Le vrai tombeau des morts , c 'est le coeur des vivants , selon Jean Cocteau
La plus belle sépulture est le coeur des vivants , selon André Malraux
La mort n'efface ni la mémoire , ni l affection , ni l'admiration où se construit le souvenir
Souvenons nous .......
Heureux sont ceux qui sont morts dans les grandes batailles
Couchés dessus le sol à la face de Dieu
Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu
Et les pauvres honneurs des maisons paternelles
Charles Péguy
Alain -Fournier ( Henri Alban Fournier ) né en 1886 , tué au combat en septembre 1914 à la Tranchée de Calonne pres de Verdun
Des troupes en mission de reconnaissance , rejointes par d'autres combattants, sont prises sous la mitraille d'une compagnie prussienne ; trois officiers , dont le lieutenant Fournier , et dix huit hommes sont tués
Leurs corps sont déposés dans une fosse commune par les ennemis , puis exhumés et identifiés en 1991 et transférés dans la nécropole nationale de Saint Rémy de Calonne
Stèle dédiée à l'écrivain , où le combat eut lieu
Quand on a vingt sept ans , les projets et les rêves fleurissent
Hélas pour ce si jeune homme , ils se sont fanés avec son pensif regard , et le nouveau roman ébauché ne vit pas le jour
Lui qui avait écrit La plupart du temps , nous mourons de faiblesse , nous mourons de ne rien oser , pour lui ce ne fut pas de faiblesse , mais de courage , puisque ,sous -lieutenant , il lança l'attaque
Guillaume Wladimir Alexandre Apollinaire de Kostrowitzky, dit Guillaume Apollinaire , est né à Rome en 1880 ; "sujet polonais de l'Empire russe", il était aussi doué comme poète ,que comme écrivain et critique d'art .
Engagé volontaire en 1914 ,accepté artilleur dans la Légion étrangère ,il est envoyé au front comme sous lieutenant en 1915 , à sa demande dans l'infanterie , où les pertes sont les plus lourdes .Alors qu'il vient de recevoir la nationalité française en 1916 ,il est blessé à la tempe par un éclat d'obus dans sa tranchée ; hospitalisé , puis trépané en mai , déclaré inapte au combat , on le reclasse en service auxiliaire . ll écrit alors son recueil de poèmes et de contes " Le poète assassiné"
Il meurt à Paris le 9 novembre 1918, est enterré au cimetière du Père Lachaise
Tristesse d'une étoile
......Une étoile de sang me couronne à jamais.....
....de mes maux ce n'était pas le pire ....
....je porte avec moi cette ardente souffrance
Comme le ver luisant tient son corps enflammé
Comme au coeur du soldat palpite la France
Et comme au coeur du lys le pollen parfumé .
René Dupuy des Islettes, dit Dalize , né en 1879 ,capitaine d'une compagnie de mitrailleuses , tombé au Chemin des Dames en mai 1917
Il était l'ami de Guillaume Apollinaire et d 'André Billy ,co rédacteurs des "Soirées de Paris ", qui furent tres affectés par sa mort ,et l'animateur du Journal des tranchées, "qui paraissait quand les Allemands nous en donnaient le temps " disait il
En pressentiment de sa mort , puisqu'il fut fauché par un obus ,il avait écrit la Ballade du pauvre macchabée
Je suis le pauvre macchabée, mal enterré .
Mon crâne lézardé s"effrite en pourriture,
Mon corps éparpillé divague à l'aventure,
Et mon pied nu se dresse vers l'azur étheré .
Plaignez mon triste sort !
Nul ne dira sur moi "Paix à ses cendres "....
Je suis mort
Dans l'oubli désolé d'un combat de décembre .......
Léon de Montesquiou , fils du Général comte de Fézensac et de la comtesse Marie Bibesco, est né en 1873 ,dans une famille de tres ancienne noblesse, dont est issue la branche des d'Artagnan
Ecrivain :''Le salut public , La raison d'Etat " , officier de réserve , il est affecté à la Légion Etrangère et tombe en septembre 1915 à Souains
Royaliste épris de tradition , trans dare du latin , donner pour perpétuer, était sa passion Il s 'était lié d'amitié avec l'académicien Jacques Bainville , féru d'histoire comme lui
Il fut enterré au cimetière militaire de Suippes , puis repose maintenant au cimetière historique du Calvaire à Paris , tombe 66
Nécropole militaire de Souains Suippes
Charles Péguy 1873 1914
L'écrivain
le lieutenant
"" Je ne veux pas que l'autre soit le même , je veux que l'autre soit autre
C'est à Babel qu'était la confusion " a t il dit
Reflexion prémonitoire s'il en est .......
Fils d'un menuisier mort trop tôt, d'où son enfance austère ,il fut un brillant élève , en primaire et jusqu'à l'Ecole normale supérieure . Bergson exerça sur iui à ce moment une certaine influence D'abord tenté par le socialisme par bonté native , il s'en détacha , le désignant comme "" un parti de bourgeois intellectuels qui ont inventé le sabotage et la double désertion , la désertion du travail et la désertion de l'outil .Pour ne pas parler de la désertion militaire " La France venait de perdre , en 1870 , ses provinces l'"Alsace et la Lorraine
Entre 1907 et 1908 , apres la lecture de l'Evangile selon saint Matthieu ,il retrouva un catholicisme profond , dont son oeuvre exprime le mysticisme , imprégné de nos racines gréco-romaines et chrétiennes , qui inspirera Bernanos et Charles de Gaulle ,penchant vers le nationalisme , celui de l"amour de la terre, du travail bien fait et de la famille .
