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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 19:39

 

 
Jeanne d'ArcUn ami du Cercle Hernani , Christian Libes , Président de l'Association "Mémoire, illustration et défense  de Jean Mermoz " , a eu en 1989 la magnifique idée , soutenue  par l'historien Henri Bataille ,  d'organiser avec les membres de l'association gens européenne équestre , un périple historique : montures et cavaliers , tous en tenue d'époque , ont refait l'itinéraire suivi par Jeanne d'Arc dans sa geste  pour la ressurection de la France , huit cents kilomètres  dans les pas de cette prodigieuse jeune fille , portée par sa volonté de fer et par la foi qui déplace les montagnes . Pélerinage  , peut on dire , accompli en trois étés :1987 , de Vaucouleurs à Chinon ; 1988,de Chinon à Reims ; 1989 de Reims à Rouen , par des chemins praticables pour les chevaux . On mesure la vaillance déployée par ces volontaires pour mener ce projet à son terme .
Il y a encore d'authentiques Français
 
A la sympathie , et non pas la simple curiosité , manifestée à leur passage , les cavaliers ont compris que le souvenir de cet  émouvant moment de l'Histoire de France restait  alors vivace dans les esprits .On peut se demander aujourd'hui si il en serait de même  , tant les manuels d'histoire se font discrets sur les épisodes qui peuvent ranimer notre fierté :
 

jeanne_d_arc.jpg

, "Jeanne reste solidement implantée dans le paysage français , son indice de notoriété est très fort. Son audience dépasse les sphères de la catholicité : elle rassemble . La loi du 10 juillet 1920 ,proclamant une fête nationale pour Jeanne d'Arc , fut votée à l'unanimité par le Parlement " (Alain Bournazel , Jeanne d'Arc , Figures et plumes  .page 114 ) .
Elle devrait donc recevoir un hommage officiel , selon cette loi , dans chaque ville dotée d'une statue et dans la capitale
Quel homme courageux  réveillera les mémoires , citoyennes (pardon pour cette imbécile terminologie actuelle) ou politiques , pour la faire respecter  .?
 
On ne saurait trop prier les maîtres , des écoles privées ou publiques ,d'organiser pour leurs élèves des voyages sur les lieux historiques où est passée Jeanne , héroïne et sainte , plutôt que vers  un Walibi  ou Disneyland quelconques .Un ami professeur de français  en province eut récemment l'idée , saugrenue selon certains , d'emmener une classe de Première  visiter les Catacombes de Paris : ce fut un succès .
 
Rendons hommage à Philippe de Villiers d'avoir ramené sur nos terres le modeste anneau que notre Jeanne portait au doigt , qui lui fut volé par le sinistre Cauchon, malgré les embuches et les réticences de certains laïcistes incultes
 ,

Chevauchée de Jeanne d'Arc

A défaut de voyages, in memoriam ,   voici le discours d'André  Malraux aux fêtes de Rouen le 31 mai 1964, bouleversant hommage à notre Jeanne  ,et superbe exemple de notre langue .

      Texte du discours d'André Malraux 31 mai 1964

 

Vous avez bien voulu, Monsieur le Maire, me demander d’assurer ce que le plus grand poète de cette ville,[1] qui fut aussi l’un des plus grands poètes du monde, appelait un triste et fier honneur, celui de reprendre ce que j’ai dit, il y a quelques années, à Orléans, de Jeanne d’Arc victorieuse et de rendre hommage en ce lieu, illustre par le malheur, à Jeanne d’Arc vaincue, à la seule figure de notre histoire sur laquelle se soit faite l’unanimité du respect. 

La résurrection de sa légende est antérieure à celle de sa personne, mais, aventure unique ! la tardive découverte de sa personne n’affaiblit pas sa légende, elle lui donne son suprême éclat. Pour la France et pour le monde, la petite sœur de saint Georges devint Jeanne vivante par les textes du procès de condamnation et du procès de réhabilitation : par les réponses qu’elle fit ici, par le rougeoiement sanglant du bûcher.

