Si ces objets d'art sont relégués dans des cartons au sous sol de la Bnf , pour laisser place à du "contemporain" voici ce que les visiteurs ne verront plus...
FBR
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Sur une image de beauté préexistante dont l’homme aurait l’intuition Quel étrange pouvoir de séduction exercent les pierres de couleur ?
Ne pas oublier l’ivoire, l’or, le bronze, l’argent
Matière sensible, matière vivante qui a tenu captifs tant de collectionneurs
Rêveurs, dont la vision d’esthète l’a emporté sur le regard du numismate
Quel est le sens, quelle est la signification profonde d’une collection ?
La collection du musée du Cabinet des Médailles remonte si loin dans le temps.
Pour le meilleur ou pour le pire, les trésors artistiques du département des Monnaies, médailles et antiques, dit aussi Cabinet des médailles, seront mis en caisses durant la durée des travaux du site Richelieu.
Peut-être n’aviez-vous jamais entendu parler de ce trésor national dont la BnF est le dépositaire ?
C’est le plus ancien musée de France, dont l’avenir suscite beaucoup d’inquiétudes. Une collection est bien autre chose que l’addition d’un certain nombre d’objets. Elle reflète la personnalité, les goûts, les aspirations ou l’histoire du collectionneur. Ainsi, ces milliers d’objets précieux et modestes sont-ils le reflet de l’âme de la France, de ses valeurs à certaines époques, des modèles culturels prédominants au fil des âges.
La présentation du Musée, héritier du Cabinet des rois de France, s’organise autour de l’histoire de ses collections et non de façon chronologique. De tout temps, les rois et les puissants de ce monde ont collectionné des objets précieux.
Luxe, image et pouvoir sont intimement associés.
L’histoire mal connue du Cabinet de France est une épopée pleine de rebondissements, de coups de théâtre, d’enrichissements et de catastrophes.
Formées à la Renaissance de bijoux, médailles et camées, les collections laissèrent dès le 17ème siècle une place de choix à l’archéologie. Le règne de Louis XIV fut particulièrement fructueux. Le roi s’intéressait de près à ses collections, les fit venir à Versailles. Il les étudiait souvent, les enrichissait et commandait aux plus grands joailliers, tel Josias Belle, de somptueuses montures d’or émaillé qui transformaient les camées antiques en bijoux de son siècle.
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Glyptique, L’Intaille de Julie
Aigue-marine gravée (Rome, 1er siècle après J.C.) et monture d’or, de saphirs et de perles (Ecole du Pa lais de Charles le Chauve, 9ème siècle) Au centre du joyau, le portrait de Julie, fille de Titus, signée du nom du graveur grec installé à Rome Evodos. L’intaille fut enrichie d’une monture et déposée dans le trésor de Saint-Denis. En raison de ses liens étroits avec le pouvoir royal, l’abbaye reçut un grand nombre d’objets somptueux et de manuscrits enluminés.
Lorsqu’un rayon de lumière frappe l’intaille, un accord très subtil se joue entre les reflets irisés des perles, le bleu des saphirs, le bleu clair évoquant l’eau de mer de l’aigue-marine transparente et l’or des cercles qui enchâssent les pierres.
Saint-Denis et son célèbre abbé… l’abbé Suger au 12ème siècle, perdu dans la contemplation des vases sacrés qui transportent « des choses matérielles aux immatérielles ».
Une esthétique de la lumière et des pierres précieuses, la même magie qui opère lorsque le soleil éclaire un vitrail et le fait vivre.
La lumière qui rend visible ce qui est beau.
La monture carolingienne, à couronne de neuf saphirs surmontés de six perles fut exécutée en France au 9ème siècle par un orfèvre de l’atelier de la cour. L’intaille était placée au sommet d’une grille d’or couverte de perles et de pierres précieuses, connue sous le nom « d’écrin de Charlemagne » qui fut offerte à l’abbaye par Charles le Chauve. Cette intaille fut prélevée en 1791 et reste, avec une aquarelle d’Eloi Labarre, le seul témoignage du reliquaire, démonté et fondu dans la tourmente de la Révolution.
La « Coupe des Ptolémées »
Etonnant vase-camée.
Cette somptueuse pièce du trésor de Saint-Denis aurait été offerte également à l’abbaye par le roi Charles le Chauve.
Elle est taillée dans un seul bloc de sardoine et frappe par sa virtuosité technique, l’équilibre de la forme dans l’espace, le jeu sur les différentes couleurs de la pierre. Sait-on encore de nos jours façonner la sardoine ?
