Des élections proches ,? Voici de quoi réfléchir
FBR nov.2020 www.cerclehernani.over-blog.fr
"Enfant du pays " , tel est le titre , bien plus apprécié qu'un diplôme , que peuvent revendiquer les prétendants à la rude et noble fonction de maire ; l'enracinement dans le pays natal et l'attachement à son mode de vie , la connaissance et la fierté de son histoire , l 'effort pour son bien être et le maintien de sa prospérité , et enfin l'estime de ses habitants sont les meilleurs atouts pour porter et maintenir un homme dans le rôle de Premier magistrat de sa commune , dont l'éviction ou la réélection auront lieu en mars 2020
C'est pourquoi revient ici en première page l'entretien qu'avait bien voulu m' accorder Jacques Bompard au début du mandat de F.Hollande , moment ou notre inquiètude identitaire s' est davantage avivée .
Maire depuis vingt quatre années de la ville historique d'Orange, il représente bien l' édile que souhaitent nos compatriotes en cette période de remous et de doutes .
fbr 25 juin 2019
Hernani Voici sans détour la question que se posent avec anxiété beaucoup d'entre nous : pensez vous que les Français sont en train de perdre la conscience de leur Culture , ou qu'elle sommeille encore en eux , prête à se réveiller ?
Et s'il ne s'agit que d'une amnésie passagère , quels facteurs l'ont provoquée , et quels autres pourraient la guérir ?
Jacques Bompard Votre question pose le problème de la définition de la culture et de son rapport avec un peuple.
Qu'est-ce que la culture ? Un bien de consommation qui se vend, s'achète en fonction de "marchés", se saucissonne selon les strates générationnelles ?
Ou bien est-ce l'âme d'un peuple, ce qui , tout en participant à l'universel à travers la condition humaine, se singularise par des attitudes, des sensibilités, des appétences, toutes particulières.
Les nationalistes du XIXème siècle de l'Europe slave mais aussi de l'Italie, de l'Espagne et de bien d'autres nations occidentales, croyaient en une culture populaire, ferment de leur caractère national.
En France, au contraire, existait déjà un puissant courant qui ne voit en la culture qu'une nécessité universelle, recouvrant sous des apparences diverses, une même structure.
Quoi qu'il en soit, la "culture" se perpétue au sein d'un peuple selon deux modes, lesquels dans l'idéal convergent, mais aujourd'hui sont souvent antagonistes.
En premier lieu, la culture se transmet au sein de la famille. Des chansons pour enfants, des contes, c'est de la culture et c'est souvent une culture ancestrale. En deuxième lieu, la culture est l'affaire de l'Education nationale. Etudier Molière ou faire du "slam", ce n'est pas la même chose.
Aujourd'hui, la grande majorité des familles françaises fait coexister une culture ancestrale avec une culture marchande, anglo-saxonne (le rap américain en étant un avatar), répandue par l'ensemble des médias.
D'aucuns veulent y voir un enrichissement. Or, trop souvent, il ne s'agit que d'une sous-culture, très superficielle, qui laisse ses consommateurs tout à fait démunis lorsqu'il s'agit de comprendre le monde qui les entoure, que ce soit d'un point de vue culturel (architecture, peinture, musicologie...) ou politique (histoire, géopolitique...).
On peut dire que plus l' être humain consomme de la " culture " médiatique, plus il consume sa capacité au libre-arbitre.
Comment y remédier ? Par le haut et par le flanc. Par le haut, c'est la prise du pouvoir politique et donc des leviers de l'Etat afin d'orienter la dépense nationale culturelle vers ce qui fait la spécificité de la civilisation française et européenne. Par le flanc, c'est à dire, par l'initiative individuelle ou associative, à tous niveaux de la société et notamment au niveau familial, afin de transmettre notre culture aux jeunes générations. Si prendre le pouvoir impose un effort collectif gigantesque et des conditions favorables, en revanche, agir à son niveau n'implique que la mise en oeuvre de sa propre volonté.
H ernani Vous êtes un élu , député de la Nation , et depuis 1995 maire d'une ville de plus de 30 000 habitants .
A ce titre ,comment définiriez vous les responsabilités et les devoirs liés à votre fonction quant à notre identité , et plus généralement à " la fierté d'être Français " , expression qui semble avoir été oubliée ?
J B . Les compétences données à un maire par la loi sont restreintes en ces domaines. Il y a, certes, un rôle de conservation patrimonial et nous faisons en ces domaines tout ce qui est financièrement possible. Il y a également une relative latitude en matière de spectacles culturels. Ainsi, et par exemple, depuis dix ans, nous proposons chaque été un festival de théâtre classique entièrement gratuit.