Nous savons aujourd’hui qu’à Chinon, à Orléans, à Reims, à la guerre et même ici, sauf peut-être pendant une seule et atroce journée, elle est une âme invulnérable. Ce qui vient d’abord de ce qu’elle ne se tient que pour la mandataire de ses voix :« Sans la grâce de Dieu je ne saurai que faire. » On connaît la sublime cantilène de ses témoignages de Rouen : « La première fois, j’eus grand-peur. La voix vint à midi ; c’était l’été, au fond du jardin de mon père… Après l’avoir entendue trois fois, je compris que c’était la voix d’un ange... Elle était belle, douce et humble ; et elle me racontait la grande pitié qui était au royaume de France… Je dis que j’étais une pauvre fille qui ne savait ni aller à cheval ni faire la guerre… Mais la voix disait : « Va, fille de Dieu… »

Certes Jeanne est fémininement humaine. Elle n’en montre pas moins, quand il le faut, une incomparable autorité. Les capitaines sont exaspérés par cette « péronnelle qui veut leur enseigner la guerre ». (La guerre ? les batailles qu’ils perdaient, et qu’elle gagne...) Qu’ils l’aiment, qu’ils la haïssent, ils retrouvent dans son langage le « Dieu le veut » des Croisades. Cette fille de dix-sept ans, comment la comprendrions-nous si nous n’entendions pas, sous sa merveilleuse simplicité, l’accent incorruptible avec lequel les prophètes tendaient vers les rois d’Orient leurs mains menaçantes, et leurs mains consolantes vers la grande pitié du royaume d’Israël ?

Avant le temps des combats, on lui demande « Si Dieu veut le départ des Anglais, qu’a-t-il besoin de vos soldats ? » _ Les gens de guerre combattront, et Dieu donnera la victoire. » Ni saint Bernard ni saint Louis n’eussent mieux répondu.

Mais ils portaient en eux la chrétienté, non la France.

Et à quelques pas d’ici, seule devant les deux questions meurtrières : « Jeanne êtes-vous en état de grâce ? » _Si je n’y suis, Dieu veuille m’y mettre ; si j’y suis, Dieu veuille m’y tenir ! » ; et surtout la réponse illustre : « Jeanne, lorsque saint Michel vous apparut, était-il nu ? » _Croyez-vous Dieu si pauvre, qu’il ne puisse vêtir ses anges ? »

Lorsqu’on l’interroge sur sa soumission à l’Eglise militante, elle répond, troublée mais non hésitante : « Oui, mais Dieu premier servi !». Nulle phrase ne la peint davantage. En face du dauphin, des prélats ou des hommes d’armes, elle combat pour l’essentiel : depuis que le monde est monde, tel est le génie de l’action. Et sans doute lui doit-elle ses succès militaires. Dunois dit qu’elle disposait à merveille les troupes et surtout l’artillerie, ce qui semble surprenant. Mais les Anglais devaient moins leurs victoires à leur tactique qu’à l’absence de toute tactique française, à la seule comédie héritée de Crécy à laquelle Jeanne mit fin. Les batailles de ce temps étaient très lourdes pour les vaincus ; nous oublions trop que l’écrasement de l’armée anglaise à Patay fut de la même nature que celui de l’armée française à Azincourt. Et le témoignage du duc d’Alençon interdit que l’on retire à Jeanne d’Arc la victoire de Patay puisque, sans elle, l’armée française se fût divisée avant le combat, et puisqu’elle seule la rassembla...

C’était en 1429 -le 18 juin.

 Dans ce monde où Isabeau de Bavière avait signé à Troyes la mort de la France en notant seulement sur son journal l’achat d’une nouvelle volière, dans ce monde où le dauphin doutait d’être dauphin, la France d’être la France, l’armée d’être une armée, elle refit l’armée, le roi, la France.

Il y avait plus rien : soudain il y eut l’espoir –et par elle, les premières victoires qui rétablirent l’armée.

Puis -par elle contre presque tous les chefs militaires-, le sacre qui rétablit le roi. Parce que le sacre était pour elle la résurrection de la France, et qu’elle portait la France en elle de la même façon qu’elle portait sa foi.

