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20 juillet 2012 5 20 /07 /juillet /2012 13:37

 poster-Mozart-profil-vg.jpg C'est Mozart qu'on assassine , Beaumarchais , ou les deux? diderot.jpg

 

 

 

Le Festival d'art lyrique d'Aix en Provence ,en ce mois de  juillet 2012 , joue t il les provocations , ou se prend il pour celui d' Avignon ?

 

Défiant les bouffées de mistral , le jeune chef Jeremie Rohrer et son orchestre d'instruments d'époque , Le  Cercle de l 'Harmonie , servent admirablement la magnifique musique de Wolfgang Amadeus , dans la Cour de l'Evêché , avec  des chanteurs au métier confirmé , aux voix amples , justes et fermes , dont certaines particulièrement séduisantes ,  Kyle Ketelsen (Figaro ) , Patricia Petibon (Suzanne ) , qui sont aussi de vrais comédiens ,  et les Choeurs des Arts Florissants .Emouvants aussi , le couple Comte Almaviva - Comtesse , Rosine  si désirée , puis délaissée  (P.Szot, Malin Byström )

 

Car ici Beaumarchais est bien proche de Marivaux ,en chassés croisés amoureux et quiproquos ,  et Da Ponte , librettiste de Mozart , l'avait  compris . Le sous titre de l'oeuvre ," la Folle journée ", en donne le rythme émotionnel :  joie , enthousiasme ,  égarements , tentations ,  jalousie , douleur ,  intrigues s'enchainent , se précèdent ou  se suivent , que  le génie  du"  divin "Mozart dessine en de bouleversantes mélodies (monologue de la Comtesse ) ou brillantes harmonies  . C'est l'esprit de l'oeuvre quele musicien définit dans une lettre  à sa soeur en août 1784 :"Le mariage apporte certes des plaisirs tres grands , mais bien des soucis également " . Cet opéra buffa fut créé à Vienne au Burgtheater  le 1er mai 1786.

 

  Beaumarchais ? Nous savons tous quel fut  son rôle en cette fin du XVIII° siècle , que l'insistance du comte d'Artois obtint de Louis XVI en 1884  la représentation de la pièce écrite en 1881 ,  et nous n'avons nul besoin de Richard Brunel metteur en scène , pour nous l'expliquer ( croit il ?) en plaçant ce mariage dans un cabinet d'avocats XXI° siècle , pièces nues que viennent de quitter les plâtriers peintres,où Almaviva ,  patron  ( selon les modifications du  texte,) convoîte la fiancée de  Figaro , employée et non plus camériste  ( mot charmant qui résume la complicité Comtesse-Suzanne )  , dans une action où le droit de cuissage est désigné harcèlement sexuel ;  d'ailleurs , nous confie  ce "relecteur "" , les personnages sont tous "porteurs de justice "  ,   ce que tentent de démontrer la  scène  d'hommage des paysannes à la Comtesse ,  reconvertie  en manifestation de sympathiques  lejabystes , l'accoutrement du Comte en élu municipal ceint de l' écharpe tricolore , et pire , en chasseur macho , le fusil pointé sur l'épouse  soupconnée .....accompagné d'un ravissant chien de chasse- il faut bien montrer qu'on a parfois des idées ! - dont la gentillesse  contredit une   brutalité que Paolo Szot n'exprime pas  , restant dans le registre de l'orgueil blessé .... 

Le délicieux Cherubin , attendrissant chez Beaumarchais et Mozart , se travestit ici en  jeune énarque en  caleçon, chaussettes  et lunettes  ,  qui ne lira jamais  'l'Education sentimentale", et il faut tout le talent de Kate Lindsay   pour échapper au plus mortel des ridicules .

 

D'arides décors et de plats costumes  achèvent  cet ennuyeux exercice de démonstration politique , que de brèves  tirades de l'astucieux horloger-espion du royaume avaient projetées bien au delà de la rampe en quelques scènes .

On l'a compris  : la "fracture sociale "est de mise . Un des spectacles suivants , d'un certain Bruyère , en sera le  joyau ,avec  pour vedettes de "jeunes défavorisés " de cette riche  ville historique .

 

Si chef , instrumentistes et chanteurs n'avaient pas le talent dont ils sont doués , et n'exaltaient pas l'art du merveilleux compositeur autrichien , si  n'étaient en scène que quelques bonimenteurs d'un texte déformé , loin de l'esprit français de l'époque , copiant grotesquement des marionnettes de discothèque en scène finale , le public applaudirait il aussi chaleureusement ? Non certes , l'hommage allait  à Mozart et Beaumarchais  , et les houhous lancés à l'homme en écharpe mauve n'en furent que plus audibles .

 

Nos temps sont difficiles ?..... non , ils sont  tristes .

 

fbr, 15 juillet 2012

 

 

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commentaires

P
<br /> J'ai adoré Paulo Szot, il était le seul qui vraiment comprendre son caractère. le reste de la distribution ... J'ai essayé de prétendre qu'ils étaient des acteurs<br />
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D
<br /> Une seule ligne pour vous remercier d'avoir confirmé ma colère devant cette mise en scène aussi laide qu'inutile.<br />
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N
<br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Au troisième paragraphe, fautes de frappe : 1781 et 1784 seraient plus adéquats ! <br /> <br /> <br /> Cordialement !<br />
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