De ses nombreux et profonds ouvrages , retenons "Notre Patrie " 1905, ""L'argent" 1909, et les sublimes "Le mystère de la Charité de Jeanne d"Arc" , héroïne d'Orléans où il a étudié, et "Les tapisseries de Notre Dame "1912-1913
Une grave maladie d'un de ses enfants le porta , fidèle au voeu exprimé pour sa guérison , à suivre le pélerinage de Chartres , accompagné sur une partie du chemin, par Alain-Fournier. Tous deux entretenaient une correspondance nourrie
La cathédrale de Chartres vue par Camille Corot 1796-1875
" Si je suis tué , vous irez chaque année en pélerinage à Chartres ", demanda t il aux siens
Pressentiment ? Lieutenant de réserve, il fut frappé d'une balle au front en septembre 1914 à la bataille de l'Ourcq , début de la premiere bataille de la Marne
Ses dernieres paroles furent , selon un de ses hommes :
"''Oh mon Dieu ,mes enfants ....."" Il en avait quatre
Intentionnellement oublié , il a reçu d'Alain Finkielkraut un bel hommage ' Le Mécontemporain " paru en 1992
ll repose au cimetiere de Villeroy , son nom se lit sur la pierre avec ceux des compagnons de guerre, un calvaire désigne le lieu des combats
Louis Pergaud , né en 1882 dans le Doubs , fils de paysans et instituteur , a écrit ""De Goupil à Margot "" qui reçut le prix Goncourt 1910 , en 1912 "La guerre des boutons "" et en 1913 "Le roman de Miraut chien de chasse " entre autres titres sympathiques
Cet ami des bêtes est pris dans la tourmente de la Grande Guerre comme sergent , puis sous lieutenant Apres une attaque dans le secteur des Eparges pres de Verdun en avril 1915, il est porté disparu avec d'autres soldats .
Apres de nombreuses recherches infructueuses , il fut déclaré mort pour la France en 1921
Il était parti dans le souvenir de 1870 pour rendre à la France ses provinces perdues Alsace et Lorraine ( correspondance avec Paul Léautaud ) Son carnet de guerre, du 3 aout 1914 au 6 avril 1915 , a été intégralement édité en 2011
Et si c'était lui , le soldat inconnu ?
Jules Leroux , enfant des Ardennes , fils de paysans et tôt orphelin de père , né fin décembre 1880 , fut maitre interne à l'école normale de Douai et professeur d'histoire de l"Art à l'Ecole des Beaux Arts de cette ville
Auteur de : L'aube sur Béthanie , poeme tiré de l'Evangile et "Un tableau de l'Eglise de Douai " et de romans dits ardennais dont les plus connus " Une fille de rien" , "la forêt d'Ardenne " "Jean Bellegambe" , "Léon Chatry , instituteur ""Le Pain et le Blé" entre 1908 et 1913 .Il avait rencontré Louis Pergaud
Si il savait répondre aux laïcards de ce début de XX°siècle, mieux encore il donnait un portrait fidèle des gens d"Ardenne .Ses écrits sont prégnants , dédiés à l'amour du pays et au travail bien fait .
Volontaire dès le début de la guerre , blessé à la main en 1914 , il remonte au front en 1915 comme caporal d'infanterie , disparait en juin 1915 aux combats de Roclincourt pendant l'offensive en Artois ,et sera déclaré "mort pour la patrie "en 1921
Il vit le jour ici , Villers Semeuse
Il reste sans sépulture
Quels honneurs lui seront rendus ce 11 novembre 2018 ?
Les restes du village de Roclincourt en 1915
Certains n'ont jamais été reconstruits
Un autre de nos combattants sans sépulture
Georges Guynemer 24 décembre 1894 - 11 octobre 1917
Georges Guynemer , de constitution fragile, est refusé quand il vient s'engager en 1914 , mais son impérieux désir de participer à la guerre le pousse vers une école de pilotes d'avions . D'abord mécanicien auxiliaire, il devient éléve pilote , et en juin 1915 est affecté à l'escadrille MS3 devenue S3 et tres vite promu sergent, abattant avec audace les avions ennemis
C'est le moment où le général Pétain réclame des aviateurs pour protéger les combattants de Verdun avant les assauts .Guynemer déja titulaire de la médaille militaire , reçoit du Pdt Poincaré la croix de la Légion d'honneur le jour de sa majorité .Apres une blessure ,il rejoint le théatre de la Somme de 16 à 17 acquiert le grade d'officier de la Légion d'honneur
En juillet 1917 il prend le commandement de l'escadrille des Cigognes
Il est alors l"as des As "qui assurent la suprématie de la France dans les airs , admiré de tous les Alliés , titulaire de 'ordre de la Croix de Saint Georges que Raymond Poincaré lui remet au nom du tsar, pour avoir abattu quarante cinq avions ennemis , et assuré cinquante trois victoires aériennes ; les citations abondent de termes élogieux : courage , audace , témérité , ardeur , précision du tir ,habileté , sang foid Tres vite passé sous lieutenant , puis lieutenant, il monte au grade de capitaine
Parti pour une patrouille au dessus de la zone de Langemark dans les Flandres belges , il pourchasse un appareil allemand d'observation , et ne revient pas de cette mission Ni son avion , ni son corps ni ses habits de chasse aérienne sont retrouvés Il est porté disparu le 17 octobre 1917
Un rapport de la Croix Rouge fait état d'une chute en territoire allemand de Poelkapelle en Belgique , pres d'Ypres Le commandant de la base , admirateur des prouesses de Guynemer , aurait fait transporter son corps por l'inhumer avec les honneurs militaires , les ennemis eux mêmes le considérant comme un héros chevaleresque
Sa devise : "Faire face "
Une plaque porte son nom au Panthéon , faible rappel d'un caractere et d'actes exceptionnels
Mais on sait que la République ne reconnait pas les meilleurs des enfants de la France