Après le sacre, elle est écartée, et commande la série des vains combats qui la mèneraient à Compiègne pour rien, si ce n’était pour devenir la première martyre de la France.

Nous connaissons tous son supplice. Mais les mêmes textes qui peu à peu dégagent de la légende son image véritable, son rêve, ses pleurs, l’efficace et affectueuse autorité qu’elle partage avec les fondatrices d’ordres religieux, ces mêmes textes dégagent aussi, de son supplice, deux des moments les plus pathétiques de l’histoire universelle de la douleur.

Le premier est la signature de l’acte d’abjuration -qui reste d’ailleurs mystérieux. La comparaison du court texte français avec le très long texte latin qu’on lui faisait signer proclamait l’imposture. Elle signe d’une sorte de rond, bien qu’elle ait appris à signer Jeanne. « Signez d’une croix ! » lui ordonne-t-on. Or, il avait naguère été convenu entre elle et les capitaines du Dauphin, que tous les textes de mensonge, tous les textes imposés, auxquels leurs destinataires ne devaient pas ajouter foi, seraient marqués d’une croix. Alors, devant cet ordre qui semblait dicté par Dieu pour sauver sa mémoire, elle traça la croix de jadis, en éclatant d’un rire insensé...

Le second moment est sans doute celui de sa plus affreuse épreuve. Si, tout au long du procès, elle s’en remit à Dieu, elle semble avoir eu, à maintes reprises, la certitude qu’elle serait délivrée. Et peut-être, à la dernière minute, quand sonnaient des cloches comme celles qui sonnent maintenant, espéra-t-elle qu’elle le serait sur le bûcher. Car la victoire du feu pouvait être la preuve que ses voix l’avaient trompée. Elle attendait, un crucifix fait de deux bouts de bois par un soldat anglais posé sur sa poitrine, le crucifix de l’église voisine élevé en face de son visage au-dessus des premières fumées. (Car nul n’avait osé refuser la croix à cette hérétique et à cette relapse...) Et la première flamme vint, et avec elle le cri atroce qui allait faire écho, dans tous les peuples chrétiens, au cri de la Vierge lorsqu’elle vit monter la croix du Christ sur le ciel livide.

Alors, depuis ce qui avait été la forêt de Brocéliande jusqu’au cimetière de Terre sainte, la vieille chevalerie morte se leva dans ses tombes. Dans le silence de la nuit funèbre, écartant les mains jointes de leurs gisants de pierre, les preux de la Table Ronde et les compagnons de Saint Louis, les premiers combattants tombés à la prise de Jérusalem et les derniers fidèles du petit roi lépreux, toute l’assemblée des rêves de la chrétienté regardait, de ses yeux d’ombre, monter les flammes qui allaient traverser les siècles, vers cette forme enfin immobile, qui devenait le corps brûlé de la chevalerie.

 Il était plus facile de la brûler que de l’arracher de l’âme de la France. Au temps où le roi l’abandonnait, les villes qu’elle avait délivrées faisaient des processions pour sa délivrance. Puis le royaume, peu à peu, se rétablit. Rouen fut enfin reprise. Et Charles VII, qui ne se souciait pas d’avoir été sacré grâce à une sorcière, ordonna le procès de réhabilitation.

A Notre-Dame de Paris, la mère de Jeanne, petite forme de deuil terrifiée dans l’immense nef, vient présenter le rescrit par lequel le pape autorise la révision. Autour d’elle, ceux de Domrémy qui ont pu venir, et ceux de Vaucouleurs, de Chinon, d’Orléans, de Reims, de Compiègne… Tout le passé revient avec cette voix que le chroniqueur appelle une lugubre plainte : « Bien que ma fille n’ait pensé, ni ourdi, ni rien fait qui ne fût selon la foi, des gens qui lui voulaient du mal lui imputèrent mensongèrement nombre de crimes. Ils la condamnèrent iniquement et… » La voix désespérée se brise. Alors Paris qui ne se souvient plus d’avoir jamais été bourguignonne, Paris, redevenue soudain la ville de Saint Louis, pleure avec ceux de Domrémy et de Vaucouleurs, et le rappel du bûcher se perd dans l’immense rumeur de sanglots qui monte au-dessus de la pauvre forme noire.

