Le monde moderne a hélas perdu le vrai sens de ce mot .

"Identité , mémoire et patrimoine sont les trois mots clefs de la conscience contemporaine " écrit Pierre Nora (Les lieux de mémoire"Gallimard 1984 ) , alors que Hanna Arendt a souligné la volonté des régimes totalitaires de supprimer toute forme d'opposition , en éradiquant toute forme de pensée .

Une cuture est l'expression d'une identité ; un pays a droit à son identité comme un citoyen a sa carte d'identité , qui atteste de ses signes distinctifs , de son âge , de ses lieux de naissance et de résidence .Un pays , géographiquement circonscrit , est aussi une nation, ensemble de ceux qui sont nés en un même lieu , qui parlent la même langue, ont un passé, donc une histoire communs.

Encore faut il en avoir conscience .

"Ce qui reste quand on a tout oublié " :

un savoir : posséder notre langue , qui est outil et synapse ; en connaitre l'esprit , donc notre litterature et notre histoire qui doivent être enseignés et illustrés .

un souci : protéger les témoins de notre passé , notre patrimoine artistique et monumental ; les lieux marqués par notre histoire doivent être préservés .

C'est pour chacun de nous être le brin de fil dans la trame et la chaine de notre identité . 

Ce "reste" , en fait une richesse spirituelle transmissible , est une mémoire .

S'il est vrai que c'est au coeur de la cellule familiale que nait le goût de la culture , Alain Finkielkraut assure avec raison que, actuellement , "l'éducation nationale fabrique des handicapés culturels" . C'est pourtant elle qui devrait faire surgir les hommes et femmes qui feront honneur à notre pays .Or , méthodes "novatrices" , programmes en peau de chagrin , diplômes dévalués , laissent place à des faussaires de la culture qui assurent selon les recettes de Gramsci un nivellement des esprits .

Par rapport au budget de l'éducation nationale , le plus lourd de tous , celui de la Culture n'est qu'une plume , de par l'indifférence des personnels politiques et de ceux qu'on nomme décideurs à cet égard ..

Une campagne électorale s'ouvre : il est à craindre que les thèmes se réduiront à des affrontements de personnes et de partis , que la "crise" , tragédie révélatrice du matéralisme prégnant de notre société , occupera la plus grande part du temps du débat , et que cet élément pourtant majeur de notre identité , la Culture , sera oublié .

Jacques Attali , entretien avec Jean Marie Rouart , nov.2006 :

" La France , c'est d'abord une langue , une culture . La France n'existera qu'à la condition de ne pas devenir une tour de Babel. Les Français n'ont pas tous comme ancêtres les Gaulois , mais ils ont tous Blaise Pascal comme un de leurs maîtres à penser "

Jacques Le Goff "

"Les Français ne veulent pas devenir des orphelins du passé "

Aldous Huxley ,Préface du Meilleur des Mondes , 1956 , à propos des jeunes générations :

"Leur faire aimer leur servitude , telle est la tâche assignée aujourd'hui par les états totalitaires aux ministres de la propagande , aux rédacteurs en chef des journaux et aux maîtres d'école ....Il est possible que s'abatte sur nous ...d'ici 50 ans ....l'horreur d'un seul totalitarisme supranational se développant , sous le besoin du rendement et de la stabilité, pour prendre la forme de la tyrannie providence " .

Il serait donc bien temps que la Culture soit déclarée Enjeu National , et de rendre aux Français leur fierté de l'être .

18 novembre 2011