Mais, le plus souvent, nous pouvons agir en refusant ici ce qui est toléré ou encouragé ailleurs. Se marier en agitant avec arrogance dans la mairie des drapeaux étrangers est, chez nous, interdit. Distribuer des millions pour financer des associations, des clubs, des centres, dont les activités s'inscrivent dans un enfermement ethno-culturel, voire parfois religieux, étranger à notre pays et à nos traditions, n'est pas chez nous subventionné.
H . Selon certaines statistiques , le plaisir de la lecture, avec lui la pratique de notre langue, se perdrait chez les jeunes adultes au profit de l'image sur écrans et du survol des textes afférents .
Comment préserver cette source de connaissance de notre littérature et de notre histoire, sans laquelle à notre avis , cette fierté ne peut naître ? Et à ce sujet , comment réagissez vous à la suppression des épreuves de culture générale déja réalisée , ou projetée , à l'admission dans certaines grandes écoles ?
J.B. Regarder un film, jouer à un jeu video, est plus aisé que lire. Je distinguerais cependant les deux activités. Le jeu video, selon sa nature, provoque des réflexes, encourage des stratégies, des raisonnements, mobilise le cerveau pour des tâches limitées mais réelles. Le film, du moins le film "grand public", exige peu d'efforts de la part de celui qui le regarde.
Il n'est donc pas certain que la lecture régulière de la collection Harlequin rende plus "cultivé", plus "intelligent", dans le sens de capable de comprendre le monde, que l'assiduité à un jeu vidéo comme Zelda. Il n'est pas certain non plus que les romans américains ou leurs copies européennes, à base de "serial-killers", de policiers, d'espions, de mages, de lutins ou de mondes nouveaux, vaillent davantage en terme d'élévation intellectuelle que la plupart des jeux video qui n'en sont qu'une extension visuelle.
H . Mais il y a lecture et lecture ! Celles destinées aux concours sont tout autres ...
J.B En tout état de cause, la lecture et le plaisir de lire, mais aussi la capacité à lire, à comprendre, à analyser, à comparer, à enrichir son imagination comme ses connaissances, s'acquiert par un apprentissage dès le plus jeune âge .
H. Oui , et nous avons soutenu et relayé les appels condamnant les méthodes dites"globales " , qui stérilisent cet apprentissage , base de toute autre connaissance.
(ndlr Depuis cet entretien , le nouveau ministre a rétabli , Dieu merci , les 'anciennes méthodes éprouvées , mais la réparation des dégats sera longue)
Revenons aux grands auteurs et aux épreuves des concours
J.B. Il va de soi que le système mondialiste n'a pas besoin d'hommes cultivés. Comme la bourgeoisie du XIXème siècle, la bourgeoisie mondialiste préfère que le peuple en sache le moins possible et soit le moins apte possible à comprendre le monde dans lequel cette bourgeoisie veut le faire vivre.
Réduire ou supprimer des matières comme l'histoire, comme les arts, les ramener à une simple vulgate trempée dans la pensée unique, ce n'est pas seulement ramener l'école au niveau d'un centre de triage pour activités économiques, c'est surtout, de la part du système, se prémunir contre toute possibilité de contestation lucide.
H Cest bien pourquoi nous préférons à "Hernani " parler de ce qui aurait dû rester instruction publique rationnelle et impartiale, et non pas d"éducation nationale " , l 'éducation relevant des parents
D'ailleurs la culture est un héritage ,tel notre attachement aux monuments , classés ou inscrits ,élément visible , tangible , toujours émouvant , parfois impressionnant de notre civilisation .
Or , la vente , ou le projet de vente de certains d'entre eux , hotels de Vogué , de Broglie, sièges de ministères , a ému l'opinion .Le montant de ces cessions serait destiné à combler une partie du trou de la dette , à retirer à l'Etat la charge de leur entretien , déja transféré aux collectivités locales , en somme à le soulager d'un devoir .
Quel jugement portez vous sur ce comportement ? Ces monuments historiques ne sont ils pas un bien indivis entre générations , que nous ne devons pas dilapider comme le ferait un mauvais père de famille ?
Par ailleurs , ils attirent en France un nombre considérable de touristes , et donc quantité de devises . Ne méritent ils pas un meilleur traitement que le budget des Monuments historiques en peau de chagrin ?
J.B. Il faut distinguer le patrimoine qui honore la mémoire et la grandeur d'un peuple, du patrimoine que l'on visite et qui, via l'activité marchande touristique, s'inscrit dans l'activité économique.