L’enquête commence.

Oublions, ah, oublions ! le passage sinistre de ces juges comblés d’honneur, et qui ne se souviennent de rien. D’autres se souviennent. Long cortège, qui sort de la vieillesse comme on sort de la nuit. Un quart de siècle a passé. Les pages de Jeanne sont des hommes mûrs ; ses compagnons de guerre, son confesseur ont les cheveux blancs. Ici débute la mystérieuse justice que l’humanité porte au plus secret de son cœur.

Cette fille, tous l’avaient connue, ou rencontrée, pendant un an. Et ils ont eux aussi oublié beaucoup de choses, mais non la trace qu’elle a laissée en eux. Le duc d’Alençon l’a vue une nuit s’habiller quand, avec beaucoup d’autres, ils couchaient sur la paille : elle était belle, dit-il, mais nul n’eût osé la désirer. Devant le scribe attentif et respectueux, le chef de guerre tristement vainqueur se souvient de cette minute, il y a vingt-sept ans, dans la lumière lunaire... Il se souvient aussi de la première blessure de Jeanne. Elle avait dit : « Demain mon sang coulera, au-dessus du sein. » Il revoit la flèche transperçant l’épaule, sortant du dos, Jeanne continuant le combat jusqu’au soir, emportant enfin la bastille des Tourelles. Revoit-il le sacre ? Avait-elle cru faire sacrer Saint Louis ? Hélas ! Mais, pour tous les témoins, elle est la patronne du temps où les hommes ont vécu selon leurs rêves et selon leur cœur, et depuis le duc jusqu’au confesseur et à l’écuyer, tous parlent d’elle comme les rois mages, rentrés dans leurs royaumes, avaient parlé d’une étoile disparue…

De ces centaines de survivants interrogés, depuis Hauviette de Domrémy jusqu’à Dunois, se lève une présence familière et pourtant unique, joie et courage, Notre- Dame la France avec son clocher tout bruissant des oiseaux du surnaturel. Et lorsque le XIXe siècle retrouvera ce nostalgique reportage du temps disparu, commencera, des années avant la béatification, la surprenante aventure : bien qu’elle symbolise la patrie, Jeanne d’Arc, en devenant vivante, accède à l’universalité. Pour les protestants, elle est la plus célèbre figure de notre histoire avec Napoléon ; pour les catholiques, elle sera la plus célèbre sainte française.

Lors de l’inauguration de Brasilia, il y a quatre ans, les enfants représentèrent quelques scènes de l’Histoire de France. Apparut Jeanne d’Arc, une petite fille de quinze ans, sur un joli bûcher de feux de Bengale, avec sa bannière, un grand bouclier tricolore et un bonnet phrygien. J’imaginais devant cette petite République le sourire bouleversé de Michelet ou de Victor Hugo. Dans le grand bruit de forge où se forgeait la ville, Jeanne et la République étaient toutes deux la France, parce qu’elles étaient toutes deux l’incarnation de l’éternel appel à la Justice. Comme les déesses antiques, comme toutes les figures qui leur ont succédé, Jeanne incarne et magnifie désormais les grands rêves contradictoires des hommes. Sa touchante image tricolore au pied des gratte-ciel où venaient se percher les rapaces, c’était la sainte de bois dressée sur les routes où les tombes des chevaliers français voisinent avec celles des soldats de l’an II.

Le plus mort des parchemins nous transmet le frémissement stupéfait des juges de Rouen lorsque Jeanne leur répond : « Je n’ai jamais tué personne ». Ils se souviennent du sang ruisselant sur son armure : ils découvrent que c’était le sien. Il y a trois ans, à la reprise d’Antigone, la princesse thébaine avait coupé ses cheveux comme elle et disait avec le petit profil intrépide de Jeanne la phrase immortelle : « Je ne suis pas venue pour partager la haine, mais pour partager l’amour. » Le monde reconnaît la France lorsqu’elle redevient pour tous les hommes une figure secourable, et c’est pourquoi elle ne perd jamais toute confiance en elle. Mais dans la solitude des hauts plateaux brésiliens, Jeanne d’Arc apportait à la République de Fleurus une personne à défaut de visage, et la mystérieuse lumière du sacrifice, plus éclatante encore lorsqu’elle est celle de la bravoure. Ce corps rétracté devant les flammes avait affreusement choisi les flammes ; pour le brûler, le bûcher dut aussi brûler ses blessures. Et depuis que la terre est battue de la marée sans fin de la vie et de la mort, pour tout ceux qui savent qu’ils doivent mourir, seul le sacrifice est l’égal de la mort.

