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18 décembre 2013 3 18 /12 /décembre /2013 14:22
Alain Delon à Caluire , 11 décembre, théâtre du Radiant .

A ceux qui aiment le théatre , le vrai .

Alain Delon à Caluire , 11 décembre , théatre du Radiant .

"Une journée ordinaire "pièce d'Eric Assous , mise en scène de Jean Luc Moreau .
Alain Delon , Anouchka Delon , Elisa Servier, Julien Dereims .
En tournée en province et pays francophones après le succès parisien

Le titre ironique est annonciateur , même si on n'y prend pas garde : ce qui commence dans un humour décapant finit en tragédie , et le choix de l'émouvant "La jeune fille et la mort ' de Franz Schubert, dès les trois coups , en est significatif .
La critique a parlé de conflit des générations , mais il faut une écoute attentive , car les dialogues sont bien enlevés , puis le plaisir de les
lire , pour apprécier la vivacité intellectuelle de l'auteur et son acuité psychologique .

Car ce qui sépare ce père de sa fille bien aimée , au delà des différences fatales de comportement , de jugement , d'appréciation de ce qu'on désigne aujourd'hui par "valeurs ", est le délitement intèrieur que ces bouleversements ont généré au cœur de notre société .


Ceci est d'ailleurs frappant: les deux femmes , la fille et la maîtresse cachée , en sont le plus évident exemple , chacune d'un égoïsme plus ou moins inconscient , camouflé en "droit à", alors que les deux hommes , l'un habité du souvenir , de la fidélité , du respect d'autrui , de la tradition, et le plus jeune n'en ayant pas reçu le message, mais le devinant , possèdent une densité humaine qu'elles ont perdue .

Le couple Delon père-fille , sur scène comme dans la vie , donne aux échanges verbaux un naturel vivifiant , tout en fraicheur pour Anouchka , cependant qu'Elisa Servier apporte sa beauté et sa finesse au portrait ambigü de la femme peintre .Le jeune Julien Dereims confère à son personnage une cocasserie touchante : c'est lui , au fond , le plus sensible au drame vécu par le père . Alain Delon ,dès les premières répliques , incarne avec vérité cet homme , intelligent dans sa cuirasse , méconnu et blessé , sensible et pudique , réservé mais souvent percutant , et les sanglots qu'il laisse échapper une fois la demeure vide , sont bouleversants.


En ce temps où les metteurs en scène cherchent la provocation*, le scandale , et non servir l'authenticité des faits et des caractères , saluons la prestation de Jean Luc Moreau et les décors élégants d'une pièce que Molière n'aurait pas reniée .

FBR vendredi 13 décembre 2013

* CF Aida de Verdi , Opera Bastille , récidive d'O.Py

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