Je signe l'appel de Denis Tillinac pour sauver nos églises
Résistance.
Parce que nos églises, même désaffectées, ne sont pas destinées à devenir des mosquées, Denis Tillinac et “Valeurs actuelles” lancent un appel pour préserver ces sentinelles de l’âme française. Certaines déclarations récentes appelant à ce que des églises soient transformées en mosquées ont provoqué chez les Français une émotion susceptible de favoriser les pires amalgames en ces temps où le terrorisme islamiste ensanglante la planète et commet des crimes en plein Paris. Elles offensent gravement les catholiques, ainsi que de nombreux imams attachés à la singularité de leur foi et de leur pratique cultuelle. Une église n’est pas une mosquée, et prétendre que “les rites sont les mêmes” relève d’un déni de réalité scandaleux. Croyants, agnostiques ou athées, les Français savent de la science la plus sûre, celle du coeur, ce qu’incarnent les dizaines de milliers de clochers semés sur notre sol par la piété de nos ancêtres : la haute mémoire de notre pays. Ses noces compliquées avec la catholicité romaine. Ses riches heures et ses sombres aussi, quand le peuple se récapitulait sous les voûtes à l’appel du tocsin. Son âme pour tout dire.
De Michelet à Marc Bloch, aucun de nos historiens n’a méjugé cette évidence. Les maires de nos communes rurales, fussent-ils allergiques au goupillon, entretiennent tous leur église avec une sollicitude filiale. Elle ennoblit leur village ; à tout le moins, elle le patine et ils en conçoivent une fierté légitime. L’angélus que sonnent nos clochers scande le temps des hommes depuis belle lurette. Sur celui du tableau de Millet, il a beau n’être qu’un point infime à l’horizon, il atteste une pérennité culturelle par-delà les aléas historiques. Feu le président Mitterrand connaissait les ressorts intimes de l’imaginaire national : un vieux clocher d’église se profilait sur ses affiches électorales, et sa symbolique n’avait pas de connotation cléricale. Elle racontait l’histoire de France dans une langue accessible à tous nos compatriotes. Ils tiennent à la laïcité de l’État et à la liberté de conscience et de culte qu’il lui incombe de protéger. Pour autant, ils ne peuvent tolérer la perspective d’une pratique religieuse autre que catholique dans leurs églises. Même celles de nos campagnes, souvent vidées de leurs paroissiens par l’exode rural. Elles continuent de témoigner ; leur silhouette au-dessus des toits contribue à un enracinement mental dont nous avons tous besoin pour étayer notre citoyenneté.
Du reste, rien ne prouve qu’elles resteront vides ad vitam aeternam. La France n’est pas un espace aléatoire, et elle n’est pas née de la dernière pluie médiatique : quinze siècles d’histoire et de géographie ont déterminé sa personnalité. Cet héritage nous oblige, de quelque souche que nous provenions et de quelque famille politique que nous nous réclamions. Inscrits au plus profond de notre paysage intérieur, les églises, les cathédrales, les calvaires et autres lieux de pèlerinage donnent sens et forme à notre patriotisme. Exigeons de nos autorités civiles qu’il soit respecté ! Le confusionnisme trahit une méconnaissance de notre sensibilité et ferait peser une menace sur la concorde civile s’il n’était clai rement récusé au sommet de l’État.
Denis Tillinac
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