La tradition rapporte qu’elle servait lors du sacre des reines de France.
Elle faisait donc partie de ce qu’on appelle les regalia.
Le décor en haut-relief évoque les préparatifs d’une cérémonie dionysiaque.
Sur chacune des faces, une table chargée de vases et les branches d’un arbre auxquelles sont étrangement suspendus des masques bachiques.
Datant du 1er siècle avant ou après J.C., ce canthare antique pourrait être l’œuvre d’un atelier d’Alexandrie. Il fut transformé en calice par une riche monture d’orfèvrerie, à l’époque de Charles le Chauve, fondue lors d’un vol en 1804.
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Le Grand Camée de France, Trésor de la Sainte-Chapelle
C’est assurément l’une des pièces les plus remarquables du Cabinet. [4] Il date du règne de Tibère, le deuxième empereur romain qui succède à Auguste en 14 après J.C. Tibère appartient à la dynastie Julio-Claudienne.
Œuvre insigne, image mythique du pouvoir impérial romain, le Grand Camée de France aurait été acquis en même temps que la couronne d’épines du Christ par Saint Louis auprès du dernier empereur latin de Constantinople. [5] Les deux objets furent déposés à la Sainte-Chapelle que le roi avait fait édifier pour abriter la vénérable relique du Christ. Dès lors, on peut suivre la trace du « camaïeu » dans les inventaires royaux.
1791, coup de tonnerre : l’Assemblée nationale décrète la vente des objets conservés dans le trésor de la chapelle royale. Ce fut Louis XVI, alors prisonnier au Temple, qui réussit in extremis à faire déposer le précieux camée au Cabinet des médailles.
1804, nouvelle catastrophe : le camée est volé, emmené en Hollande, reconnu, récupéré, puis réintégré au Cabinet. Au terme de cette histoire rocambolesque et après avoir changé plusieurs fois de montures en raison des changements de goût de l’époque, le Grand Camée de France semblait devoir mener une vie paisible et entretenir des liens secrets avec les rescapés du Trésor de Saint-Denis dans la vitrine d’à côté…
Quelles passions n’a-t-il pas suscitées !
Au fond, que se joue-t-il derrière une image si froide ?
Bien sûr, la pierre gravée est la plus grande agate taillée au monde, mais la gemme Auguste (Gemma Augustea), actuellement conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne, est d’une facture peut-être plus belle encore.
Image et pouvoir, politique et culture : les empereurs romains se servirent des camées pour propager le mythe impérial au sein d’une élite politique cultivée (et donc dangereuse) et asseoir la légitimité dynastique des Julio-Claudiens, l’unité de la « famille » impériale.
Le camée présente trois registres illustrant la glorification de Germanicus.
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Argenterie
Le Trésor de Berthouville
Dans les œuvres luxueuses destinées à des commanditaires de rang élevé, l’art de l’époque d’Auguste atteint son apogée. Notamment dans l’art de l’argenterie. Ce que l’art augustéen produisit en la matière atteint des sommets d’excellence, ainsi qu’en témoigne le trésor de Boscoréale conservé au musée du Louvre.
Le Cabinet des Médailles conserve un trésor archéologique gallo-romain découvert en 1830 en Normandie par un agriculteur qui labourait son champ et dont le soc de la charrue fut bloqué par une tuile romaine protégeant le trésor. La plus grande partie de ce trésor d’une centaine d’objets en argent est d’époque gallo-romaine, datable du 2ème siècle. Certaines des pièces romaines datent du 1er siècle après notre ère.
Une centauresse (mi femme-mi cheval) est tourmentée par un putto lui jetant des glands.
Le trésor fut enfoui par son propriétaire probablement pour le protéger d’une invasion barbare. Pour un archéologue, ce doit être une expérience extraordinaire de mettre au jour un trésor au cours de fouilles, mais les choses sont encore plus étonnantes lorsque la découverte a lieu par hasard. L’argent s’oxyde. Qu’a bien pu penser l’agriculteur qui a déterré le trésor de Berthouville ? Est-ce en raison du matériau deviné qu’il a fait part de sa découverte fortuite à l’administration locale ou par une intuition de la beauté des objets ?
Quoi qu’il en soit, ce découvreur de trésor a eu la secrète intuition de la valeur (marchande et/ou esthétique) des objets qu’il venait de mettre à jour et en a permis l’invention ou révélation au public.
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