 « Comment vous parlaient vos voix ? » lui avait-on demandé quand elle était vivante. _Elles me disaient « Va fille de Dieu, va fille au grand cœur… » Ce pauvre cœur qui avait battu pour la France comme jamais cœur ne battit, on le retrouva dans les cendres, que le bourreau ne put ou n’osa ranimer. Et l’on décida de le jeter à la Seine, « afin que nul n’en fît des reliques ».

Elle avait passionnément demandé le cimetière chrétien.

Alors naquit la légende.

 Le cœur descend le fleuve. Voici le soir. Sur la mer, les saints et les fées de l’arbre-aux-fées de Domrémy l’attendent. Et à l’aube, toutes les fleurs marines remontent la Seine, dont les berges se couvrent de chardons bleus des sables, étoilés par les lys…

La légende n’est pas si fausse. Ce ne sont pas les fleurs marines que ces cendres ont ramenées vers nous, c’est l’image la plus pure et la plus émouvante de France. O Jeanne sans sépulcre et sans portrait, toi qui savais que le tombeau des héros est le cœur des vivants, peu importent tes vingt mille statues, sans compter celles des églises : à tout ce pour quoi la France fut aimée, tu as donné ton visage inconnu. Une fois de plus, les fleurs des siècles vont descendre. Au nom de tous ceux qui sont ou qui seront ici, qu’elles te saluent sur la mer, toi qui a donné au monde la seule figure de victoire qui soit aussi une figure de pitié !

André Malraux,

(Oraisons funèbres, in Le Miroir des Limbes,

Œuvres complètes III, Gallimard.)


[1] Corneille : « Ce triste et fier honneur m’émeut sans m’ébranler ». (Horace,II,3)

 

 

Jeanne était née en 1411 ou 1412 , elle mourut du supplice du feu le 3O mai 1431 à Rouen .

Jeanne , partout et toujours  , a été source d'inspiration
  
Paul Claudel - Arthur Honegger
  
 

Jeanne, partout et toujours, a été source d'inspiration Paul Claudel - Arthur Honegger

Né au Havre le 10 mars 1892 , dans une famille zürichoise ,Arthur Honegger est mort à Paris, sa ville d'adoption, le 27 novembre 1955, Il avait commencé des études musicales au Havre ,poursuivies à Zürich, puis achevées à Paris au Conservatoire avec pour maitres Vincent d'Indy et Ch.Marie Widor. Il fut professeur à l'Ecole Normale de musique de Paris .

 

C'était l'un du " Groupe des Cinq " : (Auric, Milhaud , Poulenc , Taillefer , Honegger)

 

J'ai mis votre bouquet dans l'eau du même vase

Et vous ai chèrement tortillés par la base

Tous libres de choisir votre chemin en l'airécrivait en plaisantant Jean Cocteau , qui connaissait leurs personnalités respectives )

 

Arthur Honegger , Suisse et protestant -il garda toujours sa nationalité suisse- offre une oeuvre fascinante , tantôt de violence et d'éclat , tantôt de méditation grave et repliée , souvent inspirée par les récits bibliques , comme le Roi David , l'histoire : Horace Victorieux de Tite Live , mais aussi par la modernité : Pacific 231 : , et enfin des musiques de scène pour des textes d'A.de Musset , d'Hamlet dans la traduction de.Gide , de Camus : l'etat de siège .Dans son oeuvre riche et vaste , pas aussi connue qu'elle le devrait , s'inscrit cette "Jeanne au bûcher " sur le texte de Paul Claudel

 

