"Quand les chefs d'état ne se comportent pas comme tels, ils ne méritent plus respect ni considération "
Même si elle a donné son nom à un délicieux dessert , il ne s'agit pas pour autant d'oublier que la beauté de la fille de Leda et du Cygne, épouse de Ménélas, roi de Sparte, fut la cause d'une guerre sauvage .
Mais Offenbach est un musicien magicien , ses deux complices Meilhac et Halévy de diaboliques librettistes , et l'opéra bouffe du titre a souvent offert aux mélomanes et aux malicieux bien des motifs de jubilation .
Une tradition , en quelque sorte .
Ce fut le cas ce dimanche 21 juin , où la généralement insipide Fête de la Musique devenait par la diffusion sur Arte de cette oeuvre un savoureux moment entre vaudeville , comedia dell' arte et grand opéra .
Non seulement parce que le jeune Lorenzo Viotti est un chef accompli et de tempérament , que la belle mezzo Gaëlle Arquez vaut à elle seule bien plus que toutes les divas à célébrité surfaite , que musiciens d'orchestre et chœurs ont fait preuve d' une homogénéité et d'une qualité remarquables , que les mouvements scéniques bien huilés communiquaient crescendo un irrésistible entrain ,
mais parce que le duo de metteurs en scène a réussi un tres beau coup monté .
" Quand les chefs d'état ne se comportent pas comme tels , ils ne méritent plus respect ni considération "
Les rois grecs étaient virils , leurs épouses dignes , les Troyens portèrent avec dignité leurs malheurs , mais notre Occident a peu à peu oublié ces vertus ,pardon : ces "valeurs " , et le trio précité s'en était donné à coeur joie de le démontrer en 1864 , la censure n'ayant lâché ses ciseaux qu' à la veille de la première .
L'actuel et sinistre , dans le vrai sens du terme , personnel politique étant tombé bien plus bas que celui du Second Empire , c'est dans l'allégresse que nous avons vu les faux héros de cette parodie étaler les ridicules et les lâchetés d'une dolce vita adonnée aux tics de notre époque...
Bravo à Pierrick Sorin et Giorgio Barberio Corsetti pour avoir monté mise en scène , costume et décors et projections avec brio et .....cruauté : l'enlèvement d'Hélène non pas pour Cithère, mais Ibizza en fut le clou .
Les anachronismes et les "relectures ", d'habitude , ne nous conviennent pas
Mais en l'occurence elles visaient juste, et la flèche a trouvé sa cible .
Spectacle décapant et , bis repetita , jubilatoire , dans le sillage Offenbach , Meilhac, Halévy
Bis !!!
FBR 22 juin 2015