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16 décembre 2011 5 16 /12 /décembre /2011 16:26

Abus de discrétion
 

Ne laissons pas   cette année  venir à son terme sans rappeler qu'elle fut celle d'un anniversaire : celui  de la naissance du pianiste et compositeur Franz Liszt .

Ce bicentenaire est passé presque inaperçu , sauf  dans les milieux musicaux  et chez les  mélomanes avertis .

Et pourtant !

Liszt fut l'un des plus fascinants représentants de notre culture et civilisation occidentales : dans les pays où il vécut , et dans ceux dont il fut l'hôte momentané , il eut l'intuition de leur identité et , comme l'avait écrit Chateaubriand , du génie du christianisme .

 

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Né en novembre 1811  à Raiding en Hongrie , où son enfance s'imprégne de christianisme et de sonorités tziganes , protégé des Esterhazy  pour ses dons prodigieux , il vit à Vienne de 1821 à 1823, puis  à Paris jusqu'en 1834 , où sa prestance et son génie lui ouvrent toutes les portes . Un épisode en Suisse , des séjours en Italie  , un retour en France pour une halte à Nohant ( avec Chopin chez George Sand ) précèdent un  autre  en Hongrie de 1838 à 1840 , entrecoupé de tournées  en Allemagne , Autriche , Italie ,  de séjours à Londres et toute l'Angleterre , Ecosse , Irlande ; Prague , Leipzig , Berlin , Saint Petersbourg ,Bruxelles , encore Paris,  en Espagne ;  puis  à Bonn , en Russie , en  Turquie de 1845 à 1847.

Etourdissant ? Sans doute , et  il maîtrisait plusieurs langues , dont le Français (cf sa biographie de son ami Frédéric Chopin ).

 

Il trouve cependant un port d'attache à Weimar  ,  apres une tournée à Kiev , Odessa , encore Saint Petersbourg et  Vienne  , au moment où s'y propage  en 1848 l'insurrection de Paris , qui   s'étend   en Allemagne et en Hongrie (exil à vie de Kossuth ).Liszt  reste à Weimar , rendue célèbre par Goethe qui y fut conseiller aulique, de 1849 à 1861 comme maître de chapelle ; la ville devient alors un centre musical et culturel de premier ordre .

Mais Franz Liszt , prince novateur de la musique , est depuis son jeune âge habité de ferveur religeuse : il se  se dit  mi-franciscain , mi-tzigane .

 

Après une vie plus que tumultueuse ,c'est à Rome qu'il dépose son bagage , au monastère Madonna del Rosario, et c'est dans la Ville Eternelle qu'il reçoit les ordres mineurs . Son activité de compositeur s'en trouve magnifiée  , en même temps qu' il continue ses activités à Weimar , d'autres à Budapest , en  voyages entre ces villes  , mais aussi Paris , Venise , Londres , Anvers  et Bayreuth , où vit sa fille Cosima , épouse de Wagner , et où la mort arrête l'éternel errant  en 1886 . Il repose au cimetière de Bayreuth .

 

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Franz Liszt était beau et virtuose , mais cela seulement ne peut expliquer le prestige dont il était auréolé ;  son génie novateur   , non plus ; ce qui est désigné de nos jours par charisme , peut être .C'est en fait une fascination qu'il exercait , sur ses auditeurs ,  sur les princes  , souverains et autres "puissants du monde "dont il était l'invité ,  sur ses amis et les  autres musiciens . Le pape lui même venait s'asseoir pres de lui pour l'écouter à l'harmonium .Ses  pensées , ses  sentiments et ses passions  éveillaient et ennoblissaient les leurs , et le font  encore .Célèbre par ses improvisations  , il en donnait , dans les pays visités ,sur les hymnes nationaux ou des thèmes folkloriques qui soulevaient l'enthousiasme , et si  ses rhapsodies hongroises transportent toujours  les auditeurs , ses oeuvres de méditation ou d'inspiration religieuse bouleversent jusqu'au fond de l'âme .

Célèbre , adulé et riche , il fut d'une générosité sans limites , et la fin de sa vie  d'un dénuement et d'une austérité  de moine .

 

Chantre de la patrie, il nous donne avec ses Préludes pour orchestre , sur un poème de Lamartine (oui , je reviens vers toi , berceau de mon enfance; la meilleure version est de Léopold Stokowski ),

 

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 chrétien , la même poignante émotion que son "sursum corda " pour piano  , la douceur avec "les jeux d'eau de la Villa d'Este " , et la sérénité dans les "Consolations " ; les pianistes Lazar  Berman et Jorg Bolet restent ses interprètes les mieux inspirés .

 

Puissent ces quelques lignes donner à nos lecteurs l'envie de mieux connaitre ce merveilleux compositeur , dont Henri de Pourtalès a dit:

"Liszt a ceci d'exemplaire , qu'ayant connu fort jeune les plus rares triomphes d'artiste et les plus dangereuses joies d'homme , il s'est lentement élevé ,

de sa seule volonté et malgré cette gloire enlisante , jusqu'aux solitudes de l'esprit . Il poursuivait  ce qu'on appelait en son temps un idéal , bien différent de ces succès  recherchés aujourd'hui à coups de coude , si ce n'est de pieds .

Son idéal état une manière d'être, une manière de servir , l'art pour lui un sacerdoce , et rien n'allait  au dessus de sa foi "

 

FBR , novembre 2011

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