Ces derniers jours ont emmené vers l'autre monde deux figures, que nous n'effacerons pas de notre mémoire.
Nikolaus Harnoncourt, Alain Decaux
Né à Berlin en 1929, dans une famille d'ascendance lorraine, les de La Fontaine d'Harnoncourt, le musicien est mort le 5 mars en Autriche, où il a passé sa vie.
Violoncelliste et gambiste à l'orchestre symphonique de Vienne, il a fondé le Concentus Musicus Wien, et renouvelé (pas modernisé !) l'interprétation de la musique baroque par ses recherches, l'étude de textes et l'utilisation d'instruments d'époque.
Mais c'est son sens profond de cette magnifique musique, Bach, Haendel, Vivaldi, sa perception des Passions et des cantates de Bach qui lui donnent la notoriété.
Sa Passion selon Saint Matthieu de 2001 en est le plus bel exemple : mouvementée, tragique, bouleversante, elle exalte, au plus près du texte, les réactions de foule, les faiblesses ou les grandeurs des acteurs de cette tragédie au rythme inexorable, confrontés à la sérénité du Christ, qu'on dirait vécue par le fervent Jean Sébastien.
La musique, devenue bruit ou conformisme, se remettra t elle de cette disparition ?
Il y eut un temps où jouer Bach comme du jazz amusa le public, mais l'idée toucha surtout les Concertos brandebourgeois, et ne fut qu'un feu de paille.
Or il règne en ce moment une sorte de conformisme musical, appuyé sur la rapidité, (et non la virtuosité) et le tapage publicitaire, qui détourne les authentiques mélomanes des nouvelles vedettes et les dirige vers la recherche de microsillons d'années antérieures.
Harnoncourt ne visait pas le succès, il descendait aux sources et les enrichissait de sa méditation, et par bonheur nous a légué des CD.
Gardons-les précieusement.
Son grand âge, sa qualité d'Académicien, son visage avenant, sa sagesse, ses pointes d'humour, tout nous laissait croire en son immortalité.
Mais le temps passe sans se soucier du vide qu'il creuse...
Nous regrettons toujours madame de Romilly, (http://cerclehernani.over-blog.fr/article-l-immortelle-jacqueline-de-romilly-s-est-63445245.html)
et désormais nous regretterons monsieur Decaux, sa Tribune de l'Histoire, lui de feue la "gauche Victor Hugo" de Monseigneur Myriel, et ses complices, André Castelot et Jean François Chiappe, de vraie droite sans complexes ; celui de "La caméra explore le temps", et des récits de la vie de nos grands hommes, qui lui valurent quelques vilenies, mais ne l'empêchèrent pas d'être ministre délégué chargé de la Francophonie sous Mitterrand, qui avait d'autres ressources intellectuelles et d'autres recrues que les paltoquets contemporains. Et de tracer une belle carrière de dramaturge.
Emerveillée hier et aujourd'hui comme Éric Zemmour "par le vieil oncle qui racontait l'histoire aux enfants et en faisait des Français", c’est à lui que je laisse la parole pour cet touchant hommage.
https://www.youtube.com/watch?v=HvhqBFO5hpg
fbr
2 avril 2016
Et nous rappellerons le troisième anniversaire de la mort de Pierre Schoendorffer 14 mars 2012.
Survivant comme Hélie Denoix de Saint Marc de la guerre d'Indochine où il portait la camera du Service photographique des Armées, il ne fut pas seulement témoin souvent héroïque des grandeurs et des combats de la fin de nos colonies, il fut aussi écrivain, récompensé par des Prix dont de celui l'Académie Française : La 317° Section, l'Adieu au Roi, le Crabe Tambour, romans qui, transposés à l'écran, récoltèrent des lauriers, dont le bouleversant "L'honneur d'un capitaine".
Servis par des acteurs pénétrés de la noblesse des personnages qu'ils représentent, de leur force et de leur abnégation, ils devront traverser comme "Servitude et Grandeur militaires", de Vigny, ou "La grande Illusion" de Jean Renoir les péripéties d'une Histoire sans cesse trahie ou insultée par nos "dirigeants" contemporains.
http://cerclehernani.over-blog.fr/2014/02/ce-que-nos-redoutions.html