Le rôle d'un Etat sain, c'est à dire centré sur le peuple, est l'entretien et la sauvegarde de la première catégorie. Dans le deuxième cas, l'initiative privée a un rôle à jouer
Arc de triomphe d'Orange construit sous le règne d'Auguste
H . Mais la générosité des mécènes ,affublés du titre de sponsors, semble se tarir, ou se déverser vers d'autres organismes ,et ce sont souvent des bénévoles qui assument , en associations , la sauvegarde ou la restauration d'éléments du patrimoine
J.B.Dans tous les cas, l'Etat ne saurait en rester à la simple conservation. Le monde ne s'est pas arrêté en 1900. Il y aurait un rôle patrimonial à tenir pour l'avenir. Or, qui peut penser que les constructions récentes retiendront l'attention des générations futures ?
Les civilisations de jadis construisaient pour durer et passer les générations. Le temps, les avanies des guerres ou des catastrophes, triaient alors entre les édifices et faisaient que certaines accédaient au rang de patrimoine à contempler et à visiter. Or, on ne construit plus aujourd'hui pour défier les siècles.
H c"est le cas de celui d'Orange , construit au 1er siecle apres J.C.
la cavea y offrait 9 000 places ; il fut preservé des démolitions par l'éventail de ses utilisations . Mais Prosper Mérimée ,qu' inquiétaient les dégats afférents , demanda une restauration immédiate "pour ne pas priver la France d'un monument unique en son genre " Grâces lui soient rendues !
H. Maire d'Orange , vous portez sur le Festival , créé en 1869 , et sa durée , un regard averti .Cette manifestation connait un grand succès , et donc n' a besoin que de peu de subventions , contrairement à vos voisins d' Aix et Avignon . Comment expliquez vous cette différence dans le succès obtenu ? Choix de la qualité plutôt que "d'innovations " ?
J.B.Les Chorégies sont un festival spécialisé. Il possède, à ce titre, un public qui sait qu'il va y trouver ce qu'il attend. Il a également la chance de disposer d'un théâtre antique de 9 000 places ce qui permet une jauge suffisante pour rentabiliser une représentation
H.Il a été question de créer un enseignement de l'histoire de l'Art dans les collèges et lycées , dont on entend plus parler , alors qu'on réduit le nombre d'heures d'étude du Français et de l'Histoire tout court .Que pensez vous de ce projet , et , dans le même registre, de l'enseignement musical dans notre pays ? (d'autres pays ont réuni enseignement général et musical dans certains établissements ) Et quant au rayonnement de la culture française , du sort fait aux lycées français à l'étranger , au moment où l'Allemagne étend son réseau d'Instituts Goethe ?
J.B.Comment créer un enseignement de l'histoire de l'art alors même que nous ne formons qu'une poignée de spécialistes, lesquels, pour la plupart, ne souhaitent certainement pas aller enseigner en collège ? Comment rendre performant cet hypothétique enseignement si on ne lui accorde dans la notation générale qu'un poids dérisoire ?
Ce genre de proposition est un leurre politique, destiné à faire croire qu'on se préoccupe de civilisation, alors que, dans le même temps, on gère le pays comme une succursale de la finance internationale.
H. Notre hantise : voir la France devenir , comme l'Egypte , un territoire où les habitants , n'ayant plus rien en commun avec ceux qui ont façonné le pays , se contenteront d'en faire visiter les vestiges . Ce danger semble s'étendre à toute l'Europe , par le nomadisme , les modes de vie niveleurs et la pression du matérialisme ambiant .
Nous trouvez vous pessimistes , ou ce péril , bien réel , peut il être conjuré , et comment ?
J.B. C'est, en effet, le danger qui plane sur la France, mais aussi sur l'Europe. Un danger qui laisse indifférente une majorité des Français et des Européens, soit que ceux-ci adhèrent à la propagande officielle du "vivre-ensemble" et autres balivernes, soit que l'assouvissement des besoins primaires (manger, se distraire...) leur suffise .
Pour autant, rien n'est joué. Une partie importante de nos peuples refuse le sort qui nous est promis. Il n'appartient qu'à nous, par la somme et la convergence de nos actions, politiques et culturelles, de renverser un système qui, à l'instar de bien d'autres avant lui, se croit promis à l'éternité.
Nous vous remercions , Monsieur le député et maire , d'avoir bien voulu répondre amplement à nos questions .
Françoise Buy Rebaud , 24 août 2012
Statue d' Auguste , fils adoptif de César , mort en 14 apres J.C., dans une des niches du théatre antique d'Orange
Depuis cet entretien , la démarche de St,Bern a largement démontré l"attachement des Français à leur patrimoine historique