Diplomate ,consul en Chine, ambassadeur au Japon et aux Etat Unis , Paul Claudel , né à Villeneuve sur Fère (Aisne )le 6 aout 1868 et mort le 26 février 1955 . Etudiant en sciences politiques à Paris , il se convertit à la foi catholique à Notre Dame , un soir de Noël . Entré à l'Académie française en 1946 , il reste célèbre comme poète d'un lyrisme tumultueux , somptueux , nourri de pensée profonde . Il fut aussi dramaturge inspiré de mystique catholique , dont "L'annonce faite à Marie " , "Le soulier de satin " , ou par le thème du sacrifice : "l'Otage " Il était le cadet de Camille , sculpteur .

 

De la rencontre de Claudel et d'Honegger est né l' oratorio "Jeanne au bûcher " , en onze scènes , conçu comme les mystéres du Moyen Age . Créé à Bâle le 12 mai 1938 , puis présenté à Orléans le 8 mai 1939 et à Paris le 9 mai 1943 ., il a toujours connu un succès immense , tant grâce au thème historique qu'aux beautés conjuguées du texte et de la musique . Claudel et Honegger étaient tous deux titulaires de la Grand Croix de le Légion d'Honneur .

 

Cette oeuvre ne tolère pas une écoute distraite , il lui faut consacrer des instants d 'attention pour y reconnaitre de subtiles combinaisons de chant grégorien , de rythmes populaires , des timbres orchestraux des premières polyphonies , et se laisser saisir par la voix de Jeanne , ses paroles simples et convaincantes , si souvent bouleversantes et se décider à acquérir l'enregistrement complet .

 

Charles Péguy aussi fait parler la Pucelle :

 

"Adieu , Meuse endormeuse et douce à mon enfance ,

Qui demeures aux prés où tu coules tout bas.

Meuse , adieu : j'ai déja commencé ma partance

En des pays nouveaux où tu ne coules pas .

 

Voici que je m'en vais en des pays nouveaux ;

je ferai la bataille et passerai les fleuves .

Je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux .

Je m'en vais commencer là-bas les taches neuves ."

 

Jeanne à Domrémy , deuxième partie , acte III .

 

 

Anatole France , bien que sa biographie de Jeanne conteste insidieusement l'inspiration divine de notre héroine nationale , n'échappe pas à l'admiration générale :

 

"L'étendard était signe de ralliement (ndlr: cf. Henri IV : ralliez vous à mon panache blanc ! ) et de reconnaissance sur le champ de bataille ).

 

Longtemps les rois , les empereurs et les chefs de guerre seuls l'avaient pu lever, le suzerain le faisait porter devant lui , les vassaux venaient sous les bannières de leurs seigneurs.

 

Si Jeanne tenait , comme il est croyable , son étendard pour signe de commandement souverain , et si , l'ayant reçu du Roi du ciel , elle entendait le lever au dessus de tous les autres , en restait il un seul dans le royaume pour lui disputer ce rang ?

 

Qu'étaient elles devenues , ces bannières féodales portées pendant quatre vingts ans au premier rang des désastres , semées dans les champs de Crécy... foulées aux pieds des archers anglais dans la terre molle où s'enfonçaient les morts d'Azincourt , ramassées à pleines mains sous les murs de Verneuil , par les maraudeurs de Bedford ? ...C'est parceque ces bannières étaient misérablement tombées....que se levait maintenant l'étendard de la paysanne .

 

" L'Alouette " de Jean Anouilh nous tombe toujours des mains d'émotion . Shakespeare , Voltaire , Schiller les avaient précédés , mais sans cette intuition et communion propres à notre dramaturge préféré

Combien de statues lui ont elles été dressées , combien de vitraux , de tableaux lui ont donné un visage, combien de films lui ont été consacrés ?

Seule la France possède figure aussi emblématique , aussi humainement inexplicable , merveilleuse au vrai sens du terme .

Retrouvons en la fierté

Ne laissons pas tomber la célébration des vertus et de l'épopée de Jeanne en des mains indignes

Jeanne est célébrée le deuxième dimanche de mai , officiellement, et non pas le jour de la fête du travail

 

 

FBR 12 mai 2017

 

 

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