l’art est un pandémonium où — limitation des ressources oblige — l’air se fait parfois rare et où l’on se marche volontiers dessus pour survivre et accéder aux places suprêmes. Temple du mensonge, il est le lieu par excellence de la veulerie, du copinage (p. 116), du népotisme et du clientélisme, du terrorisme intellectuel (pp. 156 et 163). Il s’agit d’instiller partout et sans cesse dans les esprits (dans une logique totalisante qui n’est rien d’autre qu’une entreprise totalitaire) l’amour du laid, du hideux, de l’insane, de l’abject mais aussi du faux, du contradictoire, de l’irrationnel.
On ne soulignera d’ailleurs jamais assez combien il ( ndlr :l'art contemporain ) est dans son essence même tributaire d’un certain développement de la technologie et de la société de consommation dont il est en quelque sorte l’aboutissement ultime en même temps que la négation suprême. Phénomène caractéristique, il ne touche que les sociétés riches, gavées de faux plaisirs, livrées jusqu’au désespoir au culte de l’argent. L’AC est une maladie propre à nos sociétés post-modernes ; la plus visible et la plus emblématique ; l’une des plus dangereuses aussi.
C’est d’ailleurs le seul tout petit reproche — mais absolument mineur au regard de la qualité générale de l’oeuvre — que l’on puisse adresser au livre : ne pas avoir suffisamment mis en lumière (hormis le court chapitre intitulé " un secret d’Etat, le coût de l’Art contemporain ", pp. 107-108) la dimension criminelle et criminogène de ce qui est d’abord et avant tout un trafic. Derrière ce que l’on appelle trop souvent pudiquement le marché de l’art contemporain se jouent aussi bien souvent le blanchiment, les marchés truqués, les collusions mafieuses public-privé (p. 113), le recyclage de l’argent de la drogue, la pornographie ...Ce qui est lassant avec le diable, c’est qu’il emploie toujours les mêmes tactiques. Mensonge, culpabilisation, subversion, inversion, perversion, transgression, destruction sont ses armes maîtresses. Luxe, gloire et pouvoir, les feux illusoires qu’il fait briller pour entraîner ses complices. Libido sciendi , libidohabendi , libido dominandi disait Augustin.
L’AC et ses chantres réalisent le prodige de cumuler simultanément ces trois perversions : — le pouvoir : ils accaparent les places décisionnelles au sein des appareils de pouvoir, étatiques d’abord, dans la mesure où " la vacuité de l’AC met en valeur l’Etat et ses servants " (p. 105), mais aussi culturels et médiatiques. Le tout dans une logique de domination idéologique progressive dont le caractère hégémonique ne fait que s’accroître avec la mondialisation (p. 111). — l’avoir : leur fortune fait pâlir d’envie capitaines d’industrie et grands financiers internationaux qui sont d’ailleurs les premiers à se ruer sur les oeuvres pour ne pas passer pour de sinistres incultes et se muent souvent en collectionneurs patentés...
...Non contents d’avoir investi la sphère politique et médiatique, ils se sont intronisés mages d’une nouvelle religion postmoderne — le New Age — dont la prétention, assumée d’entrée, est de subvertir en les investissant tous les champs du sacré. Ne nous leurrons pas ! Derrière cette prise de pouvoir indolore, c’est un piège mortel que l’AC tend à nos sociétés.
DAVID MASCRÉ Chargé de cours